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Tunisie : la défaillance française

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    Tunisie : la défaillance française

    Par ALAIN DUHAMEL
    20/01/2011 à 00h00


    Le gouvernement français est passé à côté de la révolution démocratique tunisienne. Il n’a rien vu venir, il s’est montré en permanence en retard sur l’événement. Il a sous-estimé le soulèvement populaire, surestimé la solidité du régime. Les premières réactions ministérielles (Frédéric Mitterrand, Bruno Le Maire, François Baroin et surtout Michèle Alliot-Marie, en charge des Affaires étrangères) ont été consternantes. Il a fallu le départ en exil de Ben Ali et de sa détestable famille pour que les écailles tombent et que les yeux s’ouvrent. Pour excuser cette défaillance manifeste, les milieux officiels invoquent deux arguments : aucun gouvernement occidental n’aurait mieux pressenti ou mieux réagi à l’événement et d’autre part, intervenir plus directement aurait constitué une ingérence flagrante et inopportune. Bien entendu, aucun de ces deux arguments ne résiste à l’examen.

    La France entretient avec la Tunisie des liens si anciens et surtout si intimes - aucun autre gouvernement ne peut revendiquer pareille proximité, pas même l’Italie, l’Algérie ou la Libye - qu’elle était de loin la mieux placée pour prendre la mesure des événements. 600 000 Tunisiens vivent en France, 25 000 Français vivent en Tunisie. La diplomatie française, l’enseignement français, les réseaux culturels, économiques, financiers français sont les premiers en Tunisie. Les services de renseignements militaires y font leur travail. Aucun gouvernement ne disposait donc d’autant d’informations que le nôtre et donc, aucun gouvernement n’est moins excusable que le nôtre d’avoir fait preuve d’une si malheureuse et si persistante myopie. Quant au risque d’ingérence, il n’existe qu’a posteriori. On ne demandait pas au gouvernement français d’appeler à la révolution démocratique, ce qui eut relevé d’une tout autre politique étrangère ; on lui demandait simplement de la comprendre, de l’accueillir et de l’accompagner. Il n’était pas interdit d’être à l’écoute. Il eut été préférable d’apparaître plus réceptif, plus réactif, plus positif.

    Il est vrai que, par nature, les dictatures s’effondrent d’un seul coup et que les régimes policiers se disloquent brutalement. On a cent fois constaté le phénomène, qu’il s’agisse de la chute des empires historiques, de l’implosion du système soviétique, de la fuite des caudillos d’Amérique latine ou de l’écroulement des monarchies despotiques d’Iran, d’Irak ou d’ailleurs. En ce sens, les anticipations sont d’autant plus difficiles que les accélérations sont brutales. Cela ne vaut cependant pas pour la Tunisie et pour l’embarras français : depuis décembre, les signes se multipliaient, les explosions populaires se repéraient. Le travail ordinaire d’un gouvernement aurait dû être, sans qu’il ait besoin d’être prophétique, de s’interroger activement et de mobiliser ses très puissants réseaux pour tenter de comprendre ce qui était en jeu. C’était si peu le cas qu’à la veille de la fuite de Ben Ali et de son clan, les ministres français concernés se sont égaillés dans leurs circonscriptions provinciales. Il se dit même que certains, interrogeant leurs services sur l’urgence de la situation, se seraient entendus répondre que rien ne s’opposait à leur départ. La surdité était générale.

    Elle n’est malheureusement pas incompréhensible. En fait, le gouvernement français n’a pas pris la mesure de se qui se passait en Tunisie parce qu’il était trop proche du régime Ben Ali. C’est l’intimité des deux régimes qui a fait que ceux qui auraient dû comprendre les premiers ont semblé être les plus décalés. La Ve République entretenait des liens si privilégiés avec la Tunisie de Ben Ali qu’elle s’aveuglait sur sa nature et sur sa solidité. Cela persistait d’une majorité à l’autre, d’un gouvernement à l’autre, d’un président à l’autre. C’était cependant de moins en moins justifiable dans la mesure où si ce régime avait fait des débuts honorables poursuivant l’œuvre du président Bourguiba, la suite l’avait entraîné vers toujours plus de répression et de corruption. Paris ne pouvait pas l’ignorer. Ses représentants savaient bien quelles étaient les méthodes de la police tunisienne. Ses hommes d’affaires constataient la corruption qui gangrenait l’économie tunisienne. Ils voyaient bien les conséquences terribles de la crise et de ses dérèglements sur la population. La ligne était de fermer les yeux par crainte de l’islamisme. De préférer Charybde à Scylla.


    Liberation.fr

  • #2
    Elle n’est malheureusement pas incompréhensible. En fait, le gouvernement français n’a pas pris la mesure de se qui se passait en Tunisie parce qu’il était trop proche du régime Ben Ali.
    Le hic !
    la France vantait et louait la Tunisie , « model économique en Afrique du nord ? » accord post-protectorat oblige

    *Loi universelle : le mensonge ne dure jamais
    A qui sait comprendre , peu de mots suffisent

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