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    LE MERITE DU PEUPLE TUNISIEN
    par K. Selim
    Variante «moderne» du même archaïsme autoritaire arabe, le modèle tunisien n'a jamais existé. Le fait que des politiciens occidentaux complaisants et intéressés aient porté au pinacle ce «modèle» n'y change rien. Ce n'était qu'un mirage. Les Tunisiens qui osaient braver le système politico-policier le disaient sans répit et sans être entendus. Il est vrai que nos «amis» du Nord préfèrent traiter avec des régimes réduits à quelques personnes au lieu d'avoir à mener des négociations «compliquées» avec des représentants de sociétés libres et organisées.

    Hubert Védrine, ex-ministre des Affaires étrangères français, qui paraît bien plus madré que MAM, l'avait publiquement exprimé, en février 2005, lors d'une rencontre organisée à l'Assemblée française: «Nous avons mis plusieurs siècles avant d'établir la démocratie. En attendant que cela arrive au Maghreb, nous devons exclusivement parler aux Etats et à leurs dirigeants». En termes de «modèle», les louanges tressées au régime Ben Ali resteront une référence accablante. Le «modèle tunisien» s'est en définitive révélé comme une fabrication occidentale où les indéniables progrès dans le statut juridique de la femme ont servi de justification à un système prédateur et liberticide.

    En mettant à bas ce système, soutenu jusqu'au bout par l'establishment français, les Tunisiens sont peut-être en train d'inventer une «voie» originale de sortie de l'impasse autoritaire. Le plus admirable est que cette accélération de l'histoire a été le fait des Tunisiens et d'eux seuls. Ils n'ont compté ni sur les Américains, et encore moins sur les Français, faisant ainsi que le changement qu'ils ont imposé n'est pas réductible aux «révolutions» de couleurs impulsées par les Occidentaux dans les ex-pays de l'Est. Le fait que les Occidentaux, Américains en tête, saluent désormais cette révolution pour la démocratie ne change rien au fait qu'elle a été le fait du peuple de Tunisie. Bien entendu, la Tunisie ne se trouve pas sur une autre planète et ses élites renouvelées devront tenir compte de la géographie et de l'économie.

    Il reste que la dynamique de transformation n'a pas été importée, les sociétés-écrans occidentales de la «démocratisation» téléguidée n'ont joué aucun rôle. Les seuls soutiens externes sont venus du travail d'information mené par les exilés de Ben Ali. Il faut espérer que les Tunisiens y trouveront une raison supplémentaire pour penser par eux-mêmes surtout que les ex-soutiens exogènes de Ben Ali commencent, à nouveau, à pontifier sur la «menace islamiste». Beaucoup sont convaincus - et ils n'ont pas tort - que le discours obsessionnel occidental sur cette «menace islamiste» n'est concrètement que l'expression du rejet de la démocratisation au Sud. L'empressement des agences de notation occidentales à baisser la note souveraine de la Tunisie est significatif : la démocratie dans les pays du Sud ne plaît pas aux marchés financiers qui ne font jamais - n'est-ce pas ? - de politique. L'autre trait de cette révolution en voie de devenir un authentique «modèle» a été la capacité des organisations de la société et notamment de la Centrale syndicale à encadrer le mouvement et à contrer la déviation violente orchestrée par les séides du régime.

    La dérive sécuritaire était la menace la plus grave pour la révolution et les Tunisiens semblent avoir rapidement réussi à fermer cette voie aux nervis du bénalisme. A cela s'ajoute un remarquable sens politique qui pousse les Tunisiens à exercer une pression sociale forte pour éviter que le système politico-policier ne se donne la capacité de vider la révolution de son sens ou de la contourner. Avec une pondération remarquable, les Tunisiens sont en passe de réussir un bouleversement radical. Ce n'est pas le moindre de leur mérite
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