Samedi 22 Janvier 2010. Deux nations nord-africaines, distantes de plusieurs centaines de kilomêtres, battent chacunes de leur côté les rues de leurs capitales respectives avec pourtant des aspirations identiques (ou presque).
Deux nations, jadis sous la coupe de l'Etat français, qui aujourd'hui, n'ont de cesse que de vouloir toutes deux et d'une voix semblable, entrevoir un avenir meilleur, débarrassé de toute dictature, et croire en une liberté possible.
Ces deux nations, la Tunisie, et l'Algérie, battaient chacune de leur côté le pavé. Deux peuples pleins d'espoirs, qui ont connu des fortunes diverses en cette journée de bataille sociale, affontant tantôt un gouvernement rigide à leur requêtes, tantôt un État autoritaire mettant en première ligne les matraques de la police.
En Tunisie, cela fait quelques jours déjà que l'ancien régime est tombé. Depuis le vendredi 14 Janvier, la dictature s'en est allée, avec comme symbôle l'exil de l'ancien président dictateur, Ben Ali. Une dictature tombée et remplacée par un gouvernement de transition, occupé par les pontes du RDC, le parti de l'ancien chef d'état, et dirigé comme cela était déjà le cas auparavant par le premier ministre Gannouchi, au grand dam d'un peuple qui se sent incompris.
Oui, aujourd'hui, alors que le premier ministre avait annoncé sa retraite politique, à la télévision nationale le vendredi 21 janvier, espérant ainsi calmer les ardeurs populaires, et que le parti du RDC avait dissous son comité directeur tout en restant actif, rien n'y a fait.
Les Tunisiens ont déambulé dans les rues du pays, plus particulièrement à Tunis où ils étaient des milliers, pour faire à nouveau entendre leur voix et leur volonté de changement politique radicale. Renfort de taille pour les manifestants, la présence solidaire des policiers qui eux aussi fleurissaient dans les cortèges, joignant de leur voix la Vox Populis.
Une volonté simple du peuple Tunisien, compréhensible par tous, à savoir mettre fin aux derniers caciques de l'ancien régime et plus précisément au parti du RDC, ainsi qu'au premier ministre Gannouchi, et aux ministres ayant de près ou de loin apporté leur aide à la valorisation en son temps du régime de Ben Ali.
Une révolte solidaire, qui n'aura de cesse que de se réunir jusqu'à ce qu'elle soit enfin entendue.
Une population euphorique et sûre d'elle après sa première victoire sur le clan Ben Ali/Trabelsi, certaine de pouvoir encore une fois faire bouger les choses, et de pouvoir encore une fois triompher d'un gouvernement sourd à leur appels.
Déjà de nouvelles manifestations sont prévues à travers le pays dans les prochains jours, alors que la reprise des cours est programmée pour ce lundi. Des cours qui, de sources sûres, seront c'est certain perturbés par de nombreuses manifestations dans les établissements scolaires.
Une manifestation qui, aujourd'hui, n'aura pas fait de blessés en Tunisie, tout du moins selon les premières informations en provenance de Tunis, tout en sachant que les mouvements du jour ne sont pas terminés et qu'ils sont loin de l'être alors que le gouvernement a barricadé à coup de barbelés les établissements du RDC, afin d'éviter que les manifestants ne se livrent à des pillages et autres saccages.
La Tunisie est loin encore d'être en paix avec elle-même, et le mouvement, bien que le gouvernement tente d'envoyer de nombreux signes d'apaisements, est loin d'être entériné.
En Algérie, ce samedi 22 janvier était là aussi un jour de protestations populaires à l'appel du mouvement RCD. En effet, après les émeutes qui avaient émaillés les premiers jours de janvier suite à, notamment, l'augmentation soudaine des prix des denrées alimentaires, le mouvement a repris aujourd'hui son souffle, dans un contexte social plus que délabré.
Outre les difficultés économiques, liées aux denrées alimentaires, pour lesquelles une première réponse temporaire a été donné, c'est dans un tout autre registre, déjà énoncé en janvier que les Algériens battaient le pavé aujourd'hui.
En effet, le principal argument de cette grogne était le taux de chômage cataclysmique, vécu par l'Algérie depuis de nombreuses années. Un taux de chômage touchant particulièrement les populations de jeunes actifs qui, ne trouvant pas d'emploi, se trouvent dans l'incapacité de se loger, se vêtir, se nourrir, etc... Une situation intolérable pour un peuple démuni, alors que l'Etat n'a de cesse, de part le commerce internationale qu'il établit, de s'enrichir sur le dos de la population locale.
Une manifestation qui donc devait débuter en fin de matinée avec comme lieu de rendez-vous le siège du RCD, situé rue du 1er Mai à Alger, mais qui tardera à prendre de l'ampleur.
Bien que les manifestants étaient nombreux peu avant midi (plusieurs centaines), la police l'était tout autant, et le ministre de l'Intérieur avait organisé les choses d'une façon telle que les sympatisants furent vite dispersés.
