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Cela n'étonne personne...Car ce n'est qu'une extrapolation de l'évolution en présent.....
Google = Yahoo! 2.0
Deuxième chronique de Pierre Chappaz pour Libération.fr • Chaque semaine, le fondateur de Kelkoo et patron d'un futur moteur de recherche décryptera cette nouvelle frontière de l'Internet appelée 2.0
Le Web 2.0 n'est pas arrivé subitement dans un monde Internet vierge. Pour mieux comprendre l'évolution en cours, il convient de se pencher sur les rapports entre les deux leaders du Net, Yahoo! et Google. Le premier vient de fêter ses dix ans, le second, plus jeune, n'a ouvert ses portes qu'en septembre 1998. Pourtant Google génère déjà davantage de revenus que Yahoo!, sa croissance est beaucoup plus forte, et sa valorisation boursière est le triple de celle de la société de Sunnyvale. L'action Google a triplé depuis son introduction au Nasdaq à l'été 2004. Qu'est-ce qui explique cette dynamique?
Googlisation du marché
Chacun a en tête la place éminente du moteur de recherche de Google, qui concentre plus de 80% des requêtes en Europe. La situation est un peu différente aux Etats-Unis, où Google ne représente que 42% du marché, devant Yahoo à 27% suivi par MSN 13% et Ask 6%. Mais il y a un an la part de Google n'était que de 36%... la tendance est nette: sur le continent américain aussi, la « googlisation » du marché des moteurs de recherche est en bonne voie.
Rappelons que Yahoo! est né d'un simple annuaire. La liste des sites préférés des deux fondateurs David Filo et Jerry Yang a plu, l'audience a commencé à grimper, la marque Yahoo! était lancée. Google, lui, est né moteur de recherche. Une méthode d'accès à l'information autrement plus efficace que la navigation un peu poussive dans la liste de sites d'un annuaire! Google n'était pas le premier moteur, mais grâce à une innovation — le classement des résultats selon la popularité des pages, qui permet d'obtenir une meilleure pertinence — il eu vite fait d'enterrer l'ancêtre Altavista.
Yahoo! a bien un moteur de recherche aujourd'hui, mais il ne l'a pas créé. Il l'a acheté en mettant la main sur la régie de liens sponsorisés Overture, qui avait elle-même racheté Inktomi, le développeur de ce moteur. Le service de Yahoo! n'est pas mauvais — la différence avec Google est assez peu perceptible lors d'un "blind test" — mais le moteur est noyé sur la page du portail qui offre une multitude d'autres services... Et presque personne ne pense à aller sur Yahoo! pour effectuer une recherche!
Clics et mathématiques
Venons-en maintenant aux liens sponsorisés qui sont le fondement du modèle de revenus de Google et de nombreux autres sites Internet. Google n'a pas inventé ce système d'enchères où les liens commerciaux sont vendus au plus offrant; l'inventeur est précisément Overture. Mais Google a créé un système encore plus astucieux, une version 2.0 : les liens sont affichés en fonction d'un ordre de priorité qui ne tient pas compte seulement du prix payé par l'annonceur pour chaque clic, mais aussi du taux de clic! Et comme le revenu est égal au produit du taux de clic par le prix du clic, Google gagne plus d'argent que Yahoo! Le système de Google est très complexe sur le plan mathématique, et jusqu'ici Yahoo! n'a pas réussi à percer son secret. Il se murmure même que Google aurait récemment introduit de nouveaux paramètres dans son système Adwords visant à favoriser les petits annonceurs, marchands et marques, au détriment des grands intermédiaires comme eBay, Amazon et ... Kelkoo. Ceux-ci captaient une grande part du trafic issu des liens sponsorisés grâce à des affiliés chargés d'acheter les mêmes mots-clés en double ou en triple. Cette facilité a disparu. Google peaufine son système afin de distribuer le trafic payant au plus grand nombre de clients possibles. Objectif: affaiblir les intermédiaires qui sont aussi des concurrents pour la revente du trafic.
Dans le domaine de la recherche et des liens sponsorisés, Google est donc gagnant non pas parce qu'il a inventé, mais parce qu'il a réinventé.
Nous parlerons la semaine prochaine du portail virtuel que Google est en train de constituer.
