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Terrorisme : Aqmi: à qui profite le crime

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  • Terrorisme : Aqmi: à qui profite le crime

    Par Mohammed Boudarham
    Terrorisme. AQMI profite le crime ?

    Un véritable arsenal de guerre a été découvert à Amgala, près du mur de défense du Sahara.(DR)

    Le Maroc serait-il dans la ligne de mire d’Al Qaïda au Maghreb Islamique (AQMI) ? La découverte de caches d’armes et les récentes arrestations tendent à le faire croire. Sécuritaires et observateurs tirent la sonnette d’alarme.


    Les déclarations de Taïeb Cherkaoui à la presse sont rares, mais ont un point commun : ses deux seules et uniques sorties médiatiques ont été consacrées à Al Qaïda au Maghreb islamique (AQMI). A la mi-octobre 2010, le ministre de l’Intérieur a ainsi annoncé le démantèlement d’un
    réseau de 34 personnes impliquées dans le trafic de drogue avec l’appui d’AQMI. Les terroristes, contre rétribution, auraient assuré la sécurité de convois de drogue en provenance d’Amérique Latine et à destination de l’Europe via le Maroc. Le 5 janvier 2011, Taïeb Cherkaoui convoque de nouveau la presse pour faire part de l’arrestation de 27 individus liés à la “succursale” régionale d’Al Qaïda. Pire, le ministre de l’Intérieur informe de la saisie d’un véritable arsenal de guerre, enfoui près du mur de défense au Sahara. Soit une des zones militaires les plus verrouillées de la région, située à 220 kilomètres de Laâyoune.
    L’objectif des présumés terroristes, selon les autorités, est de recruter des jihadistes pour les entraîner dans les camps d’Al Qaïda au Sahel. Mais aussi de perpétrer des attentats au Maroc et s’attaquer à des établissements bancaires à Casablanca et Rabat, pour financer d’autres actions terroristes. Selon les autorités marocaines, ce dernier réseau aurait des liens avec des cellules terroristes dans plusieurs pays européens. L’identité et la nationalité des membres de ce dernier groupe n’ont pas été divulguées, à ce détail près que le “cerveau” est marocain et se trouve au nord du Mali, dans l’un des camps d’AQMI. Mais, selon Rabat, AQMI chercherait surtout à établir une base arrière au Maroc. Cela voudrait-il dire que la branche d’Al Qaïda au Maghreb, après avoir sévi en Algérie, au Mali, au Niger et en Mauritanie, s’apprête à faire du royaume le théâtre de nouvelles opérations ? Les chercheurs et spécialistes des mouvements terroristes restent divisés.

    Le royaume ciblé pour sa stabilité ?

    Ayant fait allégeance à Ben Laden en 2006, le GSPC (Groupe salafiste pour la prédication et le combat), algérien à l’origine, change d’appellation en 2007. Rebaptisé AQMI, le groupe entame de spectaculaires opérations dans plusieurs pays du Sahel. On ne compte plus, depuis, les attentats et surtout les prises d’otages perpétrés dans cette région. Le Maroc est toutefois resté à l’abri. Serait-ce son tour ? “En cherchant à établir des bases au Maroc, AQMI veut surtout se donner de la crédibilité en s’attaquant à un pays connu pour sa stabilité, et différent d’autres pays ayant des institutions fragiles, comme le Mali ou le Niger”, explique Mohamed Darif, universitaire et spécialiste des mouvances islamistes. Pour notre chercheur, AQMI est surtout à la quête de jihadistes sur qui elle pourra compter. “Les groupes locaux au Niger et au Mali, par exemple, servent d’abord à assurer le financement d’AQMI par les rançons et le trafic de drogue, mais la structure a besoin de nouvelles recrues pour mener des attentats, car c’est ce qui l’intéresse en premier lieu”, poursuit le chercheur.
    Pour expliquer l’attrait du Maroc pour AQMI, Mohamed Darif va encore plus loin : “Il s’agit de vengeance. Al Qaïda n’a jamais pardonné au Maroc d’avoir été l’un des premiers pays islamiques à s’allier à l’Occident, surtout les Etats-Unis, dans la lutte antiterroriste et d’avoir démantelé plusieurs cellules”. Cela signifie-t-il que le Maroc était réellement visé par des attentats terroristes ? Abdellah Rami, autre chercheur spécialiste des mouvements jihadistes, émet un doute. “Des caches d’armes, le Maroc en a découvert depuis quelques années dans le nord, notamment à Nador, comme c’était le cas avec le groupe Belliraj et avec Abdellah Neggaoui, du groupe Pierre-Robert. En réalité, ces armes étaient d’abord destinées aux groupes armés algériens”, relève le chercheur. Mais il n’écarte pas, dans l’absolu, des attentats préparés par AQMI. “La confrontation avec n’importe quel Etat de la région reste à l’ordre du jour et le Maroc pourrait être visé pour desserrer l’étau autour des groupes du Sahel, mais aussi pour montrer que les intérêts de l’Occident, ennemi numéro 1, ne sont à l’abri nulle part”, analyse Abdellah Rami.