Matraques, chars à eau, hélicoptère, renforts policiers, barrages filtrants, gaz lacrymogène, boucliers, etc.. Un véritable arsenal de guerre déployé par le gouvernement pour éradiquer au plus vite un mouvement devenu imposant.
Dans la nuit, les renforts policiers acheminés sur Alger barraient les entrées de la capitale, interdisant aux bus de manifestants de s'introduire dans la cité. Un état de siège mis en place par un gouvernement qui n'a nullement l'intention de vivre ce que la Tunisie a vécuces dernières semaines, et qui est bien décidé à rester en place.
Une journée où les affrontements auront été nombreux, car après l'échec matinal des manifestants, de nouveaux nombreux groupes se sont formés dans l'après-midi, suite aux divers appels lancés sur les réseaux sociaux. La police a dû passer d'une manière plus ferme à la dissipation des rebelles du gouvernement Bouteflika.
Au total, selon les premières informations en provance d'Alger, pas moins de 42 blessés ont été recensés (parmi lesquels 7 policiers), à des degrés plus ou moins graves mais pour lesquels des hospitalisations ont toutes été nécessaires. Sans compter le nombre impressionant d'arrestations qui ont peuplé tout au long de l'après-midi les divers commissariats de la ville. Des arrestations justifiées par les forces de l'ordre sous prétexte de "troubles à l'ordre public", les manifestations étant interdites à Alger.
Un mouvemement qui à la base se voulait pacifique, mais qui aura été sur décision gouvernementale réprimandé violemment par un gouvernement peu enclin à laisser croire à son peuple qu'il pouvait lui aussi renverser le pouvoir.
Une explosion sociale est en passe de se dessiner en Algérie, les violences du jour n'ayant fait que renforcer les convictions du peuple et attiser encore un peu plus la colère de la population. La grogne est au bord de l'explosion, le pays aux prémices d'une révolution, et il faudra maintenant plus que des promesses au président Bouteflika pour conserver son trône doré.
Deux pays, deux nations, qui aujourd'hui se sont battues pour elle même, pour leur avenir, pour leur libertés. Deux nations bien décidées à ne plus se laisser asservir, et à ne plus se laisser dicter leur conduite par des gouvernements corrompus n'ayant que pour seul volonté l'enrichissement personnel et "l'exploitation" de leur population.
Deux gouvernements dont les jours sont comptés, et qui vont devoir encore affronter la colère d'une population bien décidée à prendre son avenir en main.
lepost.fr
Deux nations, jadis sous la coupe de l'Etat français, qui aujourd'hui, n'ont de cesse que de vouloir toutes deux et d'une voix semblable, entrevoir un avenir meilleur, débarrassé de toute dictature, et croire en une liberté possible.
Ces deux nations, la Tunisie, et l'Algérie, battaient chacune de leur côté le pavé. Deux peuples pleins d'espoirs, qui ont connu des fortunes diverses en cette journée de bataille sociale, affontant tantôt un gouvernement rigide à leur requêtes, tantôt un État autoritaire mettant en première ligne les matraques de la police.
En Tunisie, cela fait quelques jours déjà que l'ancien régime est tombé. Depuis le vendredi 14 Janvier, la dictature s'en est allée, avec comme symbôle l'exil de l'ancien président dictateur, Ben Ali. Une dictature tombée et remplacée par un gouvernement de transition, occupé par les pontes du RDC, le parti de l'ancien chef d'état, et dirigé comme cela était déjà le cas auparavant par le premier ministre Gannouchi, au grand dam d'un peuple qui se sent incompris.
Oui, aujourd'hui, alors que le premier ministre avait annoncé sa retraite politique, à la télévision nationale le vendredi 21 janvier, espérant ainsi calmer les ardeurs populaires, et que le parti du RDC avait dissous son comité directeur tout en restant actif, rien n'y a fait.
Les Tunisiens ont déambulé dans les rues du pays, plus particulièrement à Tunis où ils étaient des milliers, pour faire à nouveau entendre leur voix et leur volonté de changement politique radicale. Renfort de taille pour les manifestants, la présence solidaire des policiers qui eux aussi fleurissaient dans les cortèges, joignant de leur voix la Vox Populis.
Une volonté simple du peuple Tunisien, compréhensible par tous, à savoir mettre fin aux derniers caciques de l'ancien régime et plus précisément au parti du RDC, ainsi qu'au premier ministre Gannouchi, et aux ministres ayant de près ou de loin apporté leur aide à la valorisation en son temps du régime de Ben Ali.
Une révolte solidaire, qui n'aura de cesse que de se réunir jusqu'à ce qu'elle soit enfin entendue.
Une population euphorique et sûre d'elle après sa première victoire sur le clan Ben Ali/Trabelsi, certaine de pouvoir encore une fois faire bouger les choses, et de pouvoir encore une fois triompher d'un gouvernement sourd à leur appels.
