Au lendemain de la chute de Ben Ali, quelque 8000 Tunisiens, Franco-tunisiens, Français ou Algériens, ont manifesté ce samedi à Paris. Pour exprimer leur fierté et leur joie surtout, leurs inquiétudes aussi.
Une heure avant le rendez-vous, fixé à 14 heures, la place de la République à Paris résonne déjà de l'hymne national tunisien. «Ô défenseurs de la nation! Donnons ses lettres de gloire à notre temps! Dans nos veines le sang a tonné: mourrons, mourrons, pour que vive la patrie!»
Le chant est repris, rechanté, ré-entonné, et encore rechanté dans le cortège du rassemblement de solidarité avec les Tunisiens, prévu depuis plusieurs jours. Les Tunisiens de France, les vieux, les jeunes, les enfants, les femmes, se soûlent de ces paroles, au lendemain de la chute de Ben Ali, le dictateur honni. Le drapeau national blanc et rouge est légion.
«Je suis heureuse et ravie qu'un pays ait pu, par la force de son peuple, remplacer le pouvoir dictatorial, et sans intervention de l'étranger, c'est très important. J'espère que ça sera pareil dans les autres pays arabes» se réjouit surtout Dounia, 32 ans, algérienne. Elle n'était d'ailleurs pas la seule dans le cortège. Le drapeau du pays voisin a aussi flotté sur la statue de la place de la République, aux côtés de celui de la Tunisie et d'une banderole proclamant un «Maghreb united». Entendu dans la foule, une mère à sa petite fille: «Ils manifestent parce qu'ils ont renvoyé leur dictateur, mais en Algérie, ça va arriver aussi.»
«J'ai l'impression d'être né aujourd'hui»
«C'est aujourd'hui l'indépendance, pas en 1956. J'ai 71 ans, et j'ai l'impression d'être né aujourd'hui», lâche Mahmed, très ému. Emus également Kamel et Ali, 49 ans: «Tous les deux, nous avons participé aux émeutes du début des années 1980, dans les lycées et les universités. C'étaient les prémices. Aujourd'hui, c'est aussi la victoire de notre génération. J'espère qu'on va assister à un pays merveilleux. J'espère qu'on va y contribuer, avec notre double culture, avec les réflexes démocratiques que nous avons appris ici, en les inculquant à nos enfants», explique Ali, l'une de ses deux petites filles sur les épaules.
Fier, heureux, Kamel l'est aussi. Mais il lance un appel: «Il faut nous aider. La mafia de Ben Ali est en train de tout brûler et casser en Tunisie. Le peuple tunisien est pacifique, il sait ce qu'il veut. Il n'est pas tombé dans les pièges qui lui ont été tendus. Cette révolution est magnifique, historique, on tient à cela».
Même souci de l'avenir chez D., 33 ans, en France depuis 2005. «La jeunesse est éduquée, diplômée. Mais le défi est grand: il faut organiser cette capacité du peuple tunisien, reconstruire le pays de façon démocratique, partager les richesses», souligne-t-il. Le jeune homme explique comment sa famille a été mise à l'écart par le régime Ben Ali. «Mon frère était dans l'armée, il en a été écarté au début des années 1990. Ma famille n'a pas le droit d'accéder à la fonction publique».
«Ben Ali a pourri tout le monde»
La colère est bien palpable aussi chez Mohamed. «Moi je connais un flic, petit comme ça. Dans sa ville, tout le monde a peur de lui. Ben Ali a pourri tout le monde.» Et le jeune homme d'exprimer son inquiétude pour sa famille, qui habite la banlieue nord de Tunis: «Il y a des bandes qui saccagent tout, c'est la guerre civile, les gens sont devenus des animaux».
Les manifestants réclament que les membres du régime Ben Ali quittent le pouvoir. «RDC dégage», en langage de pancarte, RDC étant le parti de Ben Ali. Ils demandent que justice soit faite. «Tout le peuple veut qu'il aille en justice, lui et sa famille», s'emporte un jeune homme.
«Ben Ali assassin, Sarkozy complice»
Quant à l'attitude du gouvernement français, les réactions divergent. Mahmed dit sa fierté d'être français. «J'étais à l'aéroport du Bourget, hier soir, pour attendre Ben Ali. Je suis fier que mon pays n'ait finalement pas accueilli ce dictateur». «Ben Ali assassin, Sarkozy complice», peut-on lire ou entendre ça et là. «MAM, tu n'es pas la bienvenue en Tunisie», lâche un autre.
