Textile : la Chine a fait baisser les prix

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Bonjour, les prix ont baissé pour le plus grand profit des distributeurs, les consomateurs ont récupéré quelques miettes.
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La levée des quotas textiles a fait diminuer de 4,3% les prix des articles d'habillement importés de Chine, entraînant un recul général de 2,2% en magasins.

Contrairement à ce qui a été beaucoup dit – et à ce que pourrait laisser penser le cas du tee-shirt – les prix de l'habillement ont vraiment baissé en France l'an dernier.

Prenez un simple tee-shirt. L'un des produits textiles sur lesquels les quotas d'importations de Chine vers l'Europe ont été supprimés le 1er janvier 2005, avant d'être réintroduits en catastrophe par Bruxelles, en juillet, pour deux ans, face à une déferlante sans précédent.

Cette suppression a entraîné une chute de 22% des prix à l'importation des tee-shirts chinois sur l'année, achetés en gros 2,7 euros pièce contre 5 euros pour ceux produits en Europe. Grâce à cet avantage concurrentiel, la Chine est grimpée de 3,2% à 7,2% des approvisionnements de tee-shirts vendus en France. Pour le plus grand bonheur des consommateurs ? Eh bien non : au bout du compte, les prix des tee-shirts ont augmenté de 1% en 2005 dans l'Hexagone, à 11 euros TTC en moyenne.

Le consommateur aurait-il été le dindon de la farce du choc textile de l'année dernière ? Pas si simple. Contrairement à ce qui a été beaucoup dit – et à ce que pourrait laisser penser le cas du tee-shirt – les prix de l'habillement ont vraiment baissé en France l'an dernier. Baisse significative : ces prix ont diminué de 2,2%, selon une étude rendue publique vendredi par l'Institut français de la mode. Les prix de détail ont même plus diminué que ceux à l'importation qui, toutes provenances confondues, ont reculé de 0,6%. Et, en moyenne, les prix des approvisionnements en Chine n'ont diminué «que» de 4,3% pendant l'année.


Mais la situation est fort contrastée, puisque les dix articles sur lesquels les quotas ont été réintroduits en juillet 2005 avaient connu des chutes de prix au premier semestre, de 31% pour les tee-shirts, de 25% pour les pull-overs, de 25% pour les chemisiers, voire de 61% pour les robes.
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Pulls, chemises et soutiens-gorge moins chers

Sur les pull-overs, par exemple, les quotas ont été réintroduits en juillet et remplis à 100% dès le mois d'août, provoquant, on s'en souvient, un blocage des livraisons dans les ports. Durant l'année, les prix des pulls ont diminué de 4,3% en France, avec une moyenne au détail de 21 euros.

Cette baisse prend en compte la diminution de 22% des prix des pulls chinois (6,60 euros la pièce, contre 13,10 pour le made in Europe). Les consommateurs en ont profité aux deux extrêmes du marché : à la fois sur le cachemire, dont les ventes, à prix démocratisés, ont explosé, et sur des articles d'entrée de gamme en acrylique. Du coup, la Chine a vu sa part de marché s'envoler de douze points, à 18,4% des approvisionnements français.

De la même façon, les chemises homme ont vu leurs prix publics baisser de 4,6%. Avec un différentiel criant selon les régions de fabrication : une chemise made in China s'achète en gros 4,80 euros, contre 15 euros dans l'Union européenne. Les prix des soutiens-gorge ont diminué de 2% à 18 euros en magasin, ne reflétant qu'en partie la baisse de 22% des prix moyens en provenance de Chine (à 2,2 euros pièce !) et de 9% en moyenne toutes régions d'approvisionnements confondues. Les marges sur le soutien-gorge restent donc belles pour les marques et les distributeurs, puisque le coefficient multiplicateur entre leur prix à l'achat et le prix de vente atteint 4,5 – incluant, il est vrai, les frais de création, de marketing, de publicité et de commercialisation.

A l'inverse, comme pour les tee-shirts, les chemisiers féminins et les tuniques ont vu leurs prix à la consommation s'envoler de 4,2% (24 euros). «Il y a eu sur ces articles un effet de mode. Les commerçants ont passé des commandes en Chine en début de saison, avant de se réapprovisionner dans des zones plus proches pour réagir à la demande, ce qui a fait monter les prix», explique Evelyne Chabalier, directrice des études économiques et prospectives à l'Institut français de la mode.

Baisse dans les hypers, hausse dans les chaînes mode

Cet effet mode se retrouve aussi dans l'évolution des prix selon les circuits de distribution. Le hard discount, les supermarchés, qui vendent surtout du basique importé de Chine, ont baissé leurs prix de 5% à 6%, tandis que les chaîne spécialisées, comme Zara, Camaïeu, H&M, dont une partie de l'approvisionnement reste proche, ont augmenté les leurs de 3,3%.

La Chine apportera-t-elle un bénéfice prix durable aux consommateurs ? L'exemple de la parka illustre bien ce qui pourrait se passer après la fin des nouveaux quotas provisoires, négociés jusqu'à la fin 2007. Les importations de parkas ont été complètement libéralisées depuis 2002. Provoquant une chute importante des prix au détail : 11% en 2004. Or, l'an dernier, la Chine a remonté ses tarifs de 6%, entraînant une hausse similaire des prix à la consommation. Les Chinois peuvent se le permettre : ils détiennent désormais 55% de parts de marché sur ce produit pour lequel le savoir-faire a quasiment disparu de nombreuses régions de production. Mais ils ne sont pas les seuls à en profiter : une parka chinoise coûte en moyenne 8,70 euros à l'importation (contre 37,80 si elle est produite en Roumanie ou en Bulgarie) tandis que le prix moyen de vente en France atteint 46 euros TTC.

Florentin Collomp
10 avril 2006, Le Figaro