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Les batteries de voitures doivent beaucoup... à la relativité d’Einstein

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  • Les batteries de voitures doivent beaucoup... à la relativité d’Einstein

    Par Laurent Sacco, Futura-Sciences

    Un groupe de physiciens suédois vient de faire une découverte étonnante. Si les batteries au plomb de nos voitures fonctionnent efficacement, c’est en raison des effets relativistes intervenant dans la valeur des niveaux d’énergies des atomes de plomb impliqués dans les réactions électrochimiques.

    Si la relativité générale est essentielle pour le bon fonctionnement de nos GPS, la théorie de la relativité restreinte serait, elle, à l’origine de l’efficacité de la batterie au plomb inventée par le physicien français Gaston Planté en 1859. C’est la conclusion surprenante à laquelle sont arrivés Rajeev Ahuja, Andreas Blomqvist et Peter Larsson de l’Université d’Uppsala, en collaboration avec Pekka Pyykkö et Patryk Zaleski-Ejgierd de l’Université d’Helsinki (toutes les deux en Suède).

    La théorie d’Einstein ne devient pourtant nécessaire que pour des objets se déplaçant à des vitesses proches de celle de la lumière, alors comment peut-elle avoir des implications dans le fonctionnement de ces objets bien ordinaires que sont les éléments de batterie au plomb/acide que l’on met en série ?

    La chimie est quantique

    Pour le comprendre, il faut d’abord se souvenir que l’existence même des atomes, des molécules et des réactions chimiques repose sur les lois de la mécanique quantique et l’équation de la mécanique ondulatoire découverte par Schrödinger. Toute la chimie, de la liaison entre les atomes d’hydrogène et d’oxygène dans une molécule d’eau jusqu’à celle intervenant dans la molécule d’ADN, est en réalité un secteur particulier de la physique quantique.

    C’est ainsi que l’on peut, en théorie du moins, calculer la quantité de chaleur et la quantité d’électricité libérées par les réactions chimiques, ainsi que la différence de potentiel aux bornes d’un élément de batterie électrochimique, à partir de l’équation de Schrödinger.

    En pratique, il faut souvent des ordinateurs, vite dépassés par des situations un peu complexes ou par la nature même de la physique quantique. C’est d’ailleurs pour cela que Richard Feynman a été l'un des pionniers de la notion d’ordinateur quantique, particulièrement adaptés à ce genre de calculs.

    Des électrons relativistes

    Toutefois, les électrons dans les atomes et les molécules se déplacent à des vitesses non négligeables par rapport à la vitesse de la lumière. L’équation d’onde des électrons découverte par Schrödinger ne tenait pas compte des effets relativistes apparaissant alors. Ou plus exactement, il fallait rajouter à la main des termes plus ou moins ad hoc pour introduire des corrections relativistes intervenant dans les calculs des niveaux d’énergies de ces électrons.

    Ces corrections relativistes découlent en réalité de l’équation d’onde relativiste pour un électron, découverte par Paul Dirac. Cette même équation qui lui a fait prédire la découverte de l’antimatière et qui gouverne les positrons générés à l’occasion des flashs gamma terrestres.

    Les physiciens suédois ont comparé la valeur de la différence de potentiel aux bornes de chacun des six éléments d’une batterie au plomb, selon que l’on fasse ou non intervenir la théorie de la relativité d’Einstein dans les calculs quantiques.

    Surprise ! De 80 à 85 % des 2,1 volts aux bornes de ces éléments trouvent précisément leur origine dans l’existence des corrections relativistes !

    Si cette découverte n’a à priori pas d’implications pour construire des batteries plus performantes, par exemple pour des voitures hybrides, elle est intéressante en cette Année internationale de la chimie (AIC).

