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Incertitudes sur la gestion de la transition en Tunisie

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  • Incertitudes sur la gestion de la transition en Tunisie

    Après plus de 23 ans à la tête de la Tunisie, Zine El Abidine Ben Ali a quitté le pouvoir, vendredi 24 janvier, poussé à la sortie par la rue. Le premier ministre Mohamed Ghanouchi a pris l’intérim du pouvoir. La Constitution prévoit certes cette solution. Mais elle en prévoit également une autre : confier l’intérim au président du Parlement et organiser des élections présidentielles dans un délai de 40 jours.

    Aujourd’hui, la Tunisie s’est certes débarrassée du président Ben Ali. Mais le pays reste entre les mains du même système alors que la rue a exprimé l’exigence d’un changement radical à la tête du pays. L’armée a réussi une transition en douceur, évitant au pays de sombrer dans le chaos. Mais ce choix suscite déjà des inquiétudes parmi l’opposition tunisienne, d’autant que le président par intérim n’a fixé aucun calendrier pour l’organisation de la transition.

    Pourquoi l’armée qui semble avoir joué un rôle de premier rang dans ce changement à la tête de l’un des pays les plus fermés du Maghreb et du monde arabe a-t-elle opté pour une telle solution ?

    Plusieurs éléments peuvent expliquer un tel choix des militaires tunisiens. Le plus optimiste est que la Tunisie, après plus de 50 ans de dictature, n’est pas prête pour des élections anticipées dans 40 jours. Organiser des présidentielles dans un délai aussi court pourrait profiter aux islamistes qu’on dit mieux organisés au sein de la société tunisienne. Une option que les militaires veulent à tout prix éviter.

    Mais il y a une explication plus pessimiste à ce choix. Face à la colère de la rue, le système tunisien chercherait à gagner du temps. Il a certes « sacrifié » le président Ben Ali, même s’il lui offre, à lui et à sa famille, une porte de sortie inespérée en les autorisant à quitter le pays. Avec les fortunes que le clan Ben Ali a amassées ces dernières années, l’exil ne risque pas d’être trop douloureux. Mais le président Ben Ali a‑til été sacrifié pour sauver la Tunisie ou uniquement le régime ? Les propos du président par intérim, Mohamed Ghanouchi, laissent planer de sérieux doutes sur ce point. Il a parlé d’une « vacance momentanée » du pouvoir et n’a fixé aucun calendrier pour la gestion de la transition annoncée.

    La rue tunisienne a payé très cher ces changements, avec au moins 70 personnes tuées durant les manifestations. Va‑t‑elle cautionner ce changement de façade ou reprendra‑t‑elle l’initiative pour exiger un réel changement ? Une chose est sûre : le départ de Ben Ali ne met pas fin aux causes de la révolte des Tunisiens. Les 72 heures à venir risquent d’être déterminantes pour l’avenir de la Tunisie. Une agence de notation financière vient de dégrader la note de la Tunisie tandis que les tours‑opérateurs occidentaux ont annulé tous leurs vols et voyages prévus dans les prochains jours.

    L’armée tunisienne a décrété l’état d’urgence dans tout le pays et instauré un couvre‑feu à Tunis. Signe que le « nouveau » pouvoir se méfie toujours de la rue.

    TSA
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