Un jeune businessman tunisien fait son entrée à la Bourse de Casablanca. Mais pas n’importe lequel. Portrait.
Désormais, les boursicoteurs marocains pourront acquérir et échanger les actions d’une société étrangère. C’est la première fois dans l’histoire récente de la place de Casablanca qu’une compagnie non-marocaine s’y introduit donc : Ennakl de son nom, une société tunisienne qui a choisi de coter 10% de son capital à Casablanca, en même temps que 30% sur la place de Tunis. Les dirigeants et professionnels de la finance marocaine ne peuvent s’empêcher de cacher leur joie. Mohammed Kettani, PDG d’Attijariwafa bank dont les équipes pilotent l’opération d’introduction, s’est félicité de «la symbolique» de cette cotation, «signe d’un début d’intégration économique pour les pays du Maghreb». La valeur des 10% s’élèvera à quelque 200 millions de dirhams, et permettra plus de visibilité pour l’enseigne, selon le management d’Ennakl. Mais Ennakl reste une compagnie avec un cheminement qui retient l’attention. Aupravant, c’était le concessionnaire automobile appartenant à 100% à l’Etat tunisien. Mohamed Sakher El Materi, âgé de 30 ans, est le président actuel d’Ennakl. Il fit sa fortune personnelle en 2005, un an après avoir épousé Nesrine Ben Ali, l’une des filles du président tunisien.
L’ascension
En 2005, il emprunte des fonds à la Banque du Sud pour acquérir 16% du capital du même établissement. Attijariwafa Bank et Banco Santander avaient alors des vues sur la banque tunisienne, qui sera rebaptisée par la suite Attijari Tunisie. Banco Santander rachète les parts de Sakher El Materi, à forte plus-value. Pour le reste du capital de la banque, l’Etat a offert aux nouveaux acquéreurs une décote du prix de 25%. Sakher El Materi devient alors administrateur d’Attijari Tunisie. Le jeune businessman pouvait prendre son envol. C’est alors que l’annonce de la privatisation du distributeur automobile public Ennakl est faite. Sakher El Materi décroche alors l’appel d’offres contre 20 millions de dinars tunisiens (200MDH). Mohamed Sakher El Materi est désormais à la tête d’un groupe industriel, qu’il baptisera «Princesse El Materi holding». Le groupe a rapidement obtenu plusieurs marchés, souvent publics, comme la gestion des activités de croisière du port de la Goulette, pas loin de Tunis. Avec son diplôme Bac+2 obtenu à Bruxelles, personne ne prédisait un avenir aussi exceptionnel à Sakher El Materi. «C’est l’homme qui compte aujourd’hui en Tunisie» explique, sous couvert d’anonymat, un journaliste tunisien. Sakher Materi milite au sein du parti présidentiel, le Rassemblement constitutionnel démocratique (RCD). Il est membre de sa direction. Sous les couleurs du RCD, il devient d’ailleurs député en 2009, incarnant la nouvelle «génération Ben Ali». Après le business et la politique, Mohamed Sakher El Materi, met le cap sur les médias. Il commence alors par créer une radio, symbole de l’Islam d’Etat, Radio Zitouna. La radio religieuse privée connait vite un immense succès. De la même manière, il se lance dans l’audiovisuel. Zitouna TV est née. Dans la foulée, Princesse holding acquiert Dar Assabah, qui édite le journal Assabah, le journal officiel de l’Etat tunisien.La finance islamique est également considérée comme une niche par les Sakher El Materi. Mohamed y met quelques 30 millions de dinars (300MDH) pour lancer sa propre banque, la Banque commerciale Zitouna, qui fournira des services et des produits bancaires alternatifs. Business, politique, médias… Bienvenue à Mohamed Shaker El Materi à la Bourse de Casablanca !
Omar Radi
le temps du 07.09.2010
Désormais, les boursicoteurs marocains pourront acquérir et échanger les actions d’une société étrangère. C’est la première fois dans l’histoire récente de la place de Casablanca qu’une compagnie non-marocaine s’y introduit donc : Ennakl de son nom, une société tunisienne qui a choisi de coter 10% de son capital à Casablanca, en même temps que 30% sur la place de Tunis. Les dirigeants et professionnels de la finance marocaine ne peuvent s’empêcher de cacher leur joie. Mohammed Kettani, PDG d’Attijariwafa bank dont les équipes pilotent l’opération d’introduction, s’est félicité de «la symbolique» de cette cotation, «signe d’un début d’intégration économique pour les pays du Maghreb». La valeur des 10% s’élèvera à quelque 200 millions de dirhams, et permettra plus de visibilité pour l’enseigne, selon le management d’Ennakl. Mais Ennakl reste une compagnie avec un cheminement qui retient l’attention. Aupravant, c’était le concessionnaire automobile appartenant à 100% à l’Etat tunisien. Mohamed Sakher El Materi, âgé de 30 ans, est le président actuel d’Ennakl. Il fit sa fortune personnelle en 2005, un an après avoir épousé Nesrine Ben Ali, l’une des filles du président tunisien.
L’ascension
En 2005, il emprunte des fonds à la Banque du Sud pour acquérir 16% du capital du même établissement. Attijariwafa Bank et Banco Santander avaient alors des vues sur la banque tunisienne, qui sera rebaptisée par la suite Attijari Tunisie. Banco Santander rachète les parts de Sakher El Materi, à forte plus-value. Pour le reste du capital de la banque, l’Etat a offert aux nouveaux acquéreurs une décote du prix de 25%. Sakher El Materi devient alors administrateur d’Attijari Tunisie. Le jeune businessman pouvait prendre son envol. C’est alors que l’annonce de la privatisation du distributeur automobile public Ennakl est faite. Sakher El Materi décroche alors l’appel d’offres contre 20 millions de dinars tunisiens (200MDH). Mohamed Sakher El Materi est désormais à la tête d’un groupe industriel, qu’il baptisera «Princesse El Materi holding». Le groupe a rapidement obtenu plusieurs marchés, souvent publics, comme la gestion des activités de croisière du port de la Goulette, pas loin de Tunis. Avec son diplôme Bac+2 obtenu à Bruxelles, personne ne prédisait un avenir aussi exceptionnel à Sakher El Materi. «C’est l’homme qui compte aujourd’hui en Tunisie» explique, sous couvert d’anonymat, un journaliste tunisien. Sakher Materi milite au sein du parti présidentiel, le Rassemblement constitutionnel démocratique (RCD). Il est membre de sa direction. Sous les couleurs du RCD, il devient d’ailleurs député en 2009, incarnant la nouvelle «génération Ben Ali». Après le business et la politique, Mohamed Sakher El Materi, met le cap sur les médias. Il commence alors par créer une radio, symbole de l’Islam d’Etat, Radio Zitouna. La radio religieuse privée connait vite un immense succès. De la même manière, il se lance dans l’audiovisuel. Zitouna TV est née. Dans la foulée, Princesse holding acquiert Dar Assabah, qui édite le journal Assabah, le journal officiel de l’Etat tunisien.La finance islamique est également considérée comme une niche par les Sakher El Materi. Mohamed y met quelques 30 millions de dinars (300MDH) pour lancer sa propre banque, la Banque commerciale Zitouna, qui fournira des services et des produits bancaires alternatifs. Business, politique, médias… Bienvenue à Mohamed Shaker El Materi à la Bourse de Casablanca !
Omar Radi
le temps du 07.09.2010
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