  • #2
    Les effets relativistes font partie de ces pièges qu'on rencontre souvent dans la modélisation moléculaire. On sait que les électrons présentent un comportement probabiliste, mais on oublie que la vitesse de leur déplacement peut parfois avoir un effet non négligeable sur leurs propriétés. C'est pour ça que j'aime la chimie théorique, il faut bien prendre le temps de se poser toutes les questions possibles et imaginables avant de lancer ses calculs, sinon on tourne en rond.
    L’équation d’onde des électrons découverte par Schrödinger ne tenait pas compte des effets relativistes apparaissant alors
    Il y a eu des développement assez importants depuis oncle Schrod', les modèles tenants compte des cas particuliers (effets relativistes, interactions à grande distance, interaction avec les électrons de coeur, ....) sont développés tous les jours et implémentés dans les codes de calcul. Après il y a l'adaptation de la précision requise en fonction du temps de calcul dont on dispose.
    Dernière modification par Blofeld, 19 janvier 2011, 18h25.

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    • #3
      Salut

      Blo, tu tombes bien, je me pose des questions sur le sujet que je découvre en fait (les effets relativistes en chimie)

      Pour qu'il y ait un effet relativiste alors il faut des particules qui se déplacent à une vitesse conséquente. Donc j'essaye de réfléchir aux phénomènes qui pourraient être concernés... L'électricité ça me parle un peu (surtout parce que j'ai lu l'article ), mais est-ce qu'il y a d'autres phénomènes qui présentent des déplacement relativistes au sein de l'atome ou d'une région d'atomes ? (est-ce que ça doit être pris en compte pour des simples réactions chimiques où des échanges d'électrons ont lieu ? à quelle vitesse considère-t-on que ces déplacements de particules ont lieu ?)

      Et question au passage, j'ai toujours pensé (entendu ??) qu'un signal électrique se propage à la vitesse de la lumière.... j'ai comme un doute ce soir ! Si c'est un électron qui tire (par son absence) l'autre et ainsi de suite pour créer le courant, à un moment si on observe un électron, à quelle vitesse va-t-il ? il a une masse... donc, il peut pas aller à la vitesse de la lumière théoriquement, et même il lui faut une grande énergie pour s'en approcher. Sais-tu quelque chose là dessus ?

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      • #4
        Blo, tu tombes bien,
        Je ne suis pas sûr, parfois les chimistes tombent plutôt mal dans ce genre de questions, mais je vais essayer de répondre à la partie qui me concerne.
        Pour qu'il y ait un effet relativiste alors il faut des particules qui se déplacent à une vitesse conséquente. Donc j'essaye de réfléchir aux phénomènes qui pourraient être concernés... L'électricité ça me parle un peu (surtout parce que j'ai lu l'article ), mais est-ce qu'il y a d'autres phénomènes qui présentent des déplacement relativistes au sein de l'atome ou d'une région d'atomes
        L'équation de Schrödinger de départ est statique. Ca veut dire que les fonctions d'onde sont des combinaisons de fonctions ne dépendant que de l'espace, sans faire intervenir le temps. Après, on a introduit d'autres équations plus complexes afin de prendre en considération la dépendance du temps. Ces nouveaux modèles permettent par exemple d'étudier les molécules en états excités (ce qui permet de modéliser les spectres d'absorption UV-visible par exemple). Après l'introduction de la dépendance du temps, la description de l'état de l'électron ne dépend pas seulement de l'endroit où il "peut se trouver" (représenté mathématiquement par les orbitales) mais aussi de l'effet de son mouvement, et si celui-ci se fait à une vitesse proche de celle de la lumière, alors l'introduction d'approche relativistes devient indispensable.
        Il y a aussi le cas des atomes volumineux (de nombre atomique supérieur à 137) où l'approche relativiste est conventionnellement prise en compte.
        De façon générale, les particularités des systèmes étudiés impliquent l'utilisation de méthodes plus sophistiquées, mais qui dit méthode complexe dit calcul plus long (et responsables de calculateurs mécontents ) donc il faut bien réfléchir et formuler judicieusement ses hypothèses avant de lancer ses calculs (surtout si on travaille sur des structures complexes).

        Pour l'électricité, j'avoue que ça dépasse mon domaine.

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        • #5
          Tu parles d'équations introduites pour "prendre en considération", du cas des atomes volumineux*, d'implémentation de code dans les calculs, donc en fait l'approche est plus où moins empirique si je comprends bien. La frontière entre la physique classique et quantique est quelque part dans ce niveau d'échelle alors (l'atome, l'angström) ?

          donc il faut bien réfléchir et formuler judicieusement ses hypothèses avant de lancer ses calculs
          Et comment ça se passe d'ailleurs l'affectation de l'emploi sur des calculateurs ? (Question qui ne vaut que si la ressource est plus sollicité que disponible bien sûr !)