- Liberation.
Google = Yahoo! 2.0
Deuxième chronique de Pierre Chappaz pour Libération.fr • Chaque semaine, le fondateur de Kelkoo et patron d'un futur moteur de recherche décryptera cette nouvelle frontière de l'Internet appelée 2.0
Le Web 2.0 n'est pas arrivé subitement dans un monde Internet vierge. Pour mieux comprendre l'évolution en cours, il convient de se pencher sur les rapports entre les deux leaders du Net, Yahoo! et Google. Le premier vient de fêter ses dix ans, le second, plus jeune, n'a ouvert ses portes qu'en septembre 1998. Pourtant Google génère déjà davantage de revenus que Yahoo!, sa croissance est beaucoup plus forte, et sa valorisation boursière est le triple de celle de la société de Sunnyvale. L'action Google a triplé depuis son introduction au Nasdaq à l'été 2004. Qu'est-ce qui explique cette dynamique?
Googlisation du marché
Chacun a en tête la place éminente du moteur de recherche de Google, qui concentre plus de 80% des requêtes en Europe. La situation est un peu différente aux Etats-Unis, où Google ne représente que 42% du marché, devant Yahoo à 27% suivi par MSN 13% et Ask 6%. Mais il y a un an la part de Google n'était que de 36%... la tendance est nette: sur le continent américain aussi, la « googlisation » du marché des moteurs de recherche est en bonne voie.
Rappelons que Yahoo! est né d'un simple annuaire. La liste des sites préférés des deux fondateurs David Filo et Jerry Yang a plu, l'audience a commencé à grimper, la marque Yahoo! était lancée. Google, lui, est né moteur de recherche. Une méthode d'accès à l'information autrement plus efficace que la navigation un peu poussive dans la liste de sites d'un annuaire! Google n'était pas le premier moteur, mais grâce à une innovation — le classement des résultats selon la popularité des pages, qui permet d'obtenir une meilleure pertinence — il eu vite fait d'enterrer l'ancêtre Altavista.
Yahoo! a bien un moteur de recherche aujourd'hui, mais il ne l'a pas créé. Il l'a acheté en mettant la main sur la régie de liens sponsorisés Overture, qui avait elle-même racheté Inktomi, le développeur de ce moteur. Le service de Yahoo! n'est pas mauvais — la différence avec Google est assez peu perceptible lors d'un "blind test" — mais le moteur est noyé sur la page du portail qui offre une multitude d'autres services... Et presque personne ne pense à aller sur Yahoo! pour effectuer une recherche!
Clics et mathématiques
Venons-en maintenant aux liens sponsorisés qui sont le fondement du modèle de revenus de Google et de nombreux autres sites Internet. Google n'a pas inventé ce système d'enchères où les liens commerciaux sont vendus au plus offrant; l'inventeur est précisément Overture. Mais Google a créé un système encore plus astucieux, une version 2.0 : les liens sont affichés en fonction d'un ordre de priorité qui ne tient pas compte seulement du prix payé par l'annonceur pour chaque clic, mais aussi du taux de clic! Et comme le revenu est égal au produit du taux de clic par le prix du clic, Google gagne plus d'argent que Yahoo! Le système de Google est très complexe sur le plan mathématique, et jusqu'ici Yahoo! n'a pas réussi à percer son secret. Il se murmure même que Google aurait récemment introduit de nouveaux paramètres dans son système Adwords visant à favoriser les petits annonceurs, marchands et marques, au détriment des grands intermédiaires comme eBay, Amazon et ... Kelkoo. Ceux-ci captaient une grande part du trafic issu des liens sponsorisés grâce à des affiliés chargés d'acheter les mêmes mots-clés en double ou en triple. Cette facilité a disparu. Google peaufine son système afin de distribuer le trafic payant au plus grand nombre de clients possibles. Objectif: affaiblir les intermédiaires qui sont aussi des concurrents pour la revente du trafic.
Dans le domaine de la recherche et des liens sponsorisés, Google est donc gagnant non pas parce qu'il a inventé, mais parce qu'il a réinventé.
Nous parlerons la semaine prochaine du portail virtuel que Google est en train de constituer.
- Liberation.