La marche réprimée du RCD vue par les Algérois
Retour à la normale, hier, dans les rues de la capitale, après la houleuse journée de samedi, où Alger la Blanche était devenue «Alger la Bleue», suite au déploiement policier sans précédent qu’elle a connu.
Les boutiques étaient ouvertes aux chalands, le trafic a renoué avec ses bouchons infernaux et les imposants camions de police ont été retirés de la plupart des sites où ils étaient postés avant-hier.
Virée au bureau régional du RCD, rue Didouche Mourad, qui avait été hermétiquement assiégé ce 22 janvier. Le drapeau tunisien est toujours accroché au balcon aux côtés de l’emblème algérien en signe de solidarité avec la «Révolution du jasmin».
Les militants du parti revenaient à peine de leurs émotions après la rude bataille qui les a opposés aux services de sécurité tout au long de la journée de samedi. «Nous avons dénombré tout de même une quarantaine de blessés et plusieurs interpellations. Mais tous nos militants sont rentrés chez eux. Nos députés ont veillé personnellement à aller dans les commissariats pour assister les personnes appréhendées et s’assurer de leur libération», nous dit Abderrahmane Oukali, président du bureau d’Alger du RCD.
Pour lui, le moral des troupes est loin d’être atteint, bien au contraire. «Comme l’a dit le Dr Saïd Sadi, ceci n’est que le commencement. Non seulement nous avons un très bon moral, mais nous nous projetons déjà dans les actions futures.» «Nous, nous avons délivré un message rassembleur. D’ailleurs, nous n’avons pas mis en avant des slogans partisans», analyse après coup Abderrahmane Oukali, avant de reprendre : «Les gens doivent maintenant sortir de leurs carcans partisans. Nous avons tous un même mot d’ordre qui est la démocratie.» Côté vox populi, l’initiative du RCD a été diversement appréciée.
Discussion avec un groupe de jeunes lycéens, ayant entre 16 et 18 ans. «Ce parti fait ça pour qu’on parle de lui ou pour qu’on vote pour lui», lâche l’un d’eux. «Mais je pense qu’ils auraient dû le laisser faire sa marche, et c’est au peuple de décider s’il marche avec lui ou pas.» Son acolyte enchaîne : «Ce que fait la police, c’est grave. Les policers n’arrêtent pas de provoquer le peuple. Il n’y a qu’à voir les retraits de permis, les barrages. Wechnou hada ? Si ça continue comme ça, ça va être la Tunisie !» Un autre renchérit : «Y’en a marre mel hogra. Trop d’injustice ! Vous savez, moi j’ai participé aux émeutes à Bab El Oued, j’ai lapidé les flics et tout. Et ce n’est pas vrai qu’on a fait ça pour l’huile et le sucre, on a fait ça à cause de la hogra ! Il n’y a pas d’avenir dans ce pays. Nous, on est lycéens et on voit déjà win rahi rayha. Si tu n’as pas d’argent, wahed ma yekhzer fik.» Et un de ses camarades de lancer : «C’est bête, ces jeunes qui se brûlent comme ça. Waâlach ! Pourquoi tu fais ça à ta pauvre maman au lieu d’aller brûler la présidence ou le gouvernement ?! Eddoula hadi haggara. C’est à eux de cramer, pas à nous !»
Une jeune informaticienne, 26 ans, s’est rendue pour sa part à la place du 1er Mai pour participer à la marche, confie-t-elle. «Je ne suis pas du RCD, j’aurais fait ça même si c’était un autre parti qui avait pris cette initiative. Et j’ai été vraiment étonnée de voir autant de policiers», témoigne-t-elle. «Je trouve cette réaction franchement exagérée. Mais je pense que l’interdiction va donner plus d’énergie et de volonté aux gens pour marcher, même si je considère que c’est une défaite pour le RCD. Je pense qu’il y a urgence à ce que les forces de l’opposition fassent front autour d’une idée, pas autour d’un homme ou d’un parti, et qu’ils agissent ensemble.» Un autre citoyen, dans les 55 ans, cadre dans une institution publique, martèle : «Mais pour qui nous prennent-ils ? On dirait une force d’occupation ! Qu’ils laissent les gens s’exprimer ! En tout cas, le RCD a marqué des points. Chapeau !»
Enfin, pour ce boulanger installé à Meissonnier, l’action du RCD est «à saluer, même si ce n’est pas très sage vu la situation». «Même si eux sont sincères, il y aurait eu certainement des voyous qui auraient profité de la marche pour casser. Cela dit, je pense que la police doit mieux se comporter avec le peuple. Il n’y a qu’à voir le barrage de Reghaïa. Et puis, qu’ils laissent les jeunes sans emploi vendre tranquillement dans la rue. Ce jeune n’a pas d’autre source de subsistance, et si tu le chasses, il est capable du pire.»
