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Le président américain Barack Obama fait pression sur Hosni Moubarak

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  • Le président américain Barack Obama fait pression sur Hosni Moubarak

    Washington Correspondante - A l'issue d'une journée de consultations intenses, Barack Obama a appelé Hosni Moubarak. Les deux présidents ont eu une conversation de trente minutes. C'était le milieu de la nuit au Caire, et l'Egyptien venait d'annoncer le limogeage de son gouvernement et des réformes économiques et sociales.

    Dans une courte déclaration lue à la presse, Barack Obama a rendu son verdict. Après trente-deux ans au pouvoir, Hosni Moubarak, 82 ans, et candidat potentiel à sa succession, avait gagné un sursis. "Je lui ai dit qu'il avait pour responsabilité de prendre des mesures concrètes pour tenir ses promesses", a indiqué M. Obama.
    Toute la journée, les Américains ont vu une image divisée sur leurs écrans de télévision. D'un côté les rues égyptiennes, filmées de leurs chambres d'hôtel par des cameramen interdits de travailler. De l'autre, la Maison Blanche, où Barack Obama se débattait avec la question à laquelle nombre de ses prédécesseurs ont déjà été confrontés : comment traiter avec un allié autocratique dont le peuple réclame le départ. Et allié "stratégique" dans le cas de Hosni Moubarak.
    L'Egypte est l'un des deux seuls pays arabes à avoir reconnu Israël. Elle contrôle le canal de Suez par lequel transitent une douzaine de navires américains, y compris nucléaires, par mois. Et elle est devenue un pilier de la stratégie d'endiguement de l'Iran.
    Certains commentateurs ont rappelé le cas du shah d'Iran, poussé à faire des réformes par Jimmy Carter mais finalement contraint à l'exil en janvier 1979. Tous ont convenu que, quel que soit le sort de Hosni Moubarak, les Etats-Unis devraient s'habituer tôt ou tard à un régime qui "n'alignerait pas forcément sa politique sur les intérêts stratégiques américains".
    Contrairement à son agilité sur la Tunisie, l'administration américaine a mis du temps pour trouver ses marques pour l'Egypte. "Il y a eu une certaine ambivalence, des signaux moins cohérents que dans son soutien au peuple tunisien", relève Eric Goldstein, chargé de l'Afrique du Nord à Human Rights Watch. "La réaction de l'administration a été dictée par la peur, a dit Jamie Rubin, l'ancien porte-parole de Madeleine Albright, sur la chaîne CNN. Peur d'être derrière le mouvement, et peur de s'aliéner Moubarak s'il réussit à se maintenir en place. Obama devrait être clair : pas de transfert de pouvoir à son fils - de vraies élections."
    La secrétaire d'Etat Hillary Clinton est particulièrement critiquée pour avoir jugé, mardi, que le régime était "stable", un mot qui est considéré sur place comme "un aval implicite à la répression", affirme Steven Cook, chercheur du Council on Foreign relations, de retour du Caire. Jeudi, le vice-président Joseph Biden a, lui, récusé l'emploi du terme "dictateur" pour le président égyptien, un homme qui maintient l'Etat d'urgence depuis plus de trente ans et avait promis en 1981 qu'il n'effectuerait qu'un mandat.
    La "journée de colère" a contraint la Maison Blanche à recalibrer sa réaction. Dans la matinée, Hillary Clinton a profité d'en entretien avec son homologue colombien pour lire une longue admonestation à Hosni Moubarak, assortie de demandes : "réfréner les forces de l'ordre", rétablir les communications et le réseau Internet interrompus dans une action "sans précédent". Selon le site The Cable, consacré à la diplomatie, le département d'Etat a multiplié les démarches auprès de compagnies privées pour tenter de contourner le black-out.
    Pendant plusieurs heures, l'administration a ensuite attendu la déclaration que devait faire le président Moubarak. Une délégation militaire égyptienne, conduite par le chef d'état-major Sami Anan, qui se trouvait justement à Washington, a annulé les entretiens prévus au Pentagone et repris l'avion. Quand le briefing du porte-parole de la Maison Blanche a finalement eu lieu, Robert Gibbs demandé instamment au gouvernement du Caire de ne pas employer la violence, sous-entendu l'armée.
    Signe que rien n'était arrangé, M. Gibbs a augmenté la pression : "Nous réexaminerons notre assistance en fonction des événements qui auront lieu dans les prochains jours." Depuis 1979, l'Egypte est le deuxième bénéficiaire de l'aide américaine derrière Israël (le quatrième, désormais, si on compte l'Afghanistan et le Pakistan), avec 1,3 milliard de dollars (environ 1 milliard d'euros) d'assistance militaire et 250 millions pour les crédits civils en 2010.
    Il s'est encore écoulé plusieurs heures avant que Hosni Moubarak n'apparaisse devant son peuple. Après l'avoir appelé, Barack Obama a fait une déclaration à la presse. Il a lui-même rappelé son discours du Caire, le 4 juin 2009, sur la démocratie dans le monde arabe. Il s'était abstenu de mentionner expressément le régime de Moubarak. "Le peuple égyptien a des droits qui sont universels, a-t-il précisé. Cela inclut le droit de se réunir pacifiquement, le droit à la liberté d'expression et à la possibilité de choisir son propre destin."
    Contrairement à son ami, le sénateur John Kerry, le président n'a pas appelé à des élections, et il n'a pas mentionné de porte de sortie. "La solution sera trouvée par les Egyptiens eux-mêmes", a-t-il avancé.


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