Au Maroc, le roi ne tient pas à user de la main de fer qui marqua le règne de son père. Le royaume, qui veut donner une image plus ouverte, reste malgré tout aux aguets devant toute tentative de déstabilisation. La police se fait d'ailleurs de plus en plus présente.
Lors du soulèvement au Sahara occidental en novembre dernier, le souverain alaouite avait donné ordre aux forces de l'ordre de ne pas tirer sur la foule. Résultat, de nombreux policiers furent égorgés par les manifestants. Mais l'image internationale du monarque à laquelle tient tant le Palais (Mahkzen) fut épargnée. On était loin de la répression des émeutes de Casablanca lorsque le général Ouskir, âme damnée d'Hassan II, tirait lui-même de son hélicoptère sur la foule avec sa mitraillette.
Mohammed VI ne sera donc jamais Ben Ali. Pour autant, la prudence reste de mise. Les mesures de sécurité ont été renforcées et l'on voit de plus en plus de policiers déployés aux carrefours. Le souvenir des attentats de Casablanca en 2003 (vérifier date) n'est pas loin. Surtout, la télévision ne diffuse plus les immolations dans les rues (on en était à la troisième). " Tout le monde est inquiet, c'est un peu normal. Mais pas trop. Car le roi a su lâcher du lest à temps. Et il fait du bon travail. Mohammed VI a su tourner la page d'un passé douloureux sans souffrance" , constate Mehdi Quotbi, proche du Palais.
Le tabou de la personne du roi
Certes, son père, Hassan II, partisan d'une " démocratie à dose adaptée" , avait entamé une politique d'ouverture à la fin de son règne en nommant le Premier ministre socialiste Youssoufi, compagnon de lutte de Ben Barka. "M6" poursuivra dans la même veine en acceptant le retour d'Abraham Serfaty, opposant historique, ou en promulguant le code de la Moudawana en faveur des droits des femmes.
La presse reste libre à condition de ne pas aborder le tabou de la personne du Roi. Le journaliste Ali Ammar, qui avait écrit un ouvrage fort critique sur la décennie écoulée, vit désormais en exil. Le magazine " Tel Quel" fut aussi saisi pour avoir osé publier un sondage qui indiquait que 95% de ses sujets étaient favorables à sa Majesté. Le simple fait de vouloir instituer cette indécente pratique sondagière était déjà un franchissement de la ligne jaune.
Roland Cayrol, de l'institut CSA, qui avait mené l'étude, en fut fort marri et le roi lui fit savoir qu'il serait friand de connaître son avis sur les luttes internes au parti socialiste français! Dans ce royaume, il n'est pas question de présenter un dirigeant laïc, civil ou militaire comme rempart contre l'islamisme. Car Mohammed VI, en tant que commandeur des croyants, incarne à lui seul la clé de voûte du pouvoir religieux.
Clé de voûte du pouvoir religieux
Toutefois, la vitrine démocratique peut-elle suffire à empêcher une déstabilisation analogue à celle que vit la Tunisie que commencent à quitter les sièges des entreprises françaises comme Petit Bateau pour venir au Maroc. Le souverain alaouite, qui sillonne son pays quand il n'est pas à l'étranger, compense peu à peu son image dilettante (Majetski) en l'associant aux grands travaux d'infrastructures qui transforment le royaume de fond en comble.
Certes, les programmes sociaux existent mais ils ne sont pas suffisants pour éradiquer les bidonvilles. À 15km de Marrakech, Richard Crenn, qui dirige le complexe résidentiel de Samana dont il a vendu la première tranche de villas, se félicite du redémarrage de l'immobilier. Il reste à savoir si les événements tunisiens peuvent renforcer cette tendance en réorientant touristes et retraités de la Tunisie vers le Maroc. Ou s'ils les inciteront à fuir le Maghreb.
Le Telegramme
Lors du soulèvement au Sahara occidental en novembre dernier, le souverain alaouite avait donné ordre aux forces de l'ordre de ne pas tirer sur la foule. Résultat, de nombreux policiers furent égorgés par les manifestants. Mais l'image internationale du monarque à laquelle tient tant le Palais (Mahkzen) fut épargnée. On était loin de la répression des émeutes de Casablanca lorsque le général Ouskir, âme damnée d'Hassan II, tirait lui-même de son hélicoptère sur la foule avec sa mitraillette.
Mohammed VI ne sera donc jamais Ben Ali. Pour autant, la prudence reste de mise. Les mesures de sécurité ont été renforcées et l'on voit de plus en plus de policiers déployés aux carrefours. Le souvenir des attentats de Casablanca en 2003 (vérifier date) n'est pas loin. Surtout, la télévision ne diffuse plus les immolations dans les rues (on en était à la troisième). " Tout le monde est inquiet, c'est un peu normal. Mais pas trop. Car le roi a su lâcher du lest à temps. Et il fait du bon travail. Mohammed VI a su tourner la page d'un passé douloureux sans souffrance" , constate Mehdi Quotbi, proche du Palais.
Le tabou de la personne du roi
Certes, son père, Hassan II, partisan d'une " démocratie à dose adaptée" , avait entamé une politique d'ouverture à la fin de son règne en nommant le Premier ministre socialiste Youssoufi, compagnon de lutte de Ben Barka. "M6" poursuivra dans la même veine en acceptant le retour d'Abraham Serfaty, opposant historique, ou en promulguant le code de la Moudawana en faveur des droits des femmes.
La presse reste libre à condition de ne pas aborder le tabou de la personne du Roi. Le journaliste Ali Ammar, qui avait écrit un ouvrage fort critique sur la décennie écoulée, vit désormais en exil. Le magazine " Tel Quel" fut aussi saisi pour avoir osé publier un sondage qui indiquait que 95% de ses sujets étaient favorables à sa Majesté. Le simple fait de vouloir instituer cette indécente pratique sondagière était déjà un franchissement de la ligne jaune.
Roland Cayrol, de l'institut CSA, qui avait mené l'étude, en fut fort marri et le roi lui fit savoir qu'il serait friand de connaître son avis sur les luttes internes au parti socialiste français! Dans ce royaume, il n'est pas question de présenter un dirigeant laïc, civil ou militaire comme rempart contre l'islamisme. Car Mohammed VI, en tant que commandeur des croyants, incarne à lui seul la clé de voûte du pouvoir religieux.
Clé de voûte du pouvoir religieux
Toutefois, la vitrine démocratique peut-elle suffire à empêcher une déstabilisation analogue à celle que vit la Tunisie que commencent à quitter les sièges des entreprises françaises comme Petit Bateau pour venir au Maroc. Le souverain alaouite, qui sillonne son pays quand il n'est pas à l'étranger, compense peu à peu son image dilettante (Majetski) en l'associant aux grands travaux d'infrastructures qui transforment le royaume de fond en comble.
Certes, les programmes sociaux existent mais ils ne sont pas suffisants pour éradiquer les bidonvilles. À 15km de Marrakech, Richard Crenn, qui dirige le complexe résidentiel de Samana dont il a vendu la première tranche de villas, se félicite du redémarrage de l'immobilier. Il reste à savoir si les événements tunisiens peuvent renforcer cette tendance en réorientant touristes et retraités de la Tunisie vers le Maroc. Ou s'ils les inciteront à fuir le Maghreb.
- De notre envoyé spécial, Hubert Coudurier
Le Telegramme
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