          -> Pour le complément d'info "électricité" on attendra le passage d'un électricien alors !

          * 137 nombre atomique, tu veux parler de la masse, yak ?

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          • #6
            Tu parles d'équations introduites pour "prendre en considération", du cas des atomes volumineux*, d'implémentation de code dans les calculs, donc en fait l'approche est plus où moins empirique si je comprends bien. La frontière entre la physique classique et quantique est quelque part dans ce niveau d'échelle alors (l'atome, l'angström) ?
            Là il ne faut pas confondre deux choses:
            1_ la limite entre quantique et classique
            2_ les méthodes utilisés pour traiter des structures intrinsèquement quantique

            Pour le premier point, on ne connaît pas encore la réponse. Par exemple le paradoxe du chat de Schrödinger met en évidence la possibilité d'états "d'intrication" (superposition de deux propriétés opposées) pour les systèmes quantique. On ne sais pas encore quels sont les systèmes susceptibles de se trouver dans cet état, et apparemment ce n'est pas une simple question de taille, il s'agit du problème du "grossissement des chatons de Schrödinger "
            Quant au choix de la méthode, c'est une autre histoire. Idéalement, on devrait prendre une approche quantique dépendant du temps et relativiste pour toute la molécule, mais pour des molécules plus complexes ça peut coûter cher en temps de calcul. Du coup, on fait des hypothèses sur le comportement de la molécule et on ne traite de façon précise que la partie intéressante. Ces hypothèses se basent évidemment sur la confrontation avec l'expérience.
            Et comment ça se passe d'ailleurs l'affectation de l'emploi sur des calculateurs ?
            Bah c'est des files d'attente gérées par des systèmes de type Unix, deux paramètres sont à prendre en considération: la durée des calculs et la taille des fichiers générés, une fois j'ai eu un fichier (un seul) d'une taille de ... tiens-toi bien .... 100 GB
            Dernière modification par Blofeld, 20 janvier 2011, 20h03.

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            • #7
              Ok d'ac, je vois en gros ce que tu veux dire (calcul approché en fonction du besoin) ! Mais en fait j'ai pas le bagage pour bien cerner tout ça correctement, c'est tout un métier

              Mais quand même si tu pouvais juste dire un peu plus sur cette association intrigante entre "grossissement des chatons de Schrödinger" et ""

              100 GB ? mais.... par curiosité, il y a quoi dans un tel fichier ? des résultats numériques ? Et que faire de ça ? Il faut une autre machine pour exploiter les données alors !?

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              • #8
                100 GB ? mais.... par curiosité, il y a quoi dans un tel fichier ? des résultats numériques ? Et que faire de ça ? Il faut une autre machine pour exploiter les données alors !?
                Je me disais la même chose en voyant le fichier (après m'être frotté les yeux). Ce sont des fichiers qui décrivent les molécules de façon très précise ainsi que chaque étape du calcul ayant donné ces résultats. On les appelle les "check-points" car il permettent de continuer le calcul si on rencontre un problème technique. Pour avoir une idée, imagine un fichier contenant tout ce qui s'est passé pendant 72 heures de la vie de chacun des habitants d'une ville aussi grande que New York ! Eh ben à un certain niveau de précision, les fichiers "check-point" peuvent avoir des tailles aussi importantes, c'est pour ça qu'il faut les supprimer si le calcul se termine normalement.

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                • #9
                  Ah ok, c'est le détail des étape de calcul... donc pour pas perdre le bénéfice de ce qui a déjà été bien fait si ça part en vrille en cours de route (pour celui qui a mal défini son calcul et qui a pas pris en compte un effet relativiste )

                  Et quel est l'ordre de grandeur en temps de calcul dans ton métier (ou en opérations, je sais pas comment vous avez l'habitude de parler, d'autant que les machines doivent partager leurs ressources entre plusieurs calculs... ou pas ?) ?

