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L'onde de choc de la révolution tunisienne du Maroc au Yémen

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  • L'onde de choc de la révolution tunisienne du Maroc au Yémen

    Ces interview refléte parfaitement ce que mon entourage pense de la situation au maroc. Je pense qu'une bonne partie de la population marocaine partage ces idées la et que le maroc fait sa propre révolution (certe lente mais qui risque de prendre de la vitesse avec ce qui se passe)


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    Et le Maroc ? Chut ! par Anass Z.
    Les événements en Tunisie ont été reçus avec beaucoup d'émoi. Les jeunes ont pratiquement tous témoigné leur soutien aux manifestants tunisiens quand les aînés se sont laissé aller à des expressions de regret de Ben Ali, souvent plus par ignorance que par réelle sympathie pour l'homme. Après, il y a ceux qui espèrent qu'il se passe la même chose en Algérie dans l'espoir secret de voir s'établir un pouvoir plus favorable aux positions marocaines sur la question du Sahara.
    Au Maroc, tout le monde s'est posé la question de savoir si l'effet de contagion pouvait atteindre le royaume. Question secrètement posée, mais presque jamais débattue en public. Les gens se limitent à en discuter dans le secret de leur domicile, et la simple évocation de la question en public pourrait faire changer les couleurs de votre interlocuteur.

    Les revendications sociales n'ont pas particulièrement émergé ces derniers jours, en tout cas, pas à la vue du citoyen lambda. Et quand bien même on voudrait s'en informer, la une des médias officiels s'est encore enquis des déplacements royaux pour inaugurer des projets quand la presse du monde entier a fait la une de toute sa semaine sur l'actualité tunisienne.
    • Entre Tunis et Rabat par Ater A.
    Je suis un jeune diplômé marocain de 24 ans. Cette révolution est pour moi très importante vu que c'est la première fois dans l'histoire d'un pays arabe que l'armée se range du côté du peuple, et surtout que la révolte part vraiment du peuple sans presque aucun encadrement politique. Ici, au Maroc, les gens sont solidaires du peuple tunisien et sont curieux de connaître la suite des événements. Toutefois, aucun effet domino ne se profile à l'horizon, vu que presque plus personne ne conteste la légitimité de la monarchie, et surtout pas les classes moyennes et populaires – celles-là mêmes qui ont fait chuté Ben Ali – qui au Maroc voient le roi comme un sauveur, seul à même de les protéger des excès des fonctionnaires corrompus.

    Cela ne veut pas dire que je sois un farouche partisan du système en place, au contraire, je fais partie des gens qui espèrent une véritable monarchie parlementaire au Maroc avec un renforcement du pouvoir gouvernemental. Et n'oublions pas que contrairement en Tunisie sous l'ancien régime, il existe un semblant de liberté d'expression au Royaume. En témoigne l'existence d'hebdomadaire comme TelQuel ou d'associations comme l'Association marocaine des droits de l'homme très critiques envers le pouvoir en place. Ce qui constitue une soupape de sécurité qui n'existait pas en Tunisie, sans oublier le taux de chômage du pays qui est le plus bas de la région. Ce sont tous ces faits qui, à mon humble avis, me font dire que le Maroc est stable tout en étant solidaire.
    • Evolution plutôt que révolution au Maroc par Youssef L.
    L'onde de choc comme vous dites a atteint le Maroc où l'histoire du monde arabo-berbère prend un tournant en direct sur nos écrans. Oui, on est sensible ici à ce qui se passe en Tunisie parce que c'est un peuple historiquement, socialement et économiquement proche de nous. Par contre, politiquement, les choses sont différentes. L'appareil d'Etat ne s'interpose pas entre le roi et le peuple. Le souverain, jeune et dynamique, sillonne le pays en permanence pour prendre le pouls de son peuple et s'enquérir de la gestion des élites locales. Il y a de la corruption au Maroc, mais il n'y a pas au Maroc de parasite flagrant de l'économie comme a pu l'être la famille Trabelsi en Tunisie. Il n'y a plus ici de corset sécuritaire et arbitraire qui suffoque tous les individus. Les autorités marocaines affichent donc leur sérénité teintée d'une certaine prudence dans leur communication. Elles doivent sans doute aussi ménager chèvre et chou. Je regrette personnellement seulement une pleutrerie certaine des médias dits officiels, s'autocensurant sans doute, qui ne tirent pas tous les enseignements qu'il faudrait du bouleversement tunisien.
    • Le Maroc change depuis 10 ans par Jamal D.
    Le Maroc change depuis dix ans à un rythme soutenu. Je pense que nous sommes sur la bonne voie et le développement économique que connaît le Maroc dans un contexte de crise mondiale est le résultat des réformes en cours depuis quelques années et non pas un destin. Plusieurs chantiers sont en cours ou au stade de lancement (réforme des partis politiques, justice...). La liberté d'expression et autres droits humains ne sont pas au niveau de ceux des pays développés mais restent nettement meilleurs comparativement à ce qu'on peut voir dans des pays qualifiés de similaires (Algérie, Egypte, Jordanie...). Le plus important est que nous sommes sur la bonne voie et notre modèle démocratique (monarchie constitutionnelle adulée par la quasi totalité du peuple avec gouvernement issu des urnes) est en cours de construction. Le principal défi est que la population s'inscrive davantage dans le processus politique en s'intéressant plus à la chose publique. Ce qui est arrivé en Tunisie est le résultat d'un pouvoir absolu sans partage de la part d'une classe dirigeante avec zéro droits et libertés. D'autres pays peuvent connaître le même sort (Algérie et Egypte entre autres) si les dirigeants ne retiennent pas la leçon tunisienne.
    • Au Maroc, circulez il n'y a rien à voir... par Youssef B.
    Les liens entre les peuples des trois pays du Maghreb sont tellement forts qu'au Maroc, nous sommes heureux et admiratifs pour nos amis tunisiens d'avoir réussi "leur" révolution si rapidement et avec un "faible" coût humain. Les situations au Maroc et en Tunisie sont semblables sur certains points : une structure identique de l'économie, une élite francophone hautement éduquée et une grande tradition de tolérance et d'ouverture. Cependant, il y a quelques points de divergence majeurs : la tradition monarchique est ancrée dans la tête des Marocains contrairement au régime totalitaire de Ben Ali et la monarchie est soutenue par la grande muette. De même, les libertés individuelles sont un grand acquis en dehors des fatidiques lignes rouges : monarchie, islam et Sahara. Ceci dit, il y a bien des choses qui nous inquiètent : l'exaspération croissante du peuple qui souffre d'une inégalité des richesses "à la brésilienne", la montée de l'islamisme auprès de couches défavorisées et peu instruites et, enfin, la corruption et la cupidité de l'entourage royal et son enrichissement rapide et insolent, à la différence près que ses méthodes sont plus discrètes que le système mafieux des Trabelsi. Nous n'avons pas d'opposition crédible, la "bonne gouvernance" est un leurre, le peuple a probablement perdu espoir dans la politique sociale ainsi que dans les retombées des grands projets de l'Etat… Heureusement que nos vendeurs ambulants n'ont pas besoin d'autorisation pour exercer...
    • Incertitude ! par El Mostafa J.
    Au Maroc, les gens pensent que la Tunisie a atteint un premier objectif, mais que le plus dur reste à faire. Personne ne sait comment sera la Tunisie de demain. La Tunisie est un pays de 11 millions d'habitants qui reste aussi sous influence des pays voisins et des pays occidentaux.

