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"Bavure" française lors de l'intervention au Niger

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    Bavure» française lors de l’intervention au Niger

    Trois gendarmes nigériens ont été tués par méprise durant la tentative de sauvetage des deux jeunes Français.

    Par THOMAS HOFNUNG, PATRICIA TOURANCHEAU


    Les corps des gendarmes nigériens tués au cours de l'assaut, le 10 janvier à Niamey. (REUTERS)
    A Paris, un responsable de l’enquête sur l’enlèvement au Niger des deux otages français tués au Mali, dans la nuit du 7 au 8 janvier, a affirmé vendredi à Libération que «les forces militaires françaises ayant donné l’assaut ont abattu par méprise trois gendarmes nigériens qui, en plus, avaient été faits prisonniers». Confirmation d’une autre source haute placée, selon laquelle il «s’agit bel et bien d’une bavure,due à un manque de coordination du COS», le Commandement des opérations spéciales. Mais, a tempéré ce haut fonctionnaire, «ces militaires ont des circonstances atténuantes car, vu du ciel, à bord d’hélicoptères de combat, en pleine nuit, la confusion était possible
    «Uniforme». C’est pourquoi Alain Juppé a déclassifié, vendredi, les photos et vidéos de cette opération militaire - à la demande du procureur de la République de Paris - «afin de lever le doute». «Ces images montrent que les militaires français ne savaient pas et ne pouvaient pas savoir que les gendarmes nigériens étaient pris en otages par Aqmià bord de leur propre véhicule, un 4 x 4 blanc, si l’on en croit un habilité secret-défense Et les tirs provenaient de leurs ravisseurs». Ces gendarmes kidnappés n’étaient «ni entravés ni attachés» et portaient certes des «hauts d’uniforme, des treillis, mais aussi des bas dépareillés.Du haut des hélicoptères, il n’était même pas évident de voir que ces hommes étaient des gendarmes», estime-t-il. La semaine dernière, un haut responsable nigérien avait déjà confié à l’AFP la possibilité d’une telle bavure : «Je ne dis pas que l’armée française a fait exprès, mais les militaires[nigériens], dont les corps ont été ramenés à Niamey, sont morts de tirs français.»
    Après avoir réfuté toute «bavure»et s’être publiquement interrogé sur«la raison de la présence» de gendarmes nigériens aux côtés des terroristes, Alain Juppé a rectifié son propos. Il a révélé qu’un affrontement avait eu lieu en territoire malien entre le commando d’Aqmi et les forces nigériennes lancées à leur poursuite. «Un certain nombre de gendarmes ont alors été tués, d’autres emmenés» à bord du 4X4 des militaires nigériens. «C’est un événement que nous n’avons pas connu d’emblée», a plaidé le ministre, arguant qu’il faut du temps pour analyser des images tournées à 4 000 mètres d’altitude.
    Trois hélicoptères Cougar de l’armée française et une trentaine d’hommes apportaient de l’aide aux militaires nigériens pour «tenter de bloquer» les ravisseurs de Vincent Delory et d’Antoine De Léocour, capturés en plein centre de Niamey, puis embarqués à bord de véhicules filant vers le Mali. Un ponte de l’antiterrorisme est convaincu que «cela valait le coup d’essayer, avant que les preneurs d’otages d’Aqmi n’entraînent nos deux jeunes Français dans des zones quasiment impénétrables».
    Mais l’attaque a mal tourné. Plusieurs accrochages et embuscades, ainsi que l’assaut final du convoi au petit matin, ont fait 7 morts, selon une source proche de l’enquête : les deux jeunes otages français, trois gendarmes nigériens kidnappés et deux ravisseurs. Cinq membres des forces nigériennes ont été blessés. Dans un premier temps, un responsable nigérien avait affirmé détenir deux membres présumés d’Aqmi, avant de se rétracter, indiquant qu’il s’agissait, en réalité, de gendarmes. A Niamey aussi, on nageait en pleine confusion. Le fait est qu’aucun terroriste n’a été appréhendé vivant, une partie du commando étant parvenu à s’enfuir.
    Les autopsies, à Paris, des corps rapatriés des deux otages ont établi - selon le procureur Jean-Claude Marin - qu’Antoine De Léocour a été«abattu» d’une balle dans la tête tirée «à bout touchant» avec une arme automatique, accréditant l’hypothèse «d’une exécution» par un ravisseur d’Aqmi. En revanche, a souligné le procureur, «les causes de la mort sont plus difficiles à établir pour Vincent Delory, [qui présente] cinq plaies par arme à feu, [mais aussi] des brûlures extrêmement importantes» sur le bas du corps. Le légiste n’avait pas pu encore déterminer si Vincent Delory a été tué par l’une des balles tirées par ses ravisseurs ou par l’incendie du véhicule provoqué par les militaires français. Un enquêteur de l’antiterrorisme précise que «trois des cinq balles l’ayant atteint sont de calibre 7,62 mm de kalachnikov, arme de prédilection d’Aqmi, qu’elles ne sont peut-être pas mortelles mais l’ont quand même touché à l’artère fémorale». Un complément d’examen médico-légal est en cours.
    Statut. Jeudi, le ministre nigérien de l’Intérieur a rencontré Alain Juppé à Paris pour mettre fin à la polémique entre les deux pays sur le statut réel de ces gendarmes (otages ou complices ?). «Nous nous sommes compris», a dit Ousmane Cissé, qui a révélé que deux d’entre eux, blessés durant l’assaut des forces françaises, ont été hospitalisés dans un établissement proche de Paris. «On leur doit bien ça», confie un haut responsable français.



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