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                  • #10
                    Et quel est l'ordre de grandeur
                    Tout dépend de la taille de la molécule, du degré de précision, des résultats qu'on veut obtenir, et du nombre de processeurs qu'on utilise. Par exemple sur 8 processeurs, la modélisation de la molécule d'eau prend au maximum 30 secondes, pour un complexe d'un métal de transition (fer par exemple), ça peut atteindre 20 heures de calcul, et quand on demande un calcul de fréquences (spectre IR), ça peut prendre des jours (avec plusieurs redémarrages). Le pire c'est quand un calcul s'arrête et on passe après à la fin de la liste d'attente. :22:

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                    • #11
                      ! Autant dire que la science aurait du mal à avancer sans les ordinateurs de nos jours. C'est colossal.
                      Fait quand même gaffe qu'il n'y ait pas des collègues qui fayotent avec l'administrateur du calculateur pour gagner des places dans la file d'attente, tout ça pour avancer les travaux plus vite et briller aux yeux de la direction

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                      • #12
                        Fait quand même gaffe qu'il n'y ait pas des collègues qui fayotent avec l'administrateur du calculateur pour gagner des places dans la file d'attente, tout ça pour avancer les travaux plus vite et briller aux yeux de la direction
                        Eh ben c'est comme ça que j'ai eu ma thèse, efficace non ?

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                        • #13
                          Autant dire que la science aurait du mal à avancer sans les ordinateurs de nos jours.
                          Remarue pertinente, il me semble. Cela voudrait-il dire que la science est devenue tributaire, en quelque sorte, de la technologie (et en particulier de la technologie numérique, en l'occurrence)? Les théories scientifiques ne valent-elles finalement que ce que vaut la technique sur laquelle elles s'appuient ?

                          Pardonnez-moi, je ne suis qu'une néophyte en matière de sciences.
                          Fortuna nimium quem fovet, stultum facit.

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                          • #14
                            Les théories scientifiques ne valent-elles finalement que ce que vaut la technique sur laquelle elles s'appuient ?
                            Ce n'est pas du presse-bouton non plus, l'ordinateur est une machine très bête, il fait le travail qu'on lui demande et ne répond pas à des questions.
                            Quand on a envie de savoir à quoi est lié l'interaction entre ions dans une batterie, on ne tape pas comme code "interaction_batteries=? find in 400h sur 16 proc" ? Ce qu'on peut demander à la machine est bien plus simple que ça (genre: simuler une interaction, calculer les propriétés d'une molécule,...), après il y a un travail de synthèse de résultats et de confrontation avec les résultats expérimentaux qui se fait avec un cerveau bien humain.
                            En résumé, un calcul c'est une "expérience numérique" il n'apporte que des observations.

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                            • #15
                              Eh ben c'est comme ça que j'ai eu ma thèse
                              il est rusé
                              devait pas y avoir que ça... modeste va !

                              Fortuna,
                              Oui la science est fortement tributaire de l'informatique (sa puissance de calcul) dans bien des domaines (astrophysique, physique des particules, astronomie, et très certainement d'autres domaines). Mais ça remplace pas l'intuition, les idées, les décisions etc... Ca permet juste (mais c'est d'importance capitale) de vérifier qu'une théorie est prometteuse (simulations en astrophysique par exemple) et de gagner du temps dans des choix d'expérimentations futures. Ca permet aussi d'exploiter les données brutes d'expériences complexes (comme l'accélérateur de particules LHC, qui serait inutile sans ordinateur : 15 millions de milliards d'octets générés par an).

                              Les théories scientifiques ne valent-elles finalement que ce que vaut la technique sur laquelle elles s'appuient ?
                              Dans un sens oui, mais en excluant l'informatique qui n'est pas vraiment, selon moi, une technique à proprement parler... C'est du calcul pur, la différence entre un calculateur moderne et un boulier, c'est le nombre de calcul à la secondes.
                              Mais si tu parles de techniques au sens large, alors je pense effectivement qu'une technique expérimentale qui présente un biais peut donner des résultats qui amènent à se méprendre sur la réalité, voire faire fausse route. Donc il y a bien une relation entre théories et techniques d'expérimentation.

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