    Au Maroc, les gens sont plutôt prudents... Tout le monde se plaint du régime, du système, mais se révolter pour le changer, c'est une autre question. Pourquoi ? D'abord, rappelons ces Marocains qui se sont sacrifiés dans les années de plombs : pour quels résultats ? M. El Youssfi a passé presque toute sa vie en exil et quand il est rentré, il était le premier à censurer la presse. Allal Fassi a lutté de toute ses forces pour une monarchie à l'anglaise. Plus de trente ans après sa mort, voilà son beau-fils qui dirige un gouvernement 'télécommandé'. Les dirigeants de l'USFP ont trahi Boubid. Regardez ces Yazghi ou Radi qui veulent mourir dans les fauteuils des ministères au lieu de prendre leur retraite, de faire leur autocritique et de laisser les jeunes construire leur avenir. Tous les dirigeants de l'USFP ont plus de soixante ans. Le ministère de la communication est communiste progressiste, mais il est le plus dictateur au monde. Au Maroc, on a l'impression qu'une partie du gouvernement, de la sûreté nationale et des amis du roi voient dans la Tunisie de Ben Ali un modèle de réussite. J'espère qu'ils ont changé d'avis après ce qui s'est passé. La révolution au Maroc, ça ne sert à rien ou presque.

  • #2
    • Une révolution différente, par Moha
    Je crois qu'au Maroc, nous vivons une révolution depuis l'arrivée du roi Mohammed VI au pouvoir. C'est une révolution lente certes, mais je crois qu'elle va aboutir à un changement pour le bien de tous les Marocains et Marocaines ! Ce qui s'est passé en Tunisie était prévu, parce que le régime dirigeait le pays d'une main de fer et la corruption était à l'ordre du jour surtout de la part de la famille Trabelsi. Je ne dis pas que ces choses ne se passent pas dans les autres pays du Maghreb, mais en Tunisie les choses avaient pris une tournure très grave quand la crise mondiale a touché ce petit pays.
    • Assoiffée de démocratie. par Fayrouz Y.
    C'est avec les larmes aux yeux que j'ai appris, moi jeune Marocaine, la démission de Ben Ali. Il faut croire que ce n'est pas encore gagné, le peuple tunisien doit continuer sa lutte jusqu'à ce qu'il obtienne la dissolution du RCD, la démission des anciens ministres des finances, de l'intérieur et des affaires étrangères du gouvernement et des élections démocratiques sans écarter l'opposition. Les militants marocains étaient fiers du peuple tunisien, ils ont fêté la victoire du peuple tunisien en organisant un sit-in devant l'ambassade de la Tunisie à Rabat. La chute de Ben Ali entraînera la chute de plusieurs dictateurs arabes. Le peuple arabe en a marre de subir cette répression, nous sommes assoiffés de démocratie et de liberté. Nous voulons tous vivre dans la dignité et le respect, nous suivrons tous l'exemple du peuple tunisien jusqu'à ce qu'il n'y ait plus aucun dictateur du Maroc jusqu'en Jordanie.

    J'aimerai finir mon témoignage avec ces quelques vers d'Abou El Kacem Chebbi : ce poème a montré au peuple tunisien les voies de la démocratie et de la liberté, j'espère qu'il nous guidera tous vers le chemin de la liberté, une liberté que nous attendons depuis des années. Merci au peuple tunisien d'avoir su abattre la dictature, et de nous avoir montré les voies de la liberté.

    Lorsqu'un jour le peuple veut vivre,
    Force est pour le destin de répondre,
    Force est pour les ténèbres de se dissiper,
    Force est pour les chaînes de se briser.


    Le Monde.fr

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