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Maroc:Sahara : qu'est-ce qui fait courrir Guejmoula

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  • Maroc:Sahara : qu'est-ce qui fait courrir Guejmoula

    Par Mohammed Boudarham
    Sahara. Qu’est-ce qui fait courir Guejmoula ?

    La députée du PPS a déjà défrayé la chronique plusieurs fois. (TNIOUNI)



    En pleine crise de Laâyoune, les déclarations de la députée s
    ahraouie Guejmoula Bent Abbi ont créé la polémique. Retour sur le parcours d’une femme politique qui n’a pas la langue
    dans sa poche.



    Après les évènements sanglants de Laâyoune, aucun homme politique n’a osé contester la version officielle. A savoir que les instigateurs des troubles étaient à la solde de l’ennemi et que les seules victimes du 8 novembre étaient des membres des forces de l’ordre. Une femme, la

    députée sahraouie Guejmoula Bent Abbi, a néanmoins osé aller à contre-courant du consensus, quitte à s’attirer les foudres d’une partie de l’opinion publique, et même de certains membres dirigeants de son parti, le PPS.

    Contre vents et marées
    Au lendemain du “lundi noir”, Guejmoula Bent Abbi est approchée par la presse espagnole pour commenter les événements. Dans ses déclarations, notamment au journal de gauche Publico, cette native de Smara affirme que les forces de l’ordre sont intervenues avec violence lors du démantèlement du camp d’Agdim Izik, puis à Laâyoune. Selon ses propos, des arrestations abusives ont eu lieu et des biens de citoyens sahraouis ont été vandalisés par des “Marocains du Nord”, sous le regard de policiers passifs. La levée de boucliers ne tarde pas. Au PPS, une centaine de militants signent une pétition pour demander son exclusion.
    Le parti de Nabil Benabdellah est d’autant plus dans l’embarras qu’il est membre de la majorité gouvernementale et que l’un de ses deux ministres, Khalid Naciri, est le porte-parole du gouvernement. “Certains milieux, relayés par une partie de la presse, ont essayé de nuire à notre parti sur la base des déclarations de notre camarade Guejmoula”, clame un responsable du PPS. Dans les médias, les héritiers de Ali Yata tentent de sauver la face en affirmant que les propos de la députée n’engagent qu’elle seule. Ce n’est que plus tard que Guejmoula Bent Abbi expliquera que ses déclarations étaient basées sur les plaintes que des citoyens sahraouis lui avaient adressées en sa qualité de députée. Elle précise surtout que ses déclarations à la presse espagnole étaient antérieures à la diffusion de la vidéo montrant des éléments des forces de l’ordre se faire égorger à Agdim Izik et à Laâyoune.

    Une femme contrariée

    “Guejmoula Bent Abbi n’a pas apprécié la tournure des événements et surtout d’avoir été, du jour au lendemain, mise à l’écart dans la gestion de la crise de Laâyoune”, analyse ce membre du Corcas, dont la députée est également membre. Dès le début de la crise, Guejmoula Bent Abbi faisait partie du cercle restreint des responsables qui ont négocié le démantèlement du camp d’Agdim Izik, sur la demande expresse du ministre de l’Intérieur lui-même. Ayant pris part aux interminables rencontres pour désamorcer la crise, elle aurait mal vécu de ne pas être informée de l’imminente intervention des forces de l’ordre dans le camp.
    Ce n’est pas la première fois que Guejmoula Bent Abbi s’emporte. A maintes reprises, elle a défrayé la chronique en dénonçant la politique menée par l’Etat envers les Sahraouis, mais aussi envers les ralliés. Elle n’hésite pas à clamer haut et fort que les autorités ont failli sur les volets “emploi” et “logement”. Quant aux ralliés, elle estime qu’il ne rimait à rien d’octroyer un logement de luxe à Rabat et un salaire mensuel à d’anciens cadres du Polisario qui n’ont été d’aucun apport à la défense de la “cause nationale”. Guejmoula Bent Abbi défie surtout ses détracteurs de prouver qu’elle a tiré un quelconque avantage de son ralliement au Maroc, elle qui a sillonné une bonne partie des capitales mondiales pour s’attaquer au Polisario. Une structure qu’elle connaît très bien puisqu’elle a fait partie de sa direction. L’histoire retiendra d’ailleurs que Guejmoula Bent Abbi, présidente de l’Union des femmes sahraouies et membre du bureau politique du Polisario, a subi avec sa famille les foudres des dirigeants séparatistes lors des événements de 1988 à Tindouf. Trois ans plus tard, la fille du R’guibi Abbi Ould Mohamed El Mahdi réussit à atterrir à Madrid où elle incendie le Polisario et son mode de fonctionnement. C’était le 12 novembre 1991. Trois jours plus tard, elle arrive au Maroc. Depuis, elle est devenue la plus célèbre responsable féminine du Polisario à avoir claqué la porte et regagné la “mère patrie”.

