Annonce

Réduire
Aucune annonce.

Polémique autour du cinquantenaire Céline

Réduire
X
 
  • Filtre
  • Heure
  • Afficher
Tout nettoyer
nouveaux messages

  • Polémique autour du cinquantenaire Céline

    20/01/2011

    Si la plupart des commémorations autour des grands auteurs s’organisent dans le consensus, le cinquantenaire de la mort de Céline (décédé en février 1961) fait actuellement des remous. L’écrivain reste précédé par sa terrible réputation : Serge Klarsfeld s’est insurgé contre la démarche du Ministère de la Culture qui a inscrit cette commémoration sur la liste des «célébrations nationales» de l’année 2011. Le Magazine Littéraire, dont le prochain dossier (en kiosque le 27 janvier) sera consacré à l’auteur de Mort à crédit, revient sur le débat.

    Faut-il brûler ou célébrer Louis-Ferdinand Céline ? Telle est la question qui agite les médias culturels depuis la publication par le Ministère de la Culture du recueil des «célébrations nationales» prévues pour l’année 2011, où figure le cinquantenaire de la mort de l’auteur de Voyage au bout de la nuit. Comme chaque année, le Haut comité des célébrations nationales, dépendant de la direction des Archives de France et placé sous la direction de Jean Favier, en a établi la liste. Le recueil est préfacé par l’historien Alain Corbin et contient même un avant-propos du ministre de la Culture, Frédéric Mitterrand. Dans la notice consacrée à l’auteur, le grand spécialiste Henri Godard y anticipe les éventuels remous : «Doit-on, peut-on célébrer Céline ?», s’empressant de répondre par l’affirmative et de souligner l’apport de la langue célinienne à la littérature française : «Les objections sont trop évidentes. Il a été l'homme d'un antisémitisme virulent (...) Mais il est aussi l'auteur d'une oeuvre romanesque dont il est devenu commun de dire qu’avec celle de Proust elle domine le roman français de la première moitié du XXe siècle». Serge Klarsfeld, président des Fils et Filles des Déportés de France (FFDF), n’en pense pas vraiment de même. Il s’est élevé contre cette décision ministérielle, et ses propos ont été rapportés sur les sites du Nouvel Observateur et du Figaro. «Céline, dont les immondes écrits antisémites ont contribué à l’assassinat massif des Juifs, vient d’être proposé par le ministère de la culture comme “digne d’être célébré” à l’occasion du cinquantenaire de sa mort. (…) La célébration de Céline ne charmerait pas nos imaginations et torturerait nos mémoires d’orphelins d’une Shoah avant et pendant laquelle le talentueux délire de Céline a vigoureusement nourri la haine antijuive. Nous demandons le retrait immédiat de ce recueil et la suppression dans celui qui le remplacera des pages consacrées à Céline». Il faudra attendre le 21 janvier, jour de présentation du recueil des célébrations nationales, pour savoir si le Ministère de la culture a fait ou non volte-face.

    Cette polémique est tardive, et peut-être même vaine, alors que Céline était publié en Pléiade au lendemain de sa mort (rappelons que Boris Vian vient seulement d’accéder à la prestigieuse édition). Mais elle a le mérite de poser une vraie question, une énigme : comment doit-on parler d’un grand écrivain, lorsqu’il fut antisémite et collabo ? Frédéric Vitoux, membre de l’Académie française, auteur d'une biographie sur l’écrivain, clarifie la situation : «C’est le mot “célébrations” qui est ambigu. Il ne s’agit pas de tresser des lauriers à l'écrivain. Le cinquantenaire de sa mort est une occasion de s’intéresser à son œuvre, d’examiner à nouveau ses zones d’ombre. On ne peut tout de même pas nier que c’est l’un des plus grands écrivains français», argumente-t-il à la suite de Henri Godard, qu’il qualifie de chercheur scrupuleux. Les résultats d’un sondage publié récemment sur notre site révélaient d’ailleurs qu’à la question «quel livre vous a le plus marqué ?» la majorité des votants avait choisi Voyage au bout de la nuit.

    Le Magazine Littéraire a fait le pari de l’intelligence, et consacre son dossier du mois de février à ce terrible écrivain, dont la rage a produit des oeuvres parmi les plus foudroyantes de la littérature. Mais nous n’omettrons pas, au travers d’articles écrits par les meilleurs spécialistes (André Derval, Philippe Roussin, David Alliot), de questionner sa part d’ombre. Surtout, nous publierons un chapitre inédit de Féerie pour une autre fois, afin de laisser nos lecteurs face à face avec le styliste. Depuis plus de cinquante ans, la France lit les romans de Céline en connaissance de cause ; car comme le rappelait Gaëtan Picon, lui seul eut le mérite de pousser «l’un des cris les plus insoutenables que l’homme ait jamais poussé».

    Noémie Sudre
    The truth is incontrovertible, malice may attack it, ignorance may deride it, but in the end; there it is.” Winston Churchill

  • #2
    Voyage au bout de la nuit est un des plus grands romans jamais ecrits et c'est incontestable.

    Commentaire

    Chargement...
    X