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25 malades sont décédés en 2010 au CAC de Constantine

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  • 25 malades sont décédés en 2010 au CAC de Constantine

    Le personnel se plaint de la pénurie de médicaments, dont certains sont en rupture de stock depuis des mois. Pour le nouveau directeur du CHU, il s’agit plutôt de faire face à des problèmes de gestion et de mentalités.
    Il n’y a pas de médicaments pour traiter le cancer. Ou il y en a si peu que la tension a atteint aujourd’hui son paroxysme. Nous saurons des différents services du Centre anticancéreux (CAC) de Constantine qu’il y a eu au moins 25 décès survenus au cours de l’année 2010, avant la date du rendez-vous pour le traitement chimio-radiothérapique. Le cancer le plus fréquent est celui du sein avec 60% des cas, suivi de toutes les autres formes. Autant cette pathologie est lourde, autant il manque cruellement de moyens pour y faire face. Pourtant, le service de radiothérapie fonctionne avec le système de rotation avec trois équipes qui se relaient de 5h à 21h, sachant que ces structures accueillent les patients de 17 wilayas de l’est et du sud-est du pays. Or, des médicaments indispensables comme, par exemple, le cis-platinium, sont en rupture de stock depuis des mois.
    Une foule impressionnante de malades se répand, dès 5 h, dans les salles d’attente des trois services du CAC : médecine nucléaire, chimiothérapie et radiothérapie. «La semaine dernière, on a reçu 60 flacons de cis-platinium, qu’on a épuisés le même jour, sachant qu’il en faut 6 par patient», nous fait savoir une surveillante médicale. Selon elle, à cause du manque de médicaments, le personnel paramédical de ces différents services subit les foudres des proches des malades. Ces derniers ne comprennent pas cette pénurie, qu’ils imputent à une «hogra» caractérisée.
    Des rixes entre malades et paramédicaux
    «J’habite Skikda, j’ai entendu dire qu’ils avaient du cis-platinium, j’ai pris un taxi à 3000 DA pour faire venir ma mère malade, et en fin de compte, on me dit qu’il n’y en a pas. Ils savent à qui le réserver», dit avec amertume un jeune homme rencontré à proximité du CAC. Le personnel médical lui-même se plaint des pénuries de médicaments. «Cette maladie difficile rend les gens injustes, et ils s’imaginent des tas de choses», relève un infirmier. Pourtant, pour le directeur de l’hôpital, le Pr. Hocine Benkadri, c’est une question de gestion, de méthode et de mentalités. «C’est une échappatoire pour certains médecins d’avouer des faiblesses, car avec du sérieux et du dévouement, on peut venir à bout des obstacles», a-t-il relevé. «S’il faut sacrifier certaines têtes pour le bien des malades, je n’hésiterai pas», a-t-il ajouté. En somme, dans le triptyque du CAC, et en dépit de l’exiguïté des lieux, c’est le service de médecine nucléaire qui subit le moins de pression, selon son médecin-chef, le Pr. Farouk Mansouri, du fait qu’il y est traité un seul type de cancer, celui de la thyroïde ; ceci en plus des scintigraphies à effectuer au profit des autres pathologies. A titre d’exemple, l’année 2010 a vu l’arrivée de 403 nouveaux malades dans ce service. «Nous avons recours à un programme limité, car il n’existe qu’une seule machine, la gamma caméra, pour les malades de tout l’Est ; nous avons seulement trois chambres d’irrathérapie pour 72 heures de traitement au profit de 8 malades par semaine, et donc les rendez-vous sont plus ou moins éloignés, sachant que le flux est de 6700 à 8000 malades/an ; ce cancer touche beaucoup plus les femmes (80%), mais il guérit dans 90% des cas», précise le Pr. Farouk Mansouri.
    Une chaîne de traitement souvent cassée
    Ailleurs, la tension est d’autant plus grande que c’est une véritable course contre la montre pour vaincre la maladie qui, elle, n’attend pas le rendez-vous pour évoluer. Le service d’oncologie médicale (chimiothérapie) est l’un des plus difficiles, car, selon son médecin-chef, le Pr. Tahar Filali, «le médicament de base, le cis-platinium, est indisponible à tous les niveaux ; sans compter que la chaîne de traitement est cassée en l’absence de radiothérapie. C’est un problème récurrent ; beaucoup de malades décèdent ; un quart seulement arrivent à faire la totalité de leur traitement». Il notera que le dernier trimestre de 2010 a été «calamiteux» avec 1 354 nouveaux cancéreux pour une capacité d’accueil de 34 lits seulement. Nous avons constaté de visu que le cabinet de consultation est un réduit occupant une minuscule partie d’un couloir rempli de courant d’air glacé, attenant à une salle d’attente encore plus miteuse. Les malades qui s’y trouvent dérangent continuellement ceux qui sont en consultation, allant jusqu’à ouvrir la porte. «Des conditions de travail désastreuses qui génèrent un stress incommensurable pour tout le monde», aux dires du personnel paramédical. Certains patients se plaignent «des manières inhumaines des personnels médical et paramédical», et ces derniers, de leur côté, dénoncent «les dures conditions» dans lesquelles ils exercent, sans compter le fait de gérer les «insultes et l’agressivité» des proches de malades. Nous avons rencontré des patients venus de Skikda, Guelma, Tébessa, Mila…
    Des patients qui viennent à l’aube
    C’est le protocole exigé par le type de cancer dont ils sont atteints. Le service de radiothérapie, dont le médecin-chef est le Pr. Aïcha Djemaâ, pâtit lui aussi de moult problèmes. «Ce sont les mêmes machines depuis 20 ans, indique notre interlocutrice.» «Elles tombent fréquemment en panne, car elles sont en fin de vie. Il faut savoir qu’elles activent pour 17 millions d’habitants, alors que les normes de l’OMS sont au minimum de 2 machines pour un million d’habitants. Ce sont 10 à 12 000 malades qui attendent, mais la maladie, elle, est impitoyable, elle n’attend pas», a-t-elle ajouté. «A titre illustratif, en 2008, on a pu traiter 3 500 malades, mais en 2009, à cause des pannes, nous en avons traité que 1 650. En 2010, le nombre de patients pris en charge est de 2101. Beaucoup récidivent, ou font des métastases à cause des retards mis dans les rendez-vous», déplore-t-elle. L’extrême exiguïté des lieux rend également le travail pénible et stressant. Toutefois, selon le Pr. Hocine Benkadri, des améliorations notables sont déjà en cours, comme la literie des malades qui a été renouvelée.
    Il est également attendu, «dans quelques mois, l’acquisition de trois nouveaux accélérateurs, dont la commande est déjà faite, et à des prix imbattables», an nonce le directeur du CHU. Il nous fera savoir aussi que «l’extension du CAC, ou 4e bunker, en cours de construction, sera livrée en avril prochain. Dans quelques mois, les CAC de Batna, Sétif et Annaba seront fonctionnels, ce qui réduira considérablement la charge sur Constantine, qui travaillera au maximum avec quatre wilayas», a-t-il fait savoir.
    Farida Hamadou, elwatan
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