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La Tunisie n’est ni l’Algérie, ni le Maroc ni l’Iran

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  • La Tunisie n’est ni l’Algérie, ni le Maroc ni l’Iran

    Cette semaine, Marianne laisse carte blanche à Benjamin Stora*, pour qui il faut se garder de rapprocher la révolution tunisienne de soulèvements antérieurs. Elle présente des singularités qui en font un cas unique. A partir de là, l’avenir reste ouvert à l’imprévisible.

    Le divorce avec le clan au pouvoir était politique mais aussi, plus profondément, culturel.

    Un printemps démocratique anticipé traverse le Maghreb. Je ne suis pas sûr pour autant qu’il faille le qualifier de « révolution du jasmin ». Tout l’enjeu est de ne pas se tromper sur la nature de ce changement de régime. La singularité de cette histoire tunisienne, c’est d’abord qu’un consensus s’est soudain réalisé dans la société tunisienne contre un clan familial usurpateur, concentrant entre ses mains les richesses et les leviers d’influence. Peu à peu, ce clan a ligué contre lui l’ensemble des classes sociales : des jeunes diplômés chômeurs aux professions libérales, des intellectuels aux syndicalistes. De ce point de vue-là, l’unanimisme anti-Ben Ali n’est pas sans évoquer des modèles antérieurs de soulèvement : la profonde singularité de cette histoire tunisienne, c’est la force du consensus populaire, comparable à celui de la société portugaise dans le salazarisme finissant. Comme dans le Portugal de 1974, il y a eu une unanimité sociale et politique qui a « coagulé » des classes et des intérêts sociaux fort divergents autour des forces armées - le Mouvement des forces armées - en dirigeant leurs énergies contre la personne d’un dictateur. Une telle configuration ne pourrait pas exister en Algérie ou au Maroc, qui sont des sociétés beaucoup moins homogènes. En Algérie, l’effondrement du système du parti unique (FLN), en octobre 1988, a débouché sur une guerre civile dans les années 90 et a fait des dizaines de milliers de morts. Et la multiplication des revendications berbères, des émeutes sociales, des grèves ouvrières depuis plusieurs mois n’a pas provoqué l’effondrement du régime.

    Autre singularité très importante des événements de ces dernières semaines, la place tenue par la plus ancienne centrale syndicale du Maghreb, l’Union générale des travailleurs tunisiens (UGTT), prépondérante en Tunisie. Quelques jours avant la chute de Ben Ali, l’UGTT a précipité les événements en se prononçant en faveur de la grève générale. Ce trait apparente la révolution tunisienne au modèle polonais de la grève générale de 1981 orchestrée par le syndicat Solidarnosc contre le gouvernement Jaruzelski. Enfin, troisième et dernière spécificité qui distingue le soulèvement des Tunisiens : l’existence, dans de nombreux pays arabes, de « partis-Etat-services » qui font office de police politique au service des régimes, et qui sont mandatés à l’encadrement et à la surveillance de la population. Le démantèlement de ces services de sécurité a eu lieu en Irak en 2003 par l’intervention anglo-américaine. Le soulèvement tunisien en a eu raison, en revanche, sans intervention extérieure. Preuve que ce qui vient de se passer en Tunisie est un combinat de tous ces modèles antérieurs et qui ne ressemble à aucun.

    Il existe une ressemblance asymptotique avec les soulèvements antérieurs. Mais n’en concluons pas que tout est joué d’avance, que cette histoire-là est fléchée et qu’on va aller, inéluctablement, vers un certain type de révolution - de type iranien, par exemple, ou, au contraire, censément préparée d’avance, sur un modèle quasi conspiratif, comme si une ingérence étrangère était à l’origine du tournant démocratique, ainsi que le suggèrent des internautes.

    L’un des premiers enseignements de cette révolution, c’est que les gens, tous les gens, en Tunisie, sont passés au réel. Ils ont fait preuve d’une grande maturité en rompant, justement, avec la pensée complotiste. La caractéristique essentiel de la révolution tunisienne actuelle, c’est la conversion à la réalité d’un peuple jusqu’ici confiné dans la virtualité (la virtualité numérique), compensation d’une privation de moyens d’expression réels. Les Tunisiens d’aujourd’hui ont hâte de savoir ce qu’est une vraie société, avec une vraie presse, de vrais partis politiques, de vrais syndicats, une vie intellectuelle libre. Ne nous y trompons pas : c’est la société tunisienne qui a décidé, avec maturité, d’en finir avec un système de surveillance de la population, à la manière des Tchécoslovaques lors de la Révolution de velours.