    Me débiner ? Jamais !



    Après ses déclarations peu “orthodoxes”, Guejmoula Bent Abbi n’a pas cherché à se faire oublier. La tête haute, drapée dans sa mlehfa de toujours, elle se présente comme d’habitude au parlement, serre des mains et fournit des explications à ceux qui la sollicitent. Le 18 décembre, une autre épreuve l’attend : s’expliquer devant ses camarades réunis en comité central à Bouznika. Saïd Saâdi, ancien ministre et membre du bureau politique du PPS, prend la parole pendant 10 minutes pour critiquer ses déclarations et réclamer sa tête. La députée sahraouie prend son temps, soit 40 minutes, pour se défendre sans rien céder sur l’essentiel. La direction de son parti fait bloc derrière elle. En substance, le PPS estime que les déclarations de sa députée ne s’inscrivent en rien contre le “consensus national” autour de la question du Sahara. “Nous avons passé cette épreuve et nos détracteurs devraient trouver autre chose de plus sérieux pour nous attaquer”, explique un membre de la direction du PPS. Il faut dire que le parti de Nabil Benabdellah compte, depuis quelques années, sur sa députée pour s’implanter au Sahara. “Elle nous aide énormément à suivre l’évolution de la situation dans les régions du Sud et c’est une femme travailleuse et responsable”, affirme notre interlocuteur.
    Issue de la puissante tribu des R’guibat, Guejmoula Bent Abbi estime ne pas avoir bénéficié des égards réservés aux autres célèbres ralliés. Mariée à un descendant de Cheikh Mae El Aïnine, elle dit préférer le travail de terrain, mais ne s’interdit pas de s’attirer les feux de la rampe. La cinquantaine, cette mère de six enfants n’est pas près de faire des concessions. Ni face à l’Etat, dont elle ne s’interdit pas de critiquer la gestion du dossier du Sahara, ni face au Polisario, qu’elle critique tout aussi ouvertement.

    Politique. Premières loges, sinon rien
    Quand Guejmoula Bent Abbi rejoint le Mouvement populaire (MP) de Mohand Laenser en 2001, ce n’est pas pour faire de la figuration. Nommée d’entrée de jeu membre du bureau politique, elle est appelée, en septembre 2002, à diriger la liste nationale (féminine) de ce parti. Au grand dam des “anciennes” Harakies, qui le font d’ailleurs savoir. Se sentant à l’étroit au MP, elle claque la porte et rejoint le PPS en 2006. Avec succès : 344 des 370 membres du comité central votent pour elle et lui octroient un siège au bureau politique. Lors des élections législatives de 2007, elle fait encore des mécontentes. Guejmoula Bent Abbi est choisie pour figurer en tête de la liste nationale du PPS à la place de Nouzha Skalli, qui décidera de se retirer en guise de protestation.

    TelQuel
    " Celui qui passe devant une glace sans se reconnaitre, est capable de se calomnier sans s'en apercevoir "
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