Liu Huye ambassadeur de Chine à Alger
“Mon pays n’ira jamais sur la voie colonialiste”
Par : Djilali Benyoub “On ne veut pas prendre des médicaments à la place des malades.” C’est par cette sentence imagée que l’ambassadeur de Chine à Alger, SEM Liu Huye, a répondu aux pressions et sollicitations occidentales demandant à la Chine de réévaluer sa monnaie pour amortir le choc de la crise financière mondiale.
Et de préciser avec ironie que lorsque la Chine achète des bons du Trésor (américains surtout), on dit qu’elle veut dominer, et quand elle veut vendre, on dit qu’elle n’a pas d’argent. Cela alors que, selon le diplomate invité du forum du journal Ech-chaab, à l’origine de la crise financière il y a l’absence et la défaillance du contrôle. Il a justifié la position inflexible de son pays par rapport à cette requête en soulignant que lors de la réforme monétaire de son pays, en 2005, alors que le Yuan avait la parité avec le dollar, il a été procédé à une hausse de sa valeur de 25%. Il a estimé que la valeur du Yuan est déjà assez élevée. “Nous avons subi beaucoup de pressions, mais nous avons résisté”, a-t-il dit.
Avec une croissance économique à deux chiffres, un PIB en augmentation, la Chine se situe à la place de second importateur du monde, premier exportateur et en première position dans la sphère des pays en développement. Cela dit, même si le revenu par habitant a été multiplié par huit, 200 millions de Chinois sortis de la pauvreté, il reconnaît qu’il y a encore 150 millions de Chinois qui vivent au-dessous du seuil de pauvreté. Un besoin donc à satisfaire.
Revenant sur les relations de la Chine avec l’Algérie, le diplomate replonge dans l’histoire commune qui commence par le fait que les deux pays ont eu à subir des agressions extérieures. “La Chine a été le premier pays non arabe à reconnaître le premier gouvernement algérien”, a-t-il rappelé. C’est un demi-siècle d’amitié et de confiance mutuelle qui est en train de se renforcer par coopération pragmatique, a indiqué M. Liu Huye. L’Algérie a, de son côté, beaucoup contribué dans l’entrée de la Chine au Conseil de sécurité de l’ONU.
Ces dernières années, le volume des échanges entre les deux pays a connu une augmentation. En 2009, les échanges étaient de 5 milliards de $ et de 4,54 milliards de $ les 11 mois de 2010. Pas moins de 50 entreprises chinoises opèrent en Algérie à travers 30 wilayas. Outre les dossiers d’intérêt commun, la Palestine, le Sahara occidental, l’Iran… il a souhaité que cette amitié en “profondeur” et en “largeur”, en constante extension, soit également en hauteur. Il décrit cette relation comme une scène de théâtre. Les présidents et les gouvernements des deux pays ont mis en place une scène qui s’étend de plus en plus, c’est aux opérateurs économiques de jouer les acteurs. “Nous cherchons de la hauteur pour enrichir nos relations stratégiques”, dit-il, en exprimant son souhait d’une coopération dans le domaine spatial.
La Chine plaide pour un nouvel ordre mondial, un ordre plus juste et, assure son représentant diplomatique à Alger, “ne menace personne” et “n’ira jamais sur une voie colonialiste”. LIBERTÉ
Commentaire