Le Premier ministre tunisien, Mohamed Ghannouchi, a rendu publique, hier dans l’après-midi, la composante de son gouvernement «d’union nationale» qui devrait gérer la transition politique. Un gouvernement largement dominé par le RCD du président déchu Zine El Abidine Ben Ali !
Kamel Amarni - Alger (Le Soir) - Le Rassemblement constitutionnel démocratique, qui écrasait la scène politique sous Ben Ali, s’en sort donc sans perte significative en gardant les postes-clés qui comptent, notamment dans l’organisation de toute élection. Outre le poste de Premier ministre (et du président par intérim), le RCD garde six portefeuilles ministériels des plus stratégiques, particulièrement les ministères de l’Intérieur et des Affaires étrangères ainsi que celui qui a pris une nouvelle dimension depuis vendredi dernier, la Défense nationale. Avec les titulaires en plus, sous Ben Ali ! L’opposition sera, elle, réduite au rang de figurant, tout juste bonne à donner une justification à la dénomination «d’union nationale». C’est ainsi que trois partis d’opposition s’y retrouvent représentés par un ministre chacun : Nejb Chedib, ministre du Développement régional pour le Parti démocratique progressiste, Ahmed Ibrahim, ministre de l’Enseignement supérieur et de la Recherche scientifique pour le mouvement la Renaissance, et Mustapha Ben Djaffar, ministre de la Santé pour le Front démocratique pour le travail et les libertés. Ghannouchi supprime, par ailleurs, le redoutable ministère de la Communication affirmant que, «désormais, tous les médias sont libres». De même que, dans la foulée de l’annonce de son équipe gouvernementale, il fait quelques gestes de bonne volonté en annonçant la libération de tous les détenus d’opinion, la levée de l’interdiction qui frappait la Ligue tunisienne pour la défense des droits de l’homme et «l’agrément de tout parti politique qui le désire». Est-ce suffisant pour « vendre sa marchandise» ? Le premier candidat annoncé pour la prochaine élection présidentielle en Tunisie, l’opposant historique au régime, Moncef Marzougui, crie, déjà, dès l’annonce du nouveau gouvernement, à «l’arnaque». «La Tunisie méritait beaucoup mieux : 90 morts, quatre semaines de révolution réelle pour aboutir à quoi ? Un gouvernement qui n’a d’union nationale que le nom, parce qu’en réalité, il est composé de membres du parti de la dictature. Je pense que le peuple tunisien ne va pas se laisser faire par cette espèce de mascarade », a-t-il dénoncé, en effet, hier, sur une chaîne française. Une première réaction qui donne, d’ores et déjà, un aperçu de ce que sera la suite. Il faut rappeler qu’avant même l’annonce de la composante du nouvel exécutif, des manifestations ont eu lieu hier matin à Tunis et dans d’autres villes, réclamant tout simplement la non-participation du RCD au prochain gouvernement, voire même sa dissolution. Jusqu’en début de soirée, hier, le calme semblait s’installer, en tout cas comparativement aux folles journées précédentes. Mais un calme précaire et que l’annonce de Ghannouchi pourrait remettre en cause.
K. A.
Kamel Amarni - Alger (Le Soir) - Le Rassemblement constitutionnel démocratique, qui écrasait la scène politique sous Ben Ali, s’en sort donc sans perte significative en gardant les postes-clés qui comptent, notamment dans l’organisation de toute élection. Outre le poste de Premier ministre (et du président par intérim), le RCD garde six portefeuilles ministériels des plus stratégiques, particulièrement les ministères de l’Intérieur et des Affaires étrangères ainsi que celui qui a pris une nouvelle dimension depuis vendredi dernier, la Défense nationale. Avec les titulaires en plus, sous Ben Ali ! L’opposition sera, elle, réduite au rang de figurant, tout juste bonne à donner une justification à la dénomination «d’union nationale». C’est ainsi que trois partis d’opposition s’y retrouvent représentés par un ministre chacun : Nejb Chedib, ministre du Développement régional pour le Parti démocratique progressiste, Ahmed Ibrahim, ministre de l’Enseignement supérieur et de la Recherche scientifique pour le mouvement la Renaissance, et Mustapha Ben Djaffar, ministre de la Santé pour le Front démocratique pour le travail et les libertés. Ghannouchi supprime, par ailleurs, le redoutable ministère de la Communication affirmant que, «désormais, tous les médias sont libres». De même que, dans la foulée de l’annonce de son équipe gouvernementale, il fait quelques gestes de bonne volonté en annonçant la libération de tous les détenus d’opinion, la levée de l’interdiction qui frappait la Ligue tunisienne pour la défense des droits de l’homme et «l’agrément de tout parti politique qui le désire». Est-ce suffisant pour « vendre sa marchandise» ? Le premier candidat annoncé pour la prochaine élection présidentielle en Tunisie, l’opposant historique au régime, Moncef Marzougui, crie, déjà, dès l’annonce du nouveau gouvernement, à «l’arnaque». «La Tunisie méritait beaucoup mieux : 90 morts, quatre semaines de révolution réelle pour aboutir à quoi ? Un gouvernement qui n’a d’union nationale que le nom, parce qu’en réalité, il est composé de membres du parti de la dictature. Je pense que le peuple tunisien ne va pas se laisser faire par cette espèce de mascarade », a-t-il dénoncé, en effet, hier, sur une chaîne française. Une première réaction qui donne, d’ores et déjà, un aperçu de ce que sera la suite. Il faut rappeler qu’avant même l’annonce de la composante du nouvel exécutif, des manifestations ont eu lieu hier matin à Tunis et dans d’autres villes, réclamant tout simplement la non-participation du RCD au prochain gouvernement, voire même sa dissolution. Jusqu’en début de soirée, hier, le calme semblait s’installer, en tout cas comparativement aux folles journées précédentes. Mais un calme précaire et que l’annonce de Ghannouchi pourrait remettre en cause.
K. A.
Commentaire