Déjà de nouvelles manifestations sont prévues à travers le pays dans les prochains jours, alors que la reprise des cours est programmée pour ce lundi. Des cours qui, de sources sûres, seront c'est certain perturbés par de nombreuses manifestations dans les établissements scolaires.
Une manifestation qui, aujourd'hui, n'aura pas fait de blessés en Tunisie, tout du moins selon les premières informations en provenance de Tunis, tout en sachant que les mouvements du jour ne sont pas terminés et qu'ils sont loin de l'être alors que le gouvernement a barricadé à coup de barbelés les établissements du RDC, afin d'éviter que les manifestants ne se livrent à des pillages et autres saccages.
La Tunisie est loin encore d'être en paix avec elle-même, et le mouvement, bien que le gouvernement tente d'envoyer de nombreux signes d'apaisements, est loin d'être entériné.
En Algérie, ce samedi 22 janvier était là aussi un jour de protestations populaires à l'appel du mouvement RCD. En effet, après les émeutes qui avaient émaillés les premiers jours de janvier suite à, notamment, l'augmentation soudaine des prix des denrées alimentaires, le mouvement a repris aujourd'hui son souffle, dans un contexte social plus que délabré.
Outre les difficultés économiques, liées aux denrées alimentaires, pour lesquelles une première réponse temporaire a été donné, c'est dans un tout autre registre, déjà énoncé en janvier que les Algériens battaient le pavé aujourd'hui.
En effet, le principal argument de cette grogne était le taux de chômage cataclysmique, vécu par l'Algérie depuis de nombreuses années. Un taux de chômage touchant particulièrement les populations de jeunes actifs qui, ne trouvant pas d'emploi, se trouvent dans l'incapacité de se loger, se vêtir, se nourrir, etc... Une situation intolérable pour un peuple démuni, alors que l'Etat n'a de cesse, de part le commerce internationale qu'il établit, de s'enrichir sur le dos de la population locale.
Une manifestation qui donc devait débuter en fin de matinée avec comme lieu de rendez-vous le siège du RCD, situé rue du 1er Mai à Alger, mais qui tardera à prendre de l'ampleur.
Bien que les manifestants étaient nombreux peu avant midi (plusieurs centaines), la police l'était tout autant, et le ministre de l'Intérieur avait organisé les choses d'une façon telle que les sympatisants furent vite dispersés.
Matraques, chars à eau, hélicoptère, renforts policiers, barrages filtrants, gaz lacrymogène, boucliers, etc.. Un véritable arsenal de guerre déployé par le gouvernement pour éradiquer au plus vite un mouvement devenu imposant.
Dans la nuit, les renforts policiers acheminés sur Alger barraient les entrées de la capitale, interdisant aux bus de manifestants de s'introduire dans la cité. Un état de siège mis en place par un gouvernement qui n'a nullement l'intention de vivre ce que la Tunisie a vécuces dernières semaines, et qui est bien décidé à rester en place.
Une journée où les affrontements auront été nombreux, car après l'échec matinal des manifestants, de nouveaux nombreux groupes se sont formés dans l'après-midi, suite aux divers appels lancés sur les réseaux sociaux. La police a dû passer d'une manière plus ferme à la dissipation des rebelles du gouvernement Bouteflika.
Au total, selon les premières informations en provance d'Alger, pas moins de 42 blessés ont été recensés (parmi lesquels 7 policiers), à des degrés plus ou moins graves mais pour lesquels des hospitalisations ont toutes été nécessaires. Sans compter le nombre impressionant d'arrestations qui ont peuplé tout au long de l'après-midi les divers commissariats de la ville. Des arrestations justifiées par les forces de l'ordre sous prétexte de "troubles à l'ordre public", les manifestations étant interdites à Alger.
Un mouvemement qui à la base se voulait pacifique, mais qui aura été sur décision gouvernementale réprimandé violemment par un gouvernement peu enclin à laisser croire à son peuple qu'il pouvait lui aussi renverser le pouvoir.
Une explosion sociale est en passe de se dessiner en Algérie, les violences du jour n'ayant fait que renforcer les convictions du peuple et attiser encore un peu plus la colère de la population. La grogne est au bord de l'explosion, le pays aux prémices d'une révolution, et il faudra maintenant plus que des promesses au président Bouteflika pour conserver son trône doré.
Deux pays, deux nations, qui aujourd'hui se sont battues pour elle même, pour leur avenir, pour leur libertés. Deux nations bien décidées à ne plus se laisser asservir, et à ne plus se laisser dicter leur conduite par des gouvernements corrompus n'ayant que pour seul volonté l'enrichissement personnel et "l'exploitation" de leur population.
Deux gouvernements dont les jours sont comptés, et qui vont devoir encore affronter la colère d'une population bien décidée à prendre son avenir en main.
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