Quels choix politiques s’offrent aux Algériens ? La question mérite d'êtte posée car là on est à mi chemin du parcours présidentiel de la seconde mandature et l'heure peut être au bilan. La question peut être posée mais quand à trouver la réponse...
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A trois années de l’arrivée à terme du second mandat du président Bouteflika et sept années après l’entame de son premier mandat, c’est selon le bord politique sur lequel se positionnent les uns et les autres parmi les acteurs de la scène politique nationale, divers points de vue sont répartissables et à répertorier sur un champ politique pas toujours clair.
Et pour cause, les normes ici, dans un pays venant de boucler les retombées immédiates d’une des crises les plus sanglantes de l’histoire récente de l’humanité, ne sont pas échelonnées à l’universalité.
Il est vrai que l’hypothèque de l’utilisation de la religion à des fins politiques, l’islamisme dans ce cas, n’est pas entièrement levée en dépit des efforts déployés, y compris par le dernier en date, la «Charte pour la paix et la réconciliation nationale», en l’occurrence.
Autre constat : un flou monstre entoure la vie politique algérienne, notamment à l’heure des rendez-vous électoraux.
Sur ce plan, le gagnant crie toujours «victoire» et le perdant dénonce inévitablement la «fraude». Au milieu, la majorité des Algériens se démarquent de batailles trop souvent menées à coup de mensonges et de fausses promesses.
Les discours se font alors piètres, éclaboussant pour mieux obstruer la vue à une société pourtant avide de normalité, comparée aux pays développés et démocratiques, bref, avide de réelle sortie de crise. De toutes les crises. Y compris, et surtout celles autour du pouvoir. Celui législatif qui est séparé des autres, théoriquement du moins, pointe le nez pour un renouvellement autour de la mi-2007, suscitant des convoitises multiples de la part des partis quelque soient leurs positions par rapport au centre de décision dans le pays qu’incarne, constitutionnellement du moins, le magistrat suprême du pays. Celui en poste, Abdelaziz Bouteflika en l’occurrence, achève, en ce 8 avril 2006, sa septième année à la présidence de la République. Il lui en reste trois et, probablement –selon ses principaux soutiens dont le FLN de Abdelaziz Belkhadem, présentement majoritaire dans les institutions de l’Etat-, un troisième mandat dans le cas où la Constitution viendrait à être révisée.
Mais, en 2009, il ne s’agira pas uniquement d’un scrutin présidentiel, le quatrième à voir participer plusieurs candidats de différents bords politiques après ceux de 1995, de 1999 et de 2004, mais aussi et surtout du bouclage de deux décennies d’essayage à l’exercice pluraliste. A ce sujet précis mais aux complexités si nombreuses et imprécises à la fois, le constat, dix-sept ans après l’adoption de l’article 40 portant permission de création légale de «formations à caractère politique» (Constitution de février 1989), et neuf ans et demi après l’amendement de cette dernière (devenue Constitution de novembre 1996), reste porteur de controverse.
Faudra-t-il aux composantes de l’opposition au pouvoir en place se rouler les pouces dans l’attente de meilleures règles de jeu et suffira-t-il aux staffs de l’Alliance présidentielle de faire en sorte que leurs trois sigles (FLN, RND et MSP) écrasent tout sur leur passage pour que l’Algérie puisse être amenée à bon port ? Assurément, la complexité de la tâche, dans les deux cas, ne préfigure aucune issue de bon augure pour le pays et ses quelque trente-trois millions d’habitants. Sans pour autant verser dans le pessimisme.
Dynamique d’une Algérie moderne : toujours l’aimantation…
Si le débat interne à l’Alliance présidentielle dégage des tergiversations chez les uns et des certitudes chez les autres, entre «FLNistes», «RNDistes» et «MSPistes», par rapport à cette question relative à la prochaine présidentielle, il y a lieu de relever qu’en termes de dénominateur commun, résiste, ce qui est logique en insistant sur le volet engagements préélectoraux, le soutien affiché par tous ces partis à la démarche globale du président de la République en poste dont la récente maladie a quelque peu freiné les ardeurs partisanes courtisanes quoique la guérison de Abdelaziz Bouteflika et l’approche des toutes prochaines législatives semblent avoir fini par raviver le brasier interne à ladite alliance.
Entre un Belkhadem (FLN) axant sur la nécessité de réviser la Constitution pour permettre d’ouvrir la voie à d’autres mandats pour le président de la République –l’actuelle loi suprême en fixe la limite à deux de cinq années chacun-, un Ouyahia (RND) qui tranche publiquement qu’il ne compte pas se présenter en 2009 contre Abdelaziz Bouteflika, et enfin, un Soltani Bouguerra (MSP) dont l’ambition de devenir «première force politique du pays» est caressée jusqu’à «concrétisation» de son rêve aux alentours de 2012 –soit les législatives qui suivront-, il y a une grande inconnue : Qu’en pense le président Bouteflika lui-même ?
