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Le pouvoir déconnecté

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    Le pouvoir déconnecté




    le 01.02.11 | 03h00

    On a beau essayer d’interpréter la passivité des autorités algériennes face à l’accélération de l’histoire et au vent de démocratisation qui souffle à nos frontières immédiates et dans notre sphère géographique, on n’en trouvera aucun argument sensé et responsable expliquant cette déconnexion de l’Algérie officielle face aux bouleversements historiques qui s’opèrent autour d’elle. Le fait de détourner le regard de l’actualité brûlante qui se déroule à nos portes au point où l’événement est complètement ignoré par les médias officiels traduit-il un embarras du pouvoir quant au risque de contagion sur l’Algérie ?
    Ou bien faut-il y voir dans l’attitude des autorités, à leur tête le président Bouteflika, le signe d’une confiance absolue dans la «sagesse» du peuple algérien qui, pour avoir d’autres préoccupations plus existentielles comme l’a admis le ministre de l’Intérieur, Daho Ould Kablia, n’a pas la tête et le ventre à faire la Révolution ? La vérité, c’est qu’il se dégage un fort sentiment sinon de panique, du moins, de réelle inquiétude d’une telle posture faussement sereine qui donne l’impression que l’Algérie est loin de l’épicentre du séisme démocratique qui ébranle notre région. Comment peut-on rester aussi zen – c’est du moins l’impression que l’on veut donner – en s’efforçant avec un aplomb aussi déroutant de convaincre que l’Algérie n’est ni la Tunisie, ni l’Egypte pour craindre de mauvaises surprises ? L’argument selon lequel, fort de son appareil répressif, l’Etat algérien n’a rien à craindre de la rue, vient de voler en éclats avec les révoltes populaires de Tunisie et d’Egypte, deux Etats policiers connus pourtant pour leur brutalité et leur politique de terreur érigée en mode de gouvernance. La force n’a jamais réglé et ne réglera jamais les crises et les rapports conflictuels entre gouvernants et gouvernés. Pour ne pas l’avoir compris, les présidents Ben Ali et Moubarak ont appris à leurs dépens que la violence d’Etat appelle inévitablement la violence ou la révolte du peuple. Tôt ou tard.
    La peur a désormais changé de camp. C’est le premier enseignement à tirer de ces événements. L’autre donne nouvelle que les dirigeants arabes et tous les dictateurs de part le monde doivent sérieusement méditer est que l’on assiste, avec ces chaudes alertes, à un début de refondation des relations internationales. Les aspirations démocratiques des peuples sacrifiées jusqu’ici sur l’autel du pragmatisme économique et de la realpolitik constituent aujourd’hui une préoccupation majeure des grandes puissances qui régentent le monde. Convaincues en cela que c’est le seul vrai gage de stabilité des Etats et des nations et le moyen le plus sûr de préserver leurs intérêts menacés par l’instabilité chronique des régimes en place. Deux raisons fondamentales qui doivent pousser le pouvoir en Algérie à régler au plus vite son déficit de légitimité en engageant le pays dans la voie des réformes démocratiques.
    Bouteflika aura-t-il la clairvoyance politique d’ouvrir le système en allant dans le sens de l’histoire ou continuera-t-il, imperturbable, son bonhomme de chemin, suivant le cap fixé qui a mené le pays à l’impasse dans laquelle il se trouve ? Le fait que la société civile se soit emparée de cette revendication – demain ce sera la rue – exige des gestes politiques forts et dans les meilleurs délais avant qu’il ne soit trop tard.

    Omar Berbiche


    El Watan
    " Celui qui passe devant une glace sans se reconnaitre, est capable de se calomnier sans s'en apercevoir "
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