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Le général Rachid Benyellès : « Bouteflika n’est pas conscient du danger qui guette l’Algérie » .

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  • Le général Rachid Benyellès : « Bouteflika n’est pas conscient du danger qui guette l’Algérie » .

    C’est l’un des rares généraux algériens à prendre la parole publiquement. Et quand il la prend, il n’use pas de langue de bois. Général à la retraite, ancien secrétaire général du ministère de la Défense nationale, candidat à la présidentielle de 2004, Rachid Benyellès estime dans un entretien à El Watan Week-end ( vendredi 28 janvier ), que l’état d’urgence, en vigueur depuis 1992, profite au pouvoir qui veut maintenir les Algériens en dehors de la vie politique. DNA reproduit l’essentiel de l’entretien.
    L’Etat d’urgence, décrété en février 1992, avait pour objectif de faire face à l’insurrection islamiste. Dix neuf ans après, le pays est pacifié et la réconciliation nationale, quintessence du programme politique du président Bouteflika, a porté ses fruits, à en croire les autorités algériennes. Son maintien obéit par conséquent à des considérations autres que sécuritaires :
    « L’état d’urgence fait partie d’une panoplie de mesures restrictives dont la première implication concrète concerne la restriction des libertés publiques. C’est un instrument pseudo légal permettant d’empêcher toutes les réunions publiques, manifestations ou la création d’associations à caractère politique. Dix-neuf ans plus tard, alors que le terrorisme est vaincu et que la réconciliation nationale a porté ses fruits, selon ses dires, le pouvoir refuse toujours de lever l’état d’urgence. »

    L’Etat d’urgence ne se justifiant plus, son maintien au seul profit du pouvoir vise donc à museler les libertés des Algériens, à les empêcher de manifester dans la rue, à débattre librement :
    « Au seul pouvoir bien sûr ! Celui-ci ne veut à aucun prix que les Algériens puissent manifester leur opinion et débattre de la situation de leur pays. Il veut maintenir les Algériens en dehors de la vie politique. »
    Les militaires ne détiennent pas le pouvoir, ils s’en sont éloignés. Aujourd’hui, celui-ci est concentré entre les mains du président Bouteflika réélu pour un troisième mandat en 2009 avec 90,24 % des suffrages :

    « Il n’y a qu’un seul pouvoir et c’est celui qui est entre les mains de M. Bouteflika, car, contrairement aux spéculations en vogue dans certains milieux dits bien informés, il n’y a pas de dualité de pouvoir en Algérie. Les militaires, et cela depuis plusieurs années déjà, se sont volontairement éloignés de la vie politique et ont confié les rênes du pouvoir à M. Bouteflika. Je sais qu’en disant cela, je laisserai sceptiques beaucoup de personnes persuadées du contraire. »

    Le changement en Algérie ne saurait venir des seuls militaires. Les partis qui jouissent d'une crédibilité ainsi que des manifestations de rues massives, et non des émeutes sporadiques, sont à même de provoquer la chute du système Bouteflika :

    « D’une part, des partis politiques crédibles capables de mobiliser une population et de l’encadrer et, d’autre part, des manifestations populaires massives et durables et non des feux de paille, comme cela a été le cas jusqu’à présent. L’autre hypothèse est liée à une éventuelle intervention de l’armée qui pourrait provoquer le changement. Cela me semble peu probable, car l’armée, qui se revendique comme légaliste, s’est rangée du côté du pouvoir politique actuel. »

    Les militaires ne verraient pas d’inconvénients à la levée de l’Etat d’urgence, mais la décision reste du ressort du président de la République.

    « Comme je le dis depuis de nombreuses années, la décision appartient à M. Bouteflika et uniquement à lui. Je suis absolument certain que les militaires ne verraient aucun inconvénient à la levée de l’état d’urgence. Mais ils ne peuvent pas imposer leurs points de vue, puisqu’ils se sont effacés de la vie politique. Personne, aujourd’hui, à l’intérieur du système, ne lui conteste ce pouvoir. »

    La levée de l’Etat d’urgence est le dernier souci du président Bouteflika. Douze ans après son accession à la magistrature suprême, celui-ci a fait de l’Algérie, un pays en naufrage, sans commandement :

    « Je ne le crois pas. Je pense d’ailleurs que c’est le dernier de ses soucis, lui qui se considère comme une bénédiction pour le pays, alors que celui-ci, depuis de nombreuses années, est à la dérive dans tous les domaines. Un pays naufragé, sans commandant et avec un équipage livré à lui-même. Je ne pense pas que M. Bouteflika ait pris la mesure du danger dans lequel le pays se trouve, ni des conséquences que pourraient avoir les événements de Tunisie.»

    Le scénario d’une révolution à la tunisienne qui a balayé le régime de Ben Ali ne peut pas se reproduire en Algérie. Toutefois, cette révolution aura inéluctablement un effet domino tant en Algérie que dans le monde arabe.

    Sihem Balhi
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