Par ailleurs, et du côté du reste de la classe politique algérienne –celle s’inscrivant dans le camp de l’opposition-, émerge cette incapacité -quels que soient les courants la traversant et les raisons invoquées face à ses échecs- à se poser en véritable force et alternative à celle détentrice des rênes du pouvoir. Qu’ils s’appellent FFS, RCD, MRN-Islah, PT, MDS ou autres partis ou bien des groupes politiques rangés derrière des personnalités –issues des rangs du FLN pour la majorité d’entre elles-, ils n’ont, bien que leurs discours respectifs y fassent souvent référence, qu’un PPDC à faire valoir en dénominateur commun :
l’opposition au régime. Le tout sans œuvrer à tracer une voie à leur ambition, légitime en soi dans tout exercice politique et parfois commune, mais passant par la voie des urnes. Cela, bien que le débat sur la transparence de ces dernières ne soit pas encore clos en Algérie. Bref, et à ce rythme-là, la construction de véritables pôles politiques capables de permettre une visibilité citoyenne claire de l’avenir du pays n’apparaît pas être prête pour demain. Ni pour les législatives de 2007 ni pour la présidentielle de 2009.
Et ce n’est, faudra-t-il le rappeler encore, point du pessimisme.
Existera-t-il, un jour en Algérie -celle des décennies 2020, 2030, 2040 ou 2050-, une gauche plurielle et une alliance de droite, des extrêmes gauche et droite usant certes de leurs cantonnements mais guère de la violence physique et jamais de l’insulte ? Des formations pourront-elles, un jour aussi, se revendiquer d’un courant de centre-gauche ou d’un bloc de droite centriste ? En plus clair, l’Algérie se dotera-t-elle, même dans les moyen et long terme, d’un linéaire ou tracé politique, débarrassé de la donne intégriste fondamentaliste et capable de lui éviter les situations troubles qu’elle a eu à connaître à l’entame de la courte expérience démocratique du pays ?
A toutes ces questions, il n’est guère évident de répondre au jour d’aujourd’hui avec les tonnes de pesanteurs qui aimantent la dynamique possible d’une Algérie moderne et développée, et qui, en somme, veulent comme plomber le parcours amorcé d’un pays vers l’ouverture sur soi et sur le monde. Les stériles clivages ont la peau dure et seule une démocratisation approfondie pourra les éclipser. Un jour, peut-être…
Par la Tribune
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A trois années de l’arrivée à terme du second mandat du président Bouteflika et sept années après l’entame de son premier mandat, c’est selon le bord politique sur lequel se positionnent les uns et les autres parmi les acteurs de la scène politique nationale, divers points de vue sont répartissables et à répertorier sur un champ politique pas toujours clair.
Et pour cause, les normes ici, dans un pays venant de boucler les retombées immédiates d’une des crises les plus sanglantes de l’histoire récente de l’humanité, ne sont pas échelonnées à l’universalité.
Il est vrai que l’hypothèque de l’utilisation de la religion à des fins politiques, l’islamisme dans ce cas, n’est pas entièrement levée en dépit des efforts déployés, y compris par le dernier en date, la «Charte pour la paix et la réconciliation nationale», en l’occurrence.
Autre constat : un flou monstre entoure la vie politique algérienne, notamment à l’heure des rendez-vous électoraux.
Sur ce plan, le gagnant crie toujours «victoire» et le perdant dénonce inévitablement la «fraude». Au milieu, la majorité des Algériens se démarquent de batailles trop souvent menées à coup de mensonges et de fausses promesses.
Les discours se font alors piètres, éclaboussant pour mieux obstruer la vue à une société pourtant avide de normalité, comparée aux pays développés et démocratiques, bref, avide de réelle sortie de crise. De toutes les crises. Y compris, et surtout celles autour du pouvoir. Celui législatif qui est séparé des autres, théoriquement du moins, pointe le nez pour un renouvellement autour de la mi-2007, suscitant des convoitises multiples de la part des partis quelque soient leurs positions par rapport au centre de décision dans le pays qu’incarne, constitutionnellement du moins, le magistrat suprême du pays. Celui en poste, Abdelaziz Bouteflika en l’occurrence, achève, en ce 8 avril 2006, sa septième année à la présidence de la République. Il lui en reste trois et, probablement –selon ses principaux soutiens dont le FLN de Abdelaziz Belkhadem, présentement majoritaire dans les institutions de l’Etat-, un troisième mandat dans le cas où la Constitution viendrait à être révisée.
