"Les tentatives de Washington pour assurer par la force militaire la sécurité et la stabilité en Irak ont échoué. Les attentats et les fusils des réprouvés ont eu raison de la première puissance mondiale", souligne le journal dans son éditorial
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Condoleezza Rice et son homologue britannique Jack Straw s'étaient rendus à Bagdad pour presser les factions irakiennes de former un gouvernement. En vain. La presse internationale constate l'échec de la diplomatie des envahisseurs.
La visite surprise de la secrétaire d'Etat américaine Condoleezza Rice et de son homologue britannique Jack Straw, dimanche 2 avril à Bagdad, "a instantanément confirmé à quel point ils étaient déconnectés des réalités irakiennes", estime The Independent dans un éditorial. Les Etats-Unis et le Royaume-Uni appellent en effet à la formation d'un gouvernement d'union nationale, tout en se gardant de prendre clairement parti dans la dispute sur le choix d'un Premier ministre, alors que l'opposition à la candidature du chiite Ibrahim Al-Jaafari touche désormais son propre camp.
Mais, "même si ce dernier est remplacé par un autre candidat plus apprécié par les Américains et les Britanniques, la nouvelle administration irakienne, quel que soit son dirigeant, ne sera ni nationale, ni unie, ni même quelque chose s'apparentant à un gouvernement. En réalité, l'Irak n'existe plus", affirme le journal de gauche britannique. Selon les chiffres avancés par l'armée américaine, les attaques sectaires auraient fait 1 313 morts durant le mois de mars. En fait, les tueries opposant chiites et sunnites feraient plus de 100 morts par jour, signale The Independent.
Dans ce contexte, "l'appel de Condoleezza Rice à la désignation d''un dirigeant fort', capable d'unir les Irakiens, est absurde. Il n'y a plus d'Irak stable qu'il faudrait diriger." Les membres de l'armée et de la police font allégeance à leurs communautés respectives – chiite, sunnite ou kurde – et non au gouvernement, poursuit le journal. Et de citer encore Rice demandant "la fin du règne des milices", alors que ces dernières montent en puissance et renforcent leur armement. "Le prix du fusil d'assaut AK-47 a fait un bond le mois dernier, passant de 112 dollars à 290 dollars (240 euros)."
De son côté, le Washington Post se réjouit de la visite de Condoleezza Rice à Bagdad. "Cinq mois après sa dernière visite, elle est de retour dans la Zone verte, accompagnée par le ministre britannique des Affaires étrangères, Jack Straw. Elle a délivré un message signifiant aux Irakiens que, si la vacance du pouvoir devait persister, la spirale de la violence deviendrait incontrôlable." Mais le quotidien américain change aussitôt de ton pour relever que, après le départ de Condoleezza Rice et de Jack Straw, "il n'y a toujours pas de signe indiquant une issue à l'impasse concernant le choix d'un Premier ministre".
Al-Jaafari, qui bénéficie du soutien de l'imam chiite radical Moqtada Al-Sadr, refuse de se désister, et l'Alliance unifiée irakienne – la coalition chiite qui a remporté les élections du 15 décembre 2005 – n'a pas prévu son remplacement. "Il est d'ailleurs à craindre qu'une division dans les rangs des chiites ne dégénère en affrontements sanglants." Finalement, Condoleezza Rice et Jack Straw ont terminé leur visite sans obtenir de résultats concrets, et "avec le secret espoir que le grand ayatollah Ali Al-Sistani usera de son autorité pour mettre un terme à cette lutte pour le pouvoir".
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