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Nantes - le médicament pousse-au-sexe en procès

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  • Nantes - le médicament pousse-au-sexe en procès

    La mâchoire et la main tremblotantes, Didier Jambart a un certain courage. Cadre supérieur à l’arsenal, marié, 52 ans, deux enfants, il affrontait ce mardi au tribunal de Nantes le déballage des effets pervers du médicament qu’on lui a administré contre la maladie de Parkinson.

    L’addiction au jeu, PMU, casino, Internet, a été suivi d’endettement et d’expédients, vol de cartes bleues autour de lui. S’y est ajouté une hypersexualité subie. Exhibition, travestissement, automasochisme, jusqu’à des gardes à vue, des tentatives de suicide et deux séjours en psychiatrie. Ce qu’il appelle sa «descente aux enfers».

    Didier Jambart dit avoir perdu plus de 70.000 euros, sans compter 193.000 euros de manque à gagner sur son avancement de carrière, brisée net au sein de la direction des constructions navales. Reprochant «la défectuosité d’un médicament» et «le défaut d’information», il poursuit au civil le laboratoire GlaxoSmithKline et son médicament Requip, officiellement un «agoniste dopaminergique», doté d’une molécule active, le «ripinirole»

    Convulsions sexuelles sur une femme de 73 ans

    Le neurologue qui lui a prescrit le Requip a même augmenté les doses de 6 à 30 mg, plus que les tests connus. Le médecin spécialiste est aussi mis en cause pour manquement à son devoir d’information du patient. Les effets secondaires? La notice du médicament n’en fait pas état lors du traitement, de mars 2003 à septembre 2005. Depuis, elle s’est rattrapée, évoquant d’abord des risques d’«augmentation de la libido», puis à partir de 2007, l’«hypersexualité».

    Tenu par la honte, Didier Jambart n’a pas parlé au neurologue de ses troubles de comportement. D’ailleurs, à l’époque, il ignore que tout vient du Requip. Dès qu’il est hospitalisé, le Requip est identifié comme fauteur de trouble. Dès l’arrêt du traitement, retour à la normale. «Le neurologue, le laboratoire savaient, ou pouvaient très bien savoir, dit Me Gérard Marot qui défend le parkinsonien. Sans chercher beaucoup, on trouve un livre d’un médecin en 1994 et des documents pluridisciplinaires de 1999 mettant en garde contre les effets indésirables. On a même un cas d’agression sexuelle sur une fillette de 7 ans et des convulsions sexuelles sur une femme de 73 ans… Mais Glaxo préfère le bénéfice du doute plutôt que d’en faire bénéficier ses patients, et dit attendre la conférence de consensus médical, mais justement ce consensus est public en mars 2000.»

    «Ce médicament a révolutionné la vie de patients en leur offrant une situation non tremblante de longue durée, dit Me Jacques-Antoine Robert pour le laboratoire pharmaceutique qui demande une expertise judiciaire. On ne dit pas que les effets indésirables n’existent pas, mais qu’en 2003 on n’avait pas d’étude sérieuse sur le lien de causalité avec le médicament.» La victime réclame 450.000 euros pour le préjudice moral et économique. Délibéré le 24 mars.

    NICOLAS DE LA CASINIÈRE
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