    AQMI-Polisario, l’alliance impossible ?



    Depuis quelque temps, le Maroc joue la carte AQMI en particulier et celle du terrorisme en général pour discréditer le Polisario et promouvoir le plan d’autonomie pour le Sahara. En substance, le Maroc affirme qu’un Etat-tampon pour les Sahraouis reviendrait à étendre un territoire (le Sahel) déjà incontrôlable, et constituerait donc une aubaine pour Al Qaïda. Rabat va parfois jusqu’à insinuer que le Polisario aurait des liens avec Al Qaïda. “Dire que de tels liens existeraient serait aller vite en besogne, mais il a été établi qu’Al Qaïda recrutait parmi les habitants des camps de Tindouf”, affirme Mohamed Darif. Pour le chercheur, AQMI a besoin de recrues parlant arabe, ayant de préférence une première expérience militaire et connaissant mieux que quiconque le territoire. A l’en croire, la culture conservatrice des Sahraouis serait également un atout. AQMI mettrait aussi à profit la situation difficile dans les camps.
    Mais que gagnerait le Polisario à s’allier avec AQMI ? “L’intérêt du Polisario serait de faciliter la tâche à Al Qaïda pour discréditer la thèse marocaine et l’image d’un régime garant de sécurité pour lui et ses voisins. Dans ce sens, on pourrait parler d’alliance objective entre les séparatistes et les terroristes”, conclut Mohamed Darif, qui ose une question lourde de sens : et si les armes découvertes à Amgala étaient à l’origine destinées aux émeutiers de Laâyoune et du camp d’Agdim Izik ? Le temps nous le dira peut-être. En tout cas, de l’avis de plusieurs chercheurs, Al Qaïda utilisait rarement de telles armes dans ses opérations, préférant plutôt les attentats à la voiture piégée et les kamikazes qui emportent leurs secrets avec eux.
    Et l’Algérie dans tout cela ? “Il s’agit d’une lutte de positionnement géostratégique, chaque pays essayant de se présenter comme le sauveur de la région quand il s’agit de lutte contre le terrorisme”, répond Abdellah Rami. Et les exemples ne manquent pas. Le Maroc, entre autres, a maintes fois été exclu (s’est exclu ?) de réunions de coordination organisées en Algérie ou dans des pays du Sahel. “Il est erroné d’affirmer que les deux pays ne coopèrent pas dans la lutte antiterroriste, même au plus fort des crises entre les deux voisins. Sinon, cela mettrait toute la région en péril”, rectifie une source sécuritaire marocaine.


    Amgala. Ce qu’on en sait…
    Les autorités marocaines restent bouche cousue, ou presque, au sujet de la cellule terroriste récemment démantelée. Une source informée nous a aidés à reconstituer cette énième traque, mais sans fournir de dates. N.Y., le Marocain présenté comme le cerveau du groupe et installé au nord du Mali, aurait chargé A.F. (de Figuig) d’aider M.M. (présenté comme un dangereux terroriste) à quitter le territoire, via l’Algérie, pour rejoindre les camps d’AQMI. A.F et M.M. se font prendre à la frontière. Sur le premier, la police découvre des coordonnées GPS, des codes et un téléphone Thuraya. Les renseignements sont transmis à l’armée pour déchiffrage.
    La suite, on la connaît : les trois caches d’armes d’Amgala sont découvertes. Bien avant, des arrestations avaient déjà eu lieu à El Jadida, Ahfir, Rabat, Mohammédia, Casablanca, Laâyoune… Selon nos sources, le Maroc court encore après plusieurs autres individus, notamment trois personnes installées en Espagne, en France et au Danemark.


    Telquel
    " Celui qui passe devant une glace sans se reconnaitre, est capable de se calomnier sans s'en apercevoir "
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