Mustapha Benfodil
Retour à la normale, hier, dans les rues de la capitale, après la houleuse journée de samedi, où Alger la Blanche était devenue «Alger la Bleue», suite au déploiement policier sans précédent qu’elle a connu.
Les boutiques étaient ouvertes aux chalands, le trafic a renoué avec ses bouchons infernaux et les imposants camions de police ont été retirés de la plupart des sites où ils étaient postés avant-hier.
Virée au bureau régional du RCD, rue Didouche Mourad, qui avait été hermétiquement assiégé ce 22 janvier. Le drapeau tunisien est toujours accroché au balcon aux côtés de l’emblème algérien en signe de solidarité avec la «Révolution du jasmin».
Les militants du parti revenaient à peine de leurs émotions après la rude bataille qui les a opposés aux services de sécurité tout au long de la journée de samedi. «Nous avons dénombré tout de même une quarantaine de blessés et plusieurs interpellations. Mais tous nos militants sont rentrés chez eux. Nos députés ont veillé personnellement à aller dans les commissariats pour assister les personnes appréhendées et s’assurer de leur libération», nous dit Abderrahmane Oukali, président du bureau d’Alger du RCD.
Pour lui, le moral des troupes est loin d’être atteint, bien au contraire. «Comme l’a dit le Dr Saïd Sadi, ceci n’est que le commencement. Non seulement nous avons un très bon moral, mais nous nous projetons déjà dans les actions futures.» «Nous, nous avons délivré un message rassembleur. D’ailleurs, nous n’avons pas mis en avant des slogans partisans», analyse après coup Abderrahmane Oukali, avant de reprendre : «Les gens doivent maintenant sortir de leurs carcans partisans. Nous avons tous un même mot d’ordre qui est la démocratie.» Côté vox populi, l’initiative du RCD a été diversement appréciée.
Discussion avec un groupe de jeunes lycéens, ayant entre 16 et 18 ans. «Ce parti fait ça pour qu’on parle de lui ou pour qu’on vote pour lui», lâche l’un d’eux. «Mais je pense qu’ils auraient dû le laisser faire sa marche, et c’est au peuple de décider s’il marche avec lui ou pas.» Son acolyte enchaîne : «Ce que fait la police, c’est grave. Les policers n’arrêtent pas de provoquer le peuple. Il n’y a qu’à voir les retraits de permis, les barrages. Wechnou hada ? Si ça continue comme ça, ça va être la Tunisie !» Un autre renchérit : «Y’en a marre mel hogra. Trop d’injustice ! Vous savez, moi j’ai participé aux émeutes à Bab El Oued, j’ai lapidé les flics et tout. Et ce n’est pas vrai qu’on a fait ça pour l’huile et le sucre, on a fait ça à cause de la hogra ! Il n’y a pas d’avenir dans ce pays. Nous, on est lycéens et on voit déjà win rahi rayha. Si tu n’as pas d’argent, wahed ma yekhzer fik.» Et un de ses camarades de lancer : «C’est bête, ces jeunes qui se brûlent comme ça. Waâlach ! Pourquoi tu fais ça à ta pauvre maman au lieu d’aller brûler la présidence ou le gouvernement ?! Eddoula hadi haggara. C’est à eux de cramer, pas à nous !»
Une jeune informaticienne, 26 ans, s’est rendue pour sa part à la place du 1er Mai pour participer à la marche, confie-t-elle. «Je ne suis pas du RCD, j’aurais fait ça même si c’était un autre parti qui avait pris cette initiative. Et j’ai été vraiment étonnée de voir autant de policiers», témoigne-t-elle. «Je trouve cette réaction franchement exagérée. Mais je pense que l’interdiction va donner plus d’énergie et de volonté aux gens pour marcher, même si je considère que c’est une défaite pour le RCD. Je pense qu’il y a urgence à ce que les forces de l’opposition fassent front autour d’une idée, pas autour d’un homme ou d’un parti, et qu’ils agissent ensemble.» Un autre citoyen, dans les 55 ans, cadre dans une institution publique, martèle : «Mais pour qui nous prennent-ils ? On dirait une force d’occupation ! Qu’ils laissent les gens s’exprimer ! En tout cas, le RCD a marqué des points. Chapeau !»
Enfin, pour ce boulanger installé à Meissonnier, l’action du RCD est «à saluer, même si ce n’est pas très sage vu la situation». «Même si eux sont sincères, il y aurait eu certainement des voyous qui auraient profité de la marche pour casser. Cela dit, je pense que la police doit mieux se comporter avec le peuple. Il n’y a qu’à voir le barrage de Reghaïa. Et puis, qu’ils laissent les jeunes sans emploi vendre tranquillement dans la rue. Ce jeune n’a pas d’autre source de subsistance, et si tu le chasses, il est capable du pire.»
Mustapha Benfodil
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