Sellal à A+ : L’eau coulera à flots d’Alger à Tamanrasset
A+ : L’Algérie a lancé ce qu’on présente comme le « chantier du siècle », à savoir le transfert d’eau de Ain-Salah vers Tamanrasset. En quoi ce projet est-il stratégique et où en est-on dans sa réalisation ?
La région de Tamanrasset est totalement dépourvue d’eau. Il n’y a pas de ressources souterraines et pas de précipitations. Il y a quelques moussons qui proviennent du Golfe de Guinée en été. Mais cette région est importante pour l’Algérie parce que c’est le grand sud et c’est la frontière avec des États du Sahel où il y a des problèmes. Il fallait donc régler à tout prix le problème de l’eau dans le cadre d’une justice sociale, sécuriser la région, fixer les habitants et créer un centre de vie. Donc ce projet a été lancé pour un montant de 190 milliards de dinars. Il y a sept entreprises chinoises et Cosider qui y travaillent. C’est un transfert sur 770 km en deux tubes et de 100.000 m3 jour (50.000 dans une première phase). Cette quantité va assurer l’alimentation de la population de manière pérenne ainsi que le développement des villages sur le parcours à l’horizon 2050. Nous avons découpé le projet en plusieurs tronçons pour le terminer rapidement. Les délais de réalisation courent jusqu’à fin juin 2011. Nous pensons d’ores et déjà que s’il n’y a pas d’incidents techniques nous pouvons donner l’eau à Tamanrasset fin mars-début avril. On ne terminera pas le projet à 100% mais l’eau sera acheminée. Réaliser un projet de cette envergure dans le grand sud aura été un défi important. L’eau arrivera donc à Tamanrasset mais il faudra mettre un bémol puisque le réseau est dépassé. Il y a une étude en voie de finalisation pour le moderniser dans les prochaines années.
Par ailleurs, comme il y a six stations de compression le long du parcours nous avons l’idée avec le ministère de l’intérieur de développer la vie autour pour en faire de petites localités.
A+ : Comment évaluez-vous la performance de Cosider par rapport aux sociétés chinoises engagées dans le projet ?
Cosider a un tronçon important de 360 km qu’elle a réalisé dans les délais et dans de très bonnes conditions. Elle a commencé les essais hydrauliques depuis quinze jours. Nous avons mis deux bureaux d’études pour vérifier la fiabilité de son travail. Je peux vous assurer qu’il est bon.
A+ : Est-il souhaitable que se développe cet exemple de travail impliquant dans un même projet une société nationale et des sociétés étrangères ?
Pour le dernier plan quinquennal et pour rattraper le retard nous avons fait appel à des sociétés nationales et étrangères, en groupement ou séparément. Cette fois, la décision a été prise d’encourager les entreprises nationales. On va confier à Cosider la réalisation de trois barrages (Laghouat, M’sila et Khenchela). C’est la première fois qu’une entreprise nationale a un plan de charge pareil. Parallèlement, on encourage le partenariat entreprises nationales (publiques et privées) avec les entreprises étrangères dans le cadre de la répartition à 51/49 du capital. Notre objectif n’a peut-être pas été bien compris en parlant de l’investissement des sociétés étrangères. Lorsqu’on dit qu’une société étrangère est tenue d’investir en obtenant un marché nous ne visons pas l’investissement au sens matériel. Nous parlons du transfert de technologie. Notre souhait c’est que l’entreprise algérienne soit actionnaire à 51% et le partenaire étranger à 49%. Mais le management du projet doit échoir à la société étrangère pour être mené à bien. Il s’agit surtout d’assurer un bon transfert de gestion et de réalisation mais aussi en termes de formation, d’études et d’ingénierie.
L’expérience est bonne. Je pense qu’il faut la poursuivre. L’essentiel c’est que les partenaires étrangers comprennent qu’ils peuvent faire des affaires en Algérie. Il faut juste que l’entreprise nationale puisse bénéficier de savoir-faire, de transfert de technologie et de conduite de projets. C’est ça notre objectif.
A+ : Le gouvernement n’a donc pas été compris puisqu’on parle de frein à l’investissement étranger ?