Mais, en 2009, il ne s’agira pas uniquement d’un scrutin présidentiel, le quatrième à voir participer plusieurs candidats de différents bords politiques après ceux de 1995, de 1999 et de 2004, mais aussi et surtout du bouclage de deux décennies d’essayage à l’exercice pluraliste. A ce sujet précis mais aux complexités si nombreuses et imprécises à la fois, le constat, dix-sept ans après l’adoption de l’article 40 portant permission de création légale de «formations à caractère politique» (Constitution de février 1989), et neuf ans et demi après l’amendement de cette dernière (devenue Constitution de novembre 1996), reste porteur de controverse.
Faudra-t-il aux composantes de l’opposition au pouvoir en place se rouler les pouces dans l’attente de meilleures règles de jeu et suffira-t-il aux staffs de l’Alliance présidentielle de faire en sorte que leurs trois sigles (FLN, RND et MSP) écrasent tout sur leur passage pour que l’Algérie puisse être amenée à bon port ? Assurément, la complexité de la tâche, dans les deux cas, ne préfigure aucune issue de bon augure pour le pays et ses quelque trente-trois millions d’habitants. Sans pour autant verser dans le pessimisme.
Dynamique d’une Algérie moderne : toujours l’aimantation…
Si le débat interne à l’Alliance présidentielle dégage des tergiversations chez les uns et des certitudes chez les autres, entre «FLNistes», «RNDistes» et «MSPistes», par rapport à cette question relative à la prochaine présidentielle, il y a lieu de relever qu’en termes de dénominateur commun, résiste, ce qui est logique en insistant sur le volet engagements préélectoraux, le soutien affiché par tous ces partis à la démarche globale du président de la République en poste dont la récente maladie a quelque peu freiné les ardeurs partisanes courtisanes quoique la guérison de Abdelaziz Bouteflika et l’approche des toutes prochaines législatives semblent avoir fini par raviver le brasier interne à ladite alliance.
Entre un Belkhadem (FLN) axant sur la nécessité de réviser la Constitution pour permettre d’ouvrir la voie à d’autres mandats pour le président de la République –l’actuelle loi suprême en fixe la limite à deux de cinq années chacun-, un Ouyahia (RND) qui tranche publiquement qu’il ne compte pas se présenter en 2009 contre Abdelaziz Bouteflika, et enfin, un Soltani Bouguerra (MSP) dont l’ambition de devenir «première force politique du pays» est caressée jusqu’à «concrétisation» de son rêve aux alentours de 2012 –soit les législatives qui suivront-, il y a une grande inconnue : Qu’en pense le président Bouteflika lui-même ?
Par ailleurs, et du côté du reste de la classe politique algérienne –celle s’inscrivant dans le camp de l’opposition-, émerge cette incapacité -quels que soient les courants la traversant et les raisons invoquées face à ses échecs- à se poser en véritable force et alternative à celle détentrice des rênes du pouvoir. Qu’ils s’appellent FFS, RCD, MRN-Islah, PT, MDS ou autres partis ou bien des groupes politiques rangés derrière des personnalités –issues des rangs du FLN pour la majorité d’entre elles-, ils n’ont, bien que leurs discours respectifs y fassent souvent référence, qu’un PPDC à faire valoir en dénominateur commun :
l’opposition au régime. Le tout sans œuvrer à tracer une voie à leur ambition, légitime en soi dans tout exercice politique et parfois commune, mais passant par la voie des urnes. Cela, bien que le débat sur la transparence de ces dernières ne soit pas encore clos en Algérie. Bref, et à ce rythme-là, la construction de véritables pôles politiques capables de permettre une visibilité citoyenne claire de l’avenir du pays n’apparaît pas être prête pour demain. Ni pour les législatives de 2007 ni pour la présidentielle de 2009.
Et ce n’est, faudra-t-il le rappeler encore, point du pessimisme.
Existera-t-il, un jour en Algérie -celle des décennies 2020, 2030, 2040 ou 2050-, une gauche plurielle et une alliance de droite, des extrêmes gauche et droite usant certes de leurs cantonnements mais guère de la violence physique et jamais de l’insulte ? Des formations pourront-elles, un jour aussi, se revendiquer d’un courant de centre-gauche ou d’un bloc de droite centriste ? En plus clair, l’Algérie se dotera-t-elle, même dans les moyen et long terme, d’un linéaire ou tracé politique, débarrassé de la donne intégriste fondamentaliste et capable de lui éviter les situations troubles qu’elle a eu à connaître à l’entame de la courte expérience démocratique du pays ?
A toutes ces questions, il n’est guère évident de répondre au jour d’aujourd’hui avec les tonnes de pesanteurs qui aimantent la dynamique possible d’une Algérie moderne et développée, et qui, en somme, veulent comme plomber le parcours amorcé d’un pays vers l’ouverture sur soi et sur le monde. Les stériles clivages ont la peau dure et seule une démocratisation approfondie pourra les éclipser. Un jour, peut-être…
Par la Tribune
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