Il est temps de se retirer dans la dignité et la sagesse
El Watan le 25.01.11 En tant qu’ancienne moudjahida de la guerre de Libération nationale, en tant que militante active de l’UGEMA et du MALG, en tant que juriste : avocate et professeur de droit à l’ENA (vivier de l’élite administrative et judiciaire actuelle)1975 – 1992-), je viens aujourd’hui vous dire combien j’ai admiré la juste révolution du peuple tunisien, qui a réussi à faire ébranler le régime dictatorial installé depuis 1956, et conforté à partir de 1987 avec l’arrivée au pouvoir de Ben Ali.
Cependant, je suis bouleversée par la totale absence de réaction de notre élite intellectuelle, des représentants de l’Etat, d’anciens cadres, anciens militants, qui ont servi la nation algérienne avec compétence, honnêteté et dévouement, aujourd’hui spectateurs anesthésiés devant la situation dramatique que vit l’Algérie.Cette totale et incompréhensible abstention a tout naturellement conduit certains nostalgiques de la colonisation française à proposer de façon indécente et impudente leur concours «humain et technique» pour réprimer le mouvement populaire en Tunisie et en Algérie : notre armée, à l’exemple de l’armée tunisienne, digne et
exemplaire, est là pour protéger et respecter le peuple souverain, le cas échéant. Après 130 ans de colonisation, nous sommes parvenus, grâce à des sacrifices incommensurables, à conquérir notre indépendance nationale en tant que peuple souverain.
Après cette phase historique de l’indépendance, nous avons rêvé d’être des citoyens libres, égaux et associés à la constitution d’une démocratie véritable, c’est-à-dire construire un Etat de droit où seule la Loi serait le fondement de toute décision. Aujourd’hui, après 49 ans d’indépendance, nul ne peut nier que nous sommes des citoyens soumis, discriminés et exclus des grandes décisions.
A notre sens, pour qu’un peuple puisse s’épanouir et évoluer dans la dignité, il est vital qu’il puisse disposer d’un travail, d’un toit, d’une école, d’un hôpital et d’un environnement sain. Autour de nous, le monde entier vit un bouleversement total dans et pour le progrès, le meilleur exemple est l’avènement à la présidence des Etats-Unis d’Hussein Obama, jeune noir, d’origine musulmane.
Devrions-nous, nous Algériens révolutionnaires, reconnus dans le monde, demeurer en 2011 accrochés au pouvoir, quels que soient l’âge, la compétence, l’intégrité ou les devoirs accomplis envers le Nation, (d’aucuns prétendent que certaines charges et hautes fonctions de l’Etat seraient tout simplement achetées).
Nous avons une belle et jeune élite, discrète et dévouée, mais ignorée, souvent acculée à l’exil, alors qu’elle serait tout à fait capable d’assurer la relève et redonner espoir à nos jeunes Algériens qui s’immolent par le feu, faisant fi de tous les principes religieux et culturels.
Place aujourd’hui, plus que jamais, à la relève non dévoyée, bien entendu, tant au niveau du Parlement qu’au niveau de l’Exécutif.
Au terme d’une mutation générationnelle qui s’étend sur plus d’un demi-siècle, il est temps, Monsieur le Président, que tous nos dirigeants et les anciens militants, ayant dépassé 70 ans, de prendre en compte toutes ces considérations en se retirant dans la dignité et la sagesse.
Khadidja Belkacem
El Watan le 25.01.11 En tant qu’ancienne moudjahida de la guerre de Libération nationale, en tant que militante active de l’UGEMA et du MALG, en tant que juriste : avocate et professeur de droit à l’ENA (vivier de l’élite administrative et judiciaire actuelle)1975 – 1992-), je viens aujourd’hui vous dire combien j’ai admiré la juste révolution du peuple tunisien, qui a réussi à faire ébranler le régime dictatorial installé depuis 1956, et conforté à partir de 1987 avec l’arrivée au pouvoir de Ben Ali.
Cependant, je suis bouleversée par la totale absence de réaction de notre élite intellectuelle, des représentants de l’Etat, d’anciens cadres, anciens militants, qui ont servi la nation algérienne avec compétence, honnêteté et dévouement, aujourd’hui spectateurs anesthésiés devant la situation dramatique que vit l’Algérie.Cette totale et incompréhensible abstention a tout naturellement conduit certains nostalgiques de la colonisation française à proposer de façon indécente et impudente leur concours «humain et technique» pour réprimer le mouvement populaire en Tunisie et en Algérie : notre armée, à l’exemple de l’armée tunisienne, digne et
exemplaire, est là pour protéger et respecter le peuple souverain, le cas échéant. Après 130 ans de colonisation, nous sommes parvenus, grâce à des sacrifices incommensurables, à conquérir notre indépendance nationale en tant que peuple souverain.
Après cette phase historique de l’indépendance, nous avons rêvé d’être des citoyens libres, égaux et associés à la constitution d’une démocratie véritable, c’est-à-dire construire un Etat de droit où seule la Loi serait le fondement de toute décision. Aujourd’hui, après 49 ans d’indépendance, nul ne peut nier que nous sommes des citoyens soumis, discriminés et exclus des grandes décisions.
A notre sens, pour qu’un peuple puisse s’épanouir et évoluer dans la dignité, il est vital qu’il puisse disposer d’un travail, d’un toit, d’une école, d’un hôpital et d’un environnement sain. Autour de nous, le monde entier vit un bouleversement total dans et pour le progrès, le meilleur exemple est l’avènement à la présidence des Etats-Unis d’Hussein Obama, jeune noir, d’origine musulmane.
Devrions-nous, nous Algériens révolutionnaires, reconnus dans le monde, demeurer en 2011 accrochés au pouvoir, quels que soient l’âge, la compétence, l’intégrité ou les devoirs accomplis envers le Nation, (d’aucuns prétendent que certaines charges et hautes fonctions de l’Etat seraient tout simplement achetées).
Nous avons une belle et jeune élite, discrète et dévouée, mais ignorée, souvent acculée à l’exil, alors qu’elle serait tout à fait capable d’assurer la relève et redonner espoir à nos jeunes Algériens qui s’immolent par le feu, faisant fi de tous les principes religieux et culturels.
Place aujourd’hui, plus que jamais, à la relève non dévoyée, bien entendu, tant au niveau du Parlement qu’au niveau de l’Exécutif.
Au terme d’une mutation générationnelle qui s’étend sur plus d’un demi-siècle, il est temps, Monsieur le Président, que tous nos dirigeants et les anciens militants, ayant dépassé 70 ans, de prendre en compte toutes ces considérations en se retirant dans la dignité et la sagesse.
Khadidja Belkacem
Commentaire