Pour le moment, c’est un peu difficile. Beaucoup n’ont pas compris ce que nous entendons par l’obligation d’investir. C’est vrai que nous avons introduit dans le code des marchés beaucoup de nouvelles choses, notamment pour combattre la corruption avec, par exemple, l’obligation des faires des déclarations. Certains n’ont donc pas compris le sens que nous voulons donner à l’obligation d’investir. On gagnerait à mieux expliquer au partenaire étranger qu’il peut faire des affaires pour des projets importants. Le message qu’on essaie de faire passer c’est qu’il n’est pas question de caporaliser une entreprise étrangère. Les partenaires étrangers peuvent donc gagner de l’argent pour peu qu’ils jouent le jeu avec nous. Malheureusement, ce n’est pas toujours le cas. Certains ne jouent pas le jeu même au niveau des études. Ils réalisent l’étude et ils gardent tout pour eux-mêmes. Parfois, l’étude elle-même prédétermine la réalisation. Et ce n’est pas toujours dans l’intérêt bien compris de la partie algérienne.
A+ : Quand est-ce que les Algériens vont enfin oublier les pénuries d’eau ?
En 2001, après trois années sans précipitations, le gouvernement s’est réuni pour importer de l’eau par bateau, notamment à partir de la France. C’est pour cela que nous sommes allés vers la récupération des eaux non conventionnelles (dessalement et traitement des eaux usées). Nous avons beaucoup investi. Nous sommes partis en 2000 avec une capacité de 98 millions de m3 d’eaux usées qu’on pouvait traiter. Nous avons aujourd’hui une capacité de 750 millions de m3 et nous comptons arriver à un milliard de m3. Nous avons adopté une politique volontariste de mobilisation de toutes les capacités possibles. Nous sommes passés de 47 barrages en 2000 à 66 aujourd’hui. Nous comptons arriver à 93 ouvrages en 2014-2015.
Je pense, aujourd’hui, que nous ne connaitrons pas de difficultés à approvisionner la population en eau. En plus de ce que nous avons réalisé nous menons une politique d’économie grâce à une modernisation des réseaux où il y a beaucoup de fuites. Nous avons fait appel à des entreprises étrangères comme Suez à Alger, Agbar Aqua de Barcelone à Oran, La Marseillaise des Eaux pour Constantine et la société allemande Gelsenwasser pour Annaba.
A+ : Justement, quelle évaluation est faite de la gestion confiée à ces entreprises ?
A Alger, tout le monde est d’accord pour dire que l’eau est disponible de manière continue. Nous avons sécurisé l’alimentation en eau potable des grandes villes et même d’une grande partie du territoire national. En 2000, seuls 45% des 1540 communes avaient de l’eau au quotidien (pas de manière continue). Aujourd’hui, nous sommes à 70% et nous espérons arriver à 80% en 2014-2015. Nos réserves sont meilleures qu’il y a quatre ou cinq ans. Nous les gérons pour éviter de tomber en pénurie. Nous avons commencé à faire des efforts pour dégager plus d’eau pour l’agriculture afin d’avoir des espaces un peu plus grands en matière d’irrigation.
A+ : Quels sont les contrats de gestion qui seront reconduits?
Pour Suez, le contrat de cinq ans se termine en septembre 2011. Jusqu’à maintenant, les résultats sont corrects. Tous les citoyens de l’Algérois le disent. L’eau est disponible et la gestion est meilleure avec l’introduction d’instruments modernes. En matière de formation, des efforts ont été faits. Il y a un peu de retard en matière d’assainissement. Nous sommes en train d’évaluer la situation. Nous pensons qu’il est nécessaire de consolider les acquis qui sont clairs, nets et précis.
Pour les autres partenaires, ce sont des contrats récents. A Oran ça se passe très bien grâce aux grands travaux que nous avons réalisés. La future station de dessalement de Marsa El Hadjadj avec une capacité de 500.000m3/jour est la plus grande d’Afrique et d’Europe. La Marseillaise des eaux est en train de faire des efforts. A Constantine mais surtout à Annaba, c’est moins bien…
A+ : Les stations de dessalement soulèvent des critiques des écologistes qui évoquent des atteintes à l’environnement
Une association a effectivement évoqué pour la station du Hamma une pollution de l’eau des mers et des effets négatifs sur le jardin d’essai. Beaucoup d’études ont été faites. Il n’y pas la moindre inquiétude. Peut-être à très long terme et si tous les pays riverains font du dessalement.
