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Commission d’enquête sur les évènements de Laâyoune Le rapport épingle la gouvernance locale

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  • Commission d’enquête sur les évènements de Laâyoune Le rapport épingle la gouvernance locale

    Commission d’enquête sur les évènements de Laâyoune
    Le rapport épingle la gouvernance locale



    Distribution de privilèges selon le clientélisme et le népotisme
    Apparition d’un puissant lobby qui touche les intérêts de l’Etat
    Culture de rente et d’assistanat chez des ONG


    Une première dans les annales du Parlement. Le rapport de la commission d’enquête sur les événements de Laâyoune a été mis, jeudi dernier, en ligne sur le site du ministère des Relations avec le Parlement. Le but étant de permettre un large accès aux différentes conclusions. Un bon exercice de transparence.

    Dans tous les cas, ce rapport lève le voile sur bien des aspects méconnus dans la gouvernance des provinces du sud. Les auteurs du document, de 66 pages et pas moins de 13 annexes, montrent nombre de dysfonctionnements qui expliquent en partie les évènements du 8 novembre dernier. Le rapport épingle le désaccord entre le wali et le président du conseil municipal de Laâyoune dans l’interprétation des attributions pour traiter la crise sociale au lieu de rechercher la meilleure coordination pour la désamorcer.

    La politique d’investissement de l’Etat a négligé un accompagnement en ressources humaines au sein de l’administration locale. Cette faiblesse s’est aggravée lorsque les intérêts de certains services administratifs locaux ont coïncidé avec ceux de certains élus locaux et de notables. Résultat: les projets d’investissements sont déviés de leurs objectifs initiaux. Désormais, ils serviront des intérêts particuliers via des canaux de clientélisme et de népotisme, au lieu de converger vers l’intérêt général. Il ne faut pas s’étonner si les budgets des conseils municipaux, les programmes d’entraide nationale, les logements sociaux, la promotion des investissements et les subventions des produits alimentaires et énergétiques étaient mis au service d’élites politiques au lieu de servir le développement.

    Selon les rédacteurs du rapport, les investissements publics sont orientés vers les infrastructures de base. Les programmes culturels et économiques pour les jeunes sont faibles. Entre 2004 et 2010, sur les projets financés par l’Etat et l’Agence du développement du sud, 11,7 milliards de DH ont été engloutis dans ces infrastructures. Les activités génératrices de revenus et les initiatives privées n’ont canalisé que 1 milliard de DH. Selon les indicateurs, la dépense publique par habitant tourne autour de 12.820 DH alors qu’elle atteint à peine 5.820 DH au niveau national. La population de Laâyoune s’approche de 230.000 habitants sur un total de 314.000 personnes pour l’ensemble de la région dont la plupart sont des jeunes.
    Malgré l’amélioration des indicateurs économiques, le climat social dans cette région reste tendu. On assiste de temps à autre à des manifestations dont celles qui ont abouti aux évènements du 8 novembre.

    Pour éclairer l’opinion publique, le rapport s’est arrêté sur la nature de la gouvernance locale. Le document fait apparaître que la répartition inéquitable des privilèges et la démission de l’administration territoriale de sa responsabilité dans la gestion de plusieurs dossiers ont conduit à l’apparition d’un puissant lobby. Une ex-croissance qui touche les intérêts de l’Etat et engendre un climat de tension sociale qui alimente le sentiment d’injustice et de marginalisation au sein de larges couches de la population, indique le rapport.

    Le document enfonce le clou en affirmant que l’octroi de privilèges a généré une culture de rente et d’assistanat au sein d’une partie des ONG qui sert les intérêts de certaines élites, sans relation avec le travail associatif.

    Ces pratiques ont abouti à l’émergence d’un phénomène négatif: la culture des privilèges et du chantage au point que même l’Etat n’a pas été épargné via une amplification du phénomène séparatiste, note le rapport. «Certains leaders ont exploité cette obsession séparatiste comme moyen pour s’enrichir et accéder aux responsabilités. Ils se sont ainsi rapprochés des centres de décision au sein de l’Etat et des partis politiques», est-il indiqué. Pour les auteurs du rapport, la production des élites sur la base d’intérêts personnels a provoqué un grand dommage au projet national. Ces comportements ont permis à un groupe de bénéficiaires de s’ériger en leaders en s’appuyant sur la tribu comme outil pour défier la patrie au lieu d’en être un appui.

    Sur un autre plan, la commission a recommandé à l’Etat d’ouvrir des enquêtes sur plusieurs dysfonctionnements constatés. C’est le cas de la responsabilité d’avoir laissé installer et grossir le campement de Gdim Ezik sans intervention. D’autres secteurs sont concernés: l’habitat, la gestion des domaines publics, l’Entraide nationale, les privilèges de la pêche et les subventions des produits alimentaires et énergétiques.

    Mohamed CHAOUI

    L'économiste
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