Libération.fr
Une heure avant le rendez-vous, fixé à 14 heures, la place de la République à Paris résonne déjà de l'hymne national tunisien. «Ô défenseurs de la nation! Donnons ses lettres de gloire à notre temps! Dans nos veines le sang a tonné: mourrons, mourrons, pour que vive la patrie!»
Le chant est repris, rechanté, ré-entonné, et encore rechanté dans le cortège du rassemblement de solidarité avec les Tunisiens, prévu depuis plusieurs jours. Les Tunisiens de France, les vieux, les jeunes, les enfants, les femmes, se soûlent de ces paroles, au lendemain de la chute de Ben Ali, le dictateur honni. Le drapeau national blanc et rouge est légion.
«Je suis heureuse et ravie qu'un pays ait pu, par la force de son peuple, remplacer le pouvoir dictatorial, et sans intervention de l'étranger, c'est très important. J'espère que ça sera pareil dans les autres pays arabes» se réjouit surtout Dounia, 32 ans, algérienne. Elle n'était d'ailleurs pas la seule dans le cortège. Le drapeau du pays voisin a aussi flotté sur la statue de la place de la République, aux côtés de celui de la Tunisie et d'une banderole proclamant un «Maghreb united». Entendu dans la foule, une mère à sa petite fille: «Ils manifestent parce qu'ils ont renvoyé leur dictateur, mais en Algérie, ça va arriver aussi.»
«J'ai l'impression d'être né aujourd'hui»
«C'est aujourd'hui l'indépendance, pas en 1956. J'ai 71 ans, et j'ai l'impression d'être né aujourd'hui», lâche Mahmed, très ému. Emus également Kamel et Ali, 49 ans: «Tous les deux, nous avons participé aux émeutes du début des années 1980, dans les lycées et les universités. C'étaient les prémices. Aujourd'hui, c'est aussi la victoire de notre génération. J'espère qu'on va assister à un pays merveilleux. J'espère qu'on va y contribuer, avec notre double culture, avec les réflexes démocratiques que nous avons appris ici, en les inculquant à nos enfants», explique Ali, l'une de ses deux petites filles sur les épaules.
Fier, heureux, Kamel l'est aussi. Mais il lance un appel: «Il faut nous aider. La mafia de Ben Ali est en train de tout brûler et casser en Tunisie. Le peuple tunisien est pacifique, il sait ce qu'il veut. Il n'est pas tombé dans les pièges qui lui ont été tendus. Cette révolution est magnifique, historique, on tient à cela».
Même souci de l'avenir chez D., 33 ans, en France depuis 2005. «La jeunesse est éduquée, diplômée. Mais le défi est grand: il faut organiser cette capacité du peuple tunisien, reconstruire le pays de façon démocratique, partager les richesses», souligne-t-il. Le jeune homme explique comment sa famille a été mise à l'écart par le régime Ben Ali. «Mon frère était dans l'armée, il en a été écarté au début des années 1990. Ma famille n'a pas le droit d'accéder à la fonction publique».
«Ben Ali a pourri tout le monde»
La colère est bien palpable aussi chez Mohamed. «Moi je connais un flic, petit comme ça. Dans sa ville, tout le monde a peur de lui. Ben Ali a pourri tout le monde.» Et le jeune homme d'exprimer son inquiétude pour sa famille, qui habite la banlieue nord de Tunis: «Il y a des bandes qui saccagent tout, c'est la guerre civile, les gens sont devenus des animaux».
Les manifestants réclament que les membres du régime Ben Ali quittent le pouvoir. «RDC dégage», en langage de pancarte, RDC étant le parti de Ben Ali. Ils demandent que justice soit faite. «Tout le peuple veut qu'il aille en justice, lui et sa famille», s'emporte un jeune homme.
«Ben Ali assassin, Sarkozy complice»
Quant à l'attitude du gouvernement français, les réactions divergent. Mahmed dit sa fierté d'être français. «J'étais à l'aéroport du Bourget, hier soir, pour attendre Ben Ali. Je suis fier que mon pays n'ait finalement pas accueilli ce dictateur». «Ben Ali assassin, Sarkozy complice», peut-on lire ou entendre ça et là. «MAM, tu n'es pas la bienvenue en Tunisie», lâche un autre.
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