Algérie Plus
A+ : L’Algérie a lancé ce qu’on présente comme le « chantier du siècle », à savoir le transfert d’eau de Ain-Salah vers Tamanrasset. En quoi ce projet est-il stratégique et où en est-on dans sa réalisation ?
La région de Tamanrasset est totalement dépourvue d’eau. Il n’y a pas de ressources souterraines et pas de précipitations. Il y a quelques moussons qui proviennent du Golfe de Guinée en été. Mais cette région est importante pour l’Algérie parce que c’est le grand sud et c’est la frontière avec des États du Sahel où il y a des problèmes. Il fallait donc régler à tout prix le problème de l’eau dans le cadre d’une justice sociale, sécuriser la région, fixer les habitants et créer un centre de vie. Donc ce projet a été lancé pour un montant de 190 milliards de dinars. Il y a sept entreprises chinoises et Cosider qui y travaillent. C’est un transfert sur 770 km en deux tubes et de 100.000 m3 jour (50.000 dans une première phase). Cette quantité va assurer l’alimentation de la population de manière pérenne ainsi que le développement des villages sur le parcours à l’horizon 2050. Nous avons découpé le projet en plusieurs tronçons pour le terminer rapidement. Les délais de réalisation courent jusqu’à fin juin 2011. Nous pensons d’ores et déjà que s’il n’y a pas d’incidents techniques nous pouvons donner l’eau à Tamanrasset fin mars-début avril. On ne terminera pas le projet à 100% mais l’eau sera acheminée. Réaliser un projet de cette envergure dans le grand sud aura été un défi important. L’eau arrivera donc à Tamanrasset mais il faudra mettre un bémol puisque le réseau est dépassé. Il y a une étude en voie de finalisation pour le moderniser dans les prochaines années.
Par ailleurs, comme il y a six stations de compression le long du parcours nous avons l’idée avec le ministère de l’intérieur de développer la vie autour pour en faire de petites localités.
A+ : Comment évaluez-vous la performance de Cosider par rapport aux sociétés chinoises engagées dans le projet ?
Cosider a un tronçon important de 360 km qu’elle a réalisé dans les délais et dans de très bonnes conditions. Elle a commencé les essais hydrauliques depuis quinze jours. Nous avons mis deux bureaux d’études pour vérifier la fiabilité de son travail. Je peux vous assurer qu’il est bon.
A+ : Est-il souhaitable que se développe cet exemple de travail impliquant dans un même projet une société nationale et des sociétés étrangères ?
Pour le dernier plan quinquennal et pour rattraper le retard nous avons fait appel à des sociétés nationales et étrangères, en groupement ou séparément. Cette fois, la décision a été prise d’encourager les entreprises nationales. On va confier à Cosider la réalisation de trois barrages (Laghouat, M’sila et Khenchela). C’est la première fois qu’une entreprise nationale a un plan de charge pareil. Parallèlement, on encourage le partenariat entreprises nationales (publiques et privées) avec les entreprises étrangères dans le cadre de la répartition à 51/49 du capital. Notre objectif n’a peut-être pas été bien compris en parlant de l’investissement des sociétés étrangères. Lorsqu’on dit qu’une société étrangère est tenue d’investir en obtenant un marché nous ne visons pas l’investissement au sens matériel. Nous parlons du transfert de technologie. Notre souhait c’est que l’entreprise algérienne soit actionnaire à 51% et le partenaire étranger à 49%. Mais le management du projet doit échoir à la société étrangère pour être mené à bien. Il s’agit surtout d’assurer un bon transfert de gestion et de réalisation mais aussi en termes de formation, d’études et d’ingénierie.
L’expérience est bonne. Je pense qu’il faut la poursuivre. L’essentiel c’est que les partenaires étrangers comprennent qu’ils peuvent faire des affaires en Algérie. Il faut juste que l’entreprise nationale puisse bénéficier de savoir-faire, de transfert de technologie et de conduite de projets. C’est ça notre objectif.
A+ : Le gouvernement n’a donc pas été compris puisqu’on parle de frein à l’investissement étranger ?
Pour le moment, c’est un peu difficile. Beaucoup n’ont pas compris ce que nous entendons par l’obligation d’investir. C’est vrai que nous avons introduit dans le code des marchés beaucoup de nouvelles choses, notamment pour combattre la corruption avec, par exemple, l’obligation des faires des déclarations. Certains n’ont donc pas compris le sens que nous voulons donner à l’obligation d’investir. On gagnerait à mieux expliquer au partenaire étranger qu’il peut faire des affaires pour des projets importants. Le message qu’on essaie de faire passer c’est qu’il n’est pas question de caporaliser une entreprise étrangère. Les partenaires étrangers peuvent donc gagner de l’argent pour peu qu’ils jouent le jeu avec nous. Malheureusement, ce n’est pas toujours le cas. Certains ne jouent pas le jeu même au niveau des études. Ils réalisent l’étude et ils gardent tout pour eux-mêmes. Parfois, l’étude elle-même prédétermine la réalisation. Et ce n’est pas toujours dans l’intérêt bien compris de la partie algérienne.
A+ : Quand est-ce que les Algériens vont enfin oublier les pénuries d’eau ?
En 2001, après trois années sans précipitations, le gouvernement s’est réuni pour importer de l’eau par bateau, notamment à partir de la France. C’est pour cela que nous sommes allés vers la récupération des eaux non conventionnelles (dessalement et traitement des eaux usées). Nous avons beaucoup investi. Nous sommes partis en 2000 avec une capacité de 98 millions de m3 d’eaux usées qu’on pouvait traiter. Nous avons aujourd’hui une capacité de 750 millions de m3 et nous comptons arriver à un milliard de m3. Nous avons adopté une politique volontariste de mobilisation de toutes les capacités possibles. Nous sommes passés de 47 barrages en 2000 à 66 aujourd’hui. Nous comptons arriver à 93 ouvrages en 2014-2015.
Je pense, aujourd’hui, que nous ne connaitrons pas de difficultés à approvisionner la population en eau. En plus de ce que nous avons réalisé nous menons une politique d’économie grâce à une modernisation des réseaux où il y a beaucoup de fuites. Nous avons fait appel à des entreprises étrangères comme Suez à Alger, Agbar Aqua de Barcelone à Oran, La Marseillaise des Eaux pour Constantine et la société allemande Gelsenwasser pour Annaba.
A+ : Justement, quelle évaluation est faite de la gestion confiée à ces entreprises ?
A Alger, tout le monde est d’accord pour dire que l’eau est disponible de manière continue. Nous avons sécurisé l’alimentation en eau potable des grandes villes et même d’une grande partie du territoire national. En 2000, seuls 45% des 1540 communes avaient de l’eau au quotidien (pas de manière continue). Aujourd’hui, nous sommes à 70% et nous espérons arriver à 80% en 2014-2015. Nos réserves sont meilleures qu’il y a quatre ou cinq ans. Nous les gérons pour éviter de tomber en pénurie. Nous avons commencé à faire des efforts pour dégager plus d’eau pour l’agriculture afin d’avoir des espaces un peu plus grands en matière d’irrigation.
A+ : Quels sont les contrats de gestion qui seront reconduits?
Pour Suez, le contrat de cinq ans se termine en septembre 2011. Jusqu’à maintenant, les résultats sont corrects. Tous les citoyens de l’Algérois le disent. L’eau est disponible et la gestion est meilleure avec l’introduction d’instruments modernes. En matière de formation, des efforts ont été faits. Il y a un peu de retard en matière d’assainissement. Nous sommes en train d’évaluer la situation. Nous pensons qu’il est nécessaire de consolider les acquis qui sont clairs, nets et précis.
Pour les autres partenaires, ce sont des contrats récents. A Oran ça se passe très bien grâce aux grands travaux que nous avons réalisés. La future station de dessalement de Marsa El Hadjadj avec une capacité de 500.000m3/jour est la plus grande d’Afrique et d’Europe. La Marseillaise des eaux est en train de faire des efforts. A Constantine mais surtout à Annaba, c’est moins bien…
A+ : Les stations de dessalement soulèvent des critiques des écologistes qui évoquent des atteintes à l’environnement
Une association a effectivement évoqué pour la station du Hamma une pollution de l’eau des mers et des effets négatifs sur le jardin d’essai. Beaucoup d’études ont été faites. Il n’y pas la moindre inquiétude. Peut-être à très long terme et si tous les pays riverains font du dessalement.
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