    Qualifier ainsi cette révolution d’« e-révolution » ne rend pas plus compte de l’entière complexité de ce qui s’est passé. Internet a existé surtout pour les Tunisiens comme soupape d’expression, comme sas de décompression pour des citoyens bâillonnés. Mais maintenant, d’une certaine manière, le rôle compensatoire de la Toile n’est plus aussi déterminant, car le contrôle étatique sur l’information a brutalement cessé. La révolution tunisienne n’est pas davantage comparable à la révolution iranienne de 1979, car les islamistes iraniens, sous le régime du chah, étaient une grande force politique, très structurée, à l’intérieur du pays. D’ailleurs, avant les événements de 1979 qui devaient aboutir au renversement de Pahlavi, le consensus politique, bien que reposant officiellement sur la laïcité, était déjà largement structuré autour de cette force religieuse radicale : le contraire, en somme, de la Tunisie de Ben Ali. Ce qui est provisoirement rassurant, dans le soulèvement tunisien, c’est l’omniprésence de l’UGTT à la manœuvre, et le fait qu’aucune force religieuse ne s’est manifestée, pour l’instant. Par ailleurs, la révolution iranienne et l’expérience algérienne des années 90 ont démontré aux sociétés du monde arabo-musulman la réalité (et les atrocités) de l’expérience islamiste, et de la guerre entre l’Etat et les islamistes. Enfin, autre singularité radicale, la Tunisie est le pays où le taux d’alphabétisation est le plus élevé du monde arabe.

    Le paradoxe tunisien a résidé dans cette contradiction, à terme intenable, entre un haut niveau culturel et un Etat autoritaire, traitant ses citoyens comme des analphabètes.

    Ainsi, le divorce avec le clan familial qui tenait les rênes du pouvoir n’était pas simplement politique, mais, plus profondément, et aussi plus décisivement, culturel. Il ne faut pas perdre de vue le fait que le monde contemporain a un effet émollient sur toutes les idéologies collectives, comme le nationalisme arabe, mais aussi d’une certaine manière l’islamisme. L’individualisme démocratique travaille en profondeur le monde arabo-musulman. Et ce qui irrigue aujourd’hui souterrainement l’imaginaire arabo-musulman contemporain, c’est plus la figure du harag, du « fuyard », du « déserteur » symbolique, que celle du prêcheur fanatisé. Il ne faut pas se réjouir trop vite, il ne faut pas exprimer trop vite son soulagement, mais un fait est sûr : l’avenir reste ouvert… à l’imprévisible !

    * Benjamin Stora est professeur d’histoire du Maghreb contemporain. Derniers ouvrages : Lettres, récits, et carnets des Français et des Algériens pendant la guerre d’Algérie, Les Arènes ; Bibliographie de l’Algérie indépendante, CNRS éditions (à paraître).

    Benjamin Stora
    Carte blanche - Marianne2
    Vendredi 21 Janvier 2011
    Dernière modification par shadok, 21 janvier 2011, 14h55.
    Le bon sens est la chose la mieux partagée du monde... La connerie aussi - Proverbe shadokien

  • #2
    je ne vois pas en quoi le titre reflete le texte..

    au maroc , il ya la pluralité , la droite, la gauche, communiste, islamiste, ya tout , je ne vois pas en quoi un pays qui sort du systeme birmane va donné des lecon de democratie au maroc
    c'est un fait bien etabile

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    • #3
      Fidèle à son habitude. Toujours aussi propres dans ses analyses.


      Stora est parmi les rares occidentaux qui connaissent le Maghreb comme un penseur maghrébin

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      • #4
        @arazi,

        Au Maroc y a surtout, comme en Algérie, une multitude de combats et de mouvements bien que hostile à l'autoritarisme du régime, sont inconciliables idéologiquement.

        Pour ce qui est de la démocratie de façade ... Il parait qu'elle satisfait 37% de la population (ça englobe aussi bien les PJDistes que les le parti du roi : PAM).

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        • #5
          tant mieux pour la tunisie , qui a vecu pendant le regime ben ali une birmanie à l'etat pur,encore les birmans peuvent surfer sur facebook, les tunisiens ont souffert, aucun loisir, un pays fermé, juste pour les touristes il faut pas melanger, le probleme tunisien n'est pas le meme probleme marocain ou algerien , les medias nous ont menti sur le modele tunisien..

          conclusion: tous ce qui se dit sur la revolution tunisienne ne concerne que la tunisie.. c'est vraiment une revolution, de 87 a 2011 ne pas avoir acces au net a certain site et maintenant c'est possible, c'est une revolution
          Dernière modification par arazi, 21 janvier 2011, 15h19.

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          • #6
            les medias nous ont menti sur le modele tunisien..


            comme ils sont en train de ns mentir sur bien d'autres, le pire c'est que vs croyez au miracle marocain comem les tunisiens et le monde avaient cri dans le miracle tunisien,moi je n 'ai rien dit, je préfère que vs continieur á vs caressez dans le sens du poile, car c'est ainsi que ca a pété en Tunisie!

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            • #7
              Moi ce que je souhaite c'est que les algeriens fassent un peu dans l'humilite, disent un peu "llahou al3am" et se concentrent sur les affaires de leur propre pays (comme font les tunisiens). Ce serait gagne par tout le monde, et surtout ces lecons bidons donnees a tort et a travers auront cesse.

              comme ils sont en train de ns mentir sur bien d'autres, le pire c'est que vs croyez au miracle marocain comem les tunisiens et le monde avaient cri dans le miracle tunisien,moi je n 'ai rien dit, je préfère que vs continieur á vs caressez dans le sens du poile, car c'est ainsi que ca a pété en Tunisie!

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              • #8
                desert rose

                Expliques nous ce que tu fais ici, toi qui n'est pas Algerienne.

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                • #9
                  Je suis membre de ce forum, je suis un homme et j'ai une barbe qui pique. Voila que tu tombes deja sur les apparences.

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                  • #10
                    desert rose

                    Expliques nous ce que tu fais ici, toi qui n'est pas Algerienne.
                    C'est fini le rose pour les filles et le bleu pour les garçons on est en 2011

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                    • #11
                      Moi ce que je souhaite c'est que les algeriens fassent un peu dans l'humilite, disent un peu "llahou al3am" et se concentrent sur les affaires de leur propre pays (comme font les tunisiens). Ce serait gagne par tout le monde, et surtout ces lecons bidons donnees a tort et a travers auront cesse.
                      tu connait la liberté d'expression ?! tout a le monde a droit de donner son avis sur un sujet même si sa plait pas a certaine personne

                      je peux te poser une question toi qui ne veut pas d'ingérence pourquoi t'es la a nous donner des conseil genre " faite sortir les généraux " , " boutef et les 40 voleurs faut les viré " alors que tu supporte pas qu'on parle de ton pays ou de la Tunisie ?

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                      • #12
                        Moi ce que je souhaite c'est que les algeriens fassent un peu dans l'humilite, disent un peu "llahou al3am"
                        Ce serait très bien que tu appliques à toi-même ce conseil fort judicieux.

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                        • #13

                          je ne vois pas en quoi un pays qui sort du systeme birmane va donné des lecon de democratie au maroc
                          c'est un fait bien etabile
                          Au Maroc on n'est pas encore au niveau Birmanie ..etc, Le système politique au Maroc; est au Moyen âge...


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                          • #14
                            Quand on sait qu'il y a des systeme qui sont de l'age de la pierre et de la barbarie, ou les gens s'entretuent pour un oui ou un non, je prefere encore largement le "moyen-age" marocain!

                            Au Maroc on n'est pas encore au niveau Birmanie ..etc, Le système politique au Maroc; est au Moyen âge...

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                            • #15
                              Quand on sait qu'il y a des systeme qui sont de l'age de la pierre et de la barbarie, ou les gens s'entretuent pour un oui ou un non, je prefere encore largement le "moyen-age" marocain!
                              Pour être objectif, l'Algérie n'est pas un modéle à la scandinave en démocratie, il y a des progrés à faire dans ce domaine, mais son système à le comparer au système Marocain, on est à des siécles d'avances par rapport au systèmes moyen-âgeux du Roi du Maroc..

                              Pour ce qui est de la stabilité.. c'est normal,, que va faire le peuple marocain avec les révoltes, sachant que le taux de l'analphabétisme dans la sociéét marocaine avoisine les 50% (1 marocain sur deux ne sait ni lire ni écrire ... )
                              Dernière modification par Tamedit n-was, 21 janvier 2011, 16h32.

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