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Tunisie : Un effet papillon sur le reste du Maghreb ?

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  • Tunisie : Un effet papillon sur le reste du Maghreb ?

    Tunisie : Un effet papillon sur le reste du Maghreb ?


    Depuis les émeutes en Tunisie qui ont conduit le 14 janvier dernier au départ de Zine El Abidine Ben Ali (à la tête du pays pendant 23 ans), une page très importante de l’histoire du pays est en train d’être écrite. Aujourd'hui, que ce soit dans la rue, sur les sites internet, ou dans les médias traditionnels, le débat tourne autour de l'impact sur les autres pays arabes et plus spécifiquement les voisins maghrébins.

    Comme le quotidien francophone algérien El Watan, qui publiait le 16 janvier dernier une caricature représentant la statue de l’ancien président tunisien Ben Ali tombant sur les capitales marocaine et algérienne, de nombreux observateurs s’interrogent sur l’avenir des pays voisins d’Afrique du Nord.
    C’est ainsi que Dominique Moïsi, conseiller spécial à l'Institut français des relations internationales (Ifri), dans une analyse publiée le 17 janvier sur le site du quotidien français Les Echos, s’interroge : « La Tunisie est-elle le premier domino qui est tombé ? La "révolution de jasmin" va-t-elle, par capillarité, gagner tous les pays du Maghreb sinon le monde arabe dans son ensemble ? ». Pour le journaliste marocain El Houssine Majdoubi, (correspondant en Espagne d’Al Quds Al Arabi) ce scénario reste une éventualité à prendre au sérieux.

    Ainsi dans une tribune reprise sur le site du quotidien espagnol El Pais, intitulée « La révolution tunisienne menace les autres régimes du Maghreb et d’Egypte », il explique que : « le soulèvement en Tunisie peut contaminer facilement les autres pays de la zone, le Maroc, la Libye, l’Algérie, l’Egypte, et d’autres comme la Jordanie et le Yémen (…) ». Pour Majdoubi, si le risque de contagion semble si évident, c’est que la situation vécue par les populations de ces pays est la même, dans les grandes lignes : corruption, chômage, répartition inégale des richesses dont les proches du pouvoir semblent les seuls bénéficiaires.

    Le Maroc moins exposé que les autres… à priori

    Si dans sa tribune, Majdoubi voit des similitudes entre les pays arabes et la Tunisie, Moïsi lui, pense qu'il faut différencier la situation de chaque pays. Ainsi pour lui, « le Royaume chérifien (…) apparaîtrait presque comme le plus stable des pays du Maghreb ». Il explique que la stabilité relative du Maroc tient notamment à la légitimité dont dispose le Roi, mais aussi au climat de réformes qui prévaut ces dernières années; la réforme étant pour lui le moyen par excellence de réduire le mécontentement du peuple.

    Comparativement, l’autorité incarnée par les militaires (Algérie, Mauritanie) ou par les « clans et dynasties présidentiels » (Tunisie, Egypte, Libye…) semblent disposer d’un pouvoir moins fédérateur qu’Amir El Mouminine au Maroc. Pour autant, si le roi est le garant de l’unité nationale, le Royaume n’est pas à l’abri des mouvements contestataires. Les récents évènements de Lâayoune en sont la preuve. Le débat prend d’ailleurs de plus en plus d’ampleur sur internet, qui s’est révélé en Tunisie, un outil excellent de mobilisation des consciences.

    Les dirigeants arabes sur le « qui-vive »

    Au moment où l’opinion est partagée entre la joie d’un peuple qui s’est libéré et la crainte de voir le chaos s’installer puis se propager aux Etats voisins, la situation de la Tunisie devrait être le sujet phare des débats lors de la réunion des chefs d’Etat arabes prévue ce mercredi en Egypte. Le quotidien français La Dépêche du Midi (LDM) annonce en effet que la ville Egyptienne de Charm El Cheikh devrait abriter un forum économique des dirigeants de la Ligue arabe.

    Vu qu’il s’agira du premier rassemblement des chefs d’Etat arabes depuis le départ de Ben Ali, éjecté sous la pression du peuple, il devrait certainement être question d’élaborer une vision d’ensemble pour éviter un embrasement au niveau régional. Le chef de la diplomatie koweïtienne a d’ailleurs annoncé la couleur en marge des travaux préparatoires de ce sommet : « Le monde arabe est témoin aujourd'hui de développements et de défis qui touchent à la sécurité nationale (…) Des peuples mènent des insurrections (...) et les citoyens arabes se demandent: est-ce que les régimes arabes actuels peuvent répondre à ces défis de manière dynamique? (…) Les régimes peuvent-ils répondre aux souffrances du citoyen arabe ? » s’est-il interrogé.

    Dans l’Etat actuel des choses, le chemin de la réforme semble la solution privilégiée. C‘est en tout cas dans ce sens que devrait s’orienter le gouvernement tunisien de transition nommé ce lundi. Kamel Morjane, chef de la diplomatie tunisienne, l’a d’ailleurs confirmé à LDM. Plusieurs pays arabes devraient emboiter le pas. El Houssine Majdoubi déclarait déjà ce lundi, qu’au Maroc, en Algérie, Mauritanie, Libye, Yémen et Jordanie, dans la foulée de la révolution de jasmin, les autorités ont annoncé qu’elles maintiendraient les prix des produits de première nécessité à un niveau faible. L’Algérie aurait même annoncé des indemnités pour les diplômés chômeurs.

    Et même si les Etats arabes ne décident pas d'eux-même les changements vers plus de démocratie et de liberté, il est fort à parier que les Etats-Unis mais surtout l'Union Européenne et notamment la France, seront beaucoup plus attentifs à la question des libertés individuelles dans ces pays.

    Yann Ngomo
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