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La théorie du chaos ou le battement d’ailes d’un papillon arabe

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  • La théorie du chaos ou le battement d’ailes d’un papillon arabe

    Qui l’eut cru ? Les Arabes qui n’ont plus rien inventé depuis la création du chiffre zéro, viennent de démontrer avec plus de talent que n’importe quel scientifique, la véracité de la théorie du chaos. Le battement d’aile d’un papillon arