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la ville côtière de Tipasa, Un berceau de civilisations

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  • la ville côtière de Tipasa, Un berceau de civilisations

    très bel article qui décrit Tipasa et que j’aimerais partager «notamment pour ceux qui ne connaissent pas la région ! »

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    Et la ville s’ouvre sur un vaste champ de blé secoué par les vents… Cherchell, par ces journées de printemps, offre aux visiteurs l’aspect d’une ville calme, trop calme pour nous qui l’avions connue dans les années 1970. Ou peut-être n’est-ce qu’une simple impression due au traumatisme et aux états de choc que nous avions subis ces dernières années.
    Ainsi, à vingt lieues à l’ouest d’Alger (Icosium dans le passé), traînant nos corps douloureux sous un ciel lourd et une chaleur torride, s’élève au bord de la mer de cette ville mythique, qui dans le passé lointain ne cédait qu’à Carthage en magnificence et en étendue, Julia Césarée.

    Les rocs sont à vif, les murs bas, les talus presque sans couleur sous la poussière qui les recouvre, seules les ombres sont bleues. C’est sans doute ce qui a toujours attiré de nombreux artistes et écrivains, dont l’un d’eux, poète, écrivait : «Délice de Dellys et charme de Cherchell.» Deux villes algériennes, l’une à l’est, l’autre à l’ouest d’Alger, avec chacune ses secrets jalousement gardés, son charme et son histoire.

    Ici comme ailleurs dans d’autres sites historiques, la dévastation a été profonde. Cependant, de magnifiques colonnes, vestiges d’une grandeur antique, étonnent encore les regards ; si on en juge par tous les précieux débris que chaque jour révèle, on pourrait même croire que Césarée était pour les Romains un lieu de prédilection et qu’ils se plaisaient à la faire resplendir de tout l’éclat des monuments et du luxe des arts.

    La beauté du site explique cette prédilection des anciens maîtres du monde ; maintenant encore, de riches vergers couvrent tout le versant de Cherchell, heureusement non encore «engloutis» par le béton. Les lieux environnants ne présentaient, dans un passé proche, que vignes et jardins.

    On apprend que Césarée n’attirait pas seulement par ses coteaux fertiles et ses ravissants paysages, mais aussi par sa position géostratégique. Le mausolée royal, une passerelle entre deux ères Pour saisir toute l’importance des vestiges et ruines de l’antique capitale, il est nécessaire de visiter les musées de la ville, comme pour mesurer toute cette grandeur antique où le trait esthétique des mosaïques rencontre la noblesse d’âme du peuple numide.

    Le musée, qui se trouve à la place des Martyrs, est entouré d’arbres ajoutant à la beauté du site. Ce musée a été construit en 1908. Il abrite l’une des collections de sculptures les plus importantes du Bassin méditerranéen et possède la plus belle collection de statues antiques de l’Algérie.

    Ce musée est le seul au monde à posséder un portrait de l’illustre reine CléopatreVII, femme d’Antoine et mère de Cléopâtre Céléné, épouse de Juba II. On apprend que lorsque les Français avaient foulé ce sol pour y construire deux casernes, ils y avaient découvert des statues.

    Plusieurs objets de valeur et autres statuettes ont été depuis volés et, après l’indépendance, certains ont même utilisé les pierres de ces sites historiques pour construire leur villa ! Mais malgré les dégâts occasionnés par ces pilleurs d’une autre époque, le visiteur peut tout de même admirer la hardiesse des monuments reposant sur une multitude de colonnes, dont les structures basses demeurent intactes.

    Le théâtre offre encore à la vue les sièges où se pressaient les spectateurs. Mais la scène a malheureusement disparu sous des constructions mauresques. Une rivière, qui se nomme aujourd’hui Hakem, fournissait de l’eau aux fontaines de Césarée ; elle passait sur un aqueduc superbe, aux arches colossales.

    L’imagination peut restituer à l’aqueduc toute sa beauté ; il suffit de scruter les ruines dans les vallées sud-ouest, à quelques kilomètres de la ville. Cherchell, ville des mille vestiges On retrouve dans l’enceinte actuelle de Cherchell les citernes qui recueillaient les eaux de l’aqueduc, au nombre de six, et qui servaient de caves à l’administration militaire.

    La présence arabe dans cette ville est signalée au VIIe siècle et l’islamisation des populations de l’Afrique du Nord a entraîné une nouvelle dynamique dans les rapports sociaux. Les Arabes ont ainsi marqué la ville d’une conception religieuse : l’islam.

    L’adhésion massive des habitants de Cherchell à l’islam a permis de chasser l’occupant byzantin. L’apport des Arabes a été déterminant pour la ville de Cherchell. C’est justement au Xe siècle que le géographe arabe Ibn Hawkel (mort en 997) mentionne le nom de Cherchell dans ses écrits.

    Aujourd’hui, le port de cette ville vient de bénéficier d’une enveloppe de 706 millions de dinars et un plan permanent de sauvegarde et de valorisation des sites et monuments historiques a été tracé. Ce plan, nous indique-t-on, est destiné à protéger et à mettre en valeur les vestiges et les richesses culturelles et archéologiques de cette ville antique, soumise à des dégradations et des atteintes de tous genres.

    La ville de Cherchell possède une grande tradition dans la confection de tapisserie et autres produits artisanaux et ses habitants sont connus, aussi, pour être de grands pêcheurs. Le centre-ville garde encore un cachet particulier, comme dans la majorité des villes côtières, où la musique chaâbie est très appréciée.

    Tipasa ! Située à quelques encablures de Cherchell, elle compte parmi les sites les plus pittoresques d’Algérie, notamment, du fait de son histoire, qui remonte jusqu’à l’époque préhistorique. Nous n’avons pu recueillir que très peu d’informations sur les repères historiques et archéologiques.

    Cependant, nous avons appris qu’au premier siècle avant notre ère, le roi Bacchus II, alors que la capitale était Iof (Cherchell), possédait un royaume qui s’étendait de l’Atlantique jusqu’à la région de Sétif. A la fin du premier siècle avant J-C, Juba II succéda à Boccherini II et son royaume couvrait pratiquement le Maroc et l’Algérie actuels ; Iof, toujours capitale, deviendra par la suite Césarée et Tipasa était comprise à l’intérieur du royaume maure, qui semble avoir connu une certaine prospérité.

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    Le mausolée royal (appelé Tombeau de la chrétienne ou Kabr Erroumia), daterait de cette période. Au Ve siècle, Tipasa subit l’assaut des vandales et, un siècle plus tard, les Byzantins reprennent Cherchell et Tipasa. Durant la période coloniale, les occupants français construisirent un village sur le site antique.

    Cette ville, située à 70 km d’Alger, offre un paysage pittoresque, rehaussé par le charme que lui confèrent la mer ainsi que le mont Chenoua qui nécessite deux heures de marche environ pour atteindre le sommet, d’où l’on peut apprécier un magnifique panorama.

    C’est sur cette plaine qui borde une grande plage qu’est construit un complexe en semi-dur appelé le Grand bleu, qui a abrité ces derniers jours le colloque national de la musique andalouse. Cette ville-port, comme certains aiment la surnommer, a été aussi un site idéal choisi par les Phéniciens sur la route des colonnes d’Hercule (Gibraltar), pour établir un de leurs fameux comptoirs.

    Les vestiges de l’époque démontrent l’importance de Tipasa, qui connut un essor remarquable sous le règne du souverain numide Juba II. Cette ville, qui a d’indéniables prédispositions pour le tourisme, semble ne pas être encore préparée à cette nouvelle «aventure».

    Elle n’accueille, le long de la route qui borde la mer, que des couples de jeunes… et de moins jeunes, en «mal d’affection», allongés dans les champs qui surplombent la mer. Pourtant, Tipasa était, à une certaine époque, un véritable foyer d’art et de culture gréco-latine, où fleurirent des éléments de la culture numide.

    La ville est silencieuse… d’un silence qui fait plutôt peur. Sur la route, en bordure de la forêt, une petite baie abrite le complexe touristique de Tipasa, l’une des plus ravissantes réalisations du tourisme algérien. Dans le prolongement des ruines a été construit le complexe touristique de Tipasa Matarès.

    Les villas descendent en gradins vers la mer et l’ensemble forme une sorte de forteresse. Le style architectural rappelle l’antique Tipasa fortifiée. Durant ces journées, une exposition-vente de produits artisanaux a été organisée.

    Sur 150 exposants prévus, une trentaine, seulement, était présente. Des habitués de ces rencontres commerciales avaient sans doute compris que ce n’était pas le lieu idéal pour vendre leurs produits ; un lieu que ne fréquentent pas les familles, pour différentes raisons.

    Nous avons rencontré quelques artisans, dont des femmes venues de différentes régions du pays pour promouvoir leurs produits. La déception était grande pour la plupart d’entre elles. Une artisane nous a déclaré qu’à la tombée de la nuit, des femmes en tenue d’apparat étaient venues leur demander si elles désiraient «travailler.» «Sur le coup, nous n’avions pas bien compris.

    Ce n’est qu’en regardant leur tenue vestimentaire, plutôt légère, que nous avons compris de quoi il en retournait». Des habitués de ces lieux nous ont appris qu’ici, tout se vend et se marchande (la drogue, les affaires…), et que des plans diaboliques se planifient durant les nuits «matarésiennes».

    C’est un lieu où les rentiers et les affairistes se rencontrent. En allant vers la corniche du Chenoua, on est frappé par une construction à la couleur rouge tuile, dénotant avec le paysage et la mer qui l’entourent : il s’agit d’un centre de formation professionnelle, construit récemment.

    Le Cap Chenoua offre une vue imprenable sur la baie ainsi que la majestueuse promenade des grottes de la falaise. Quant au musée, il est d’une grande richesse historique, avec des pièces datant de la plus haute antiquité. Une ravissante guide, d’évidence passionnée par son métier, nous a entretenu des fragments de stèles puniques du culte de Tanit, des antiquités romaines, d’une statue de Vénus, de trois sarcophages païens : le premier représente des époux romains, le deuxième Pélops et Hippodamie, un des plus beaux connus au Maghreb.

    Le troisième, les Centaures Marins et les Néréides. Une grande mosaïque, dont le panneau central représente trois esclaves enchaînés, entourés de têtes symbolisant toutes les races africaines, provient de la Basilique Judiciaire. Sont aussi exposés des céramiques, des bijoux anciens et divers objets de l’antiquité.

    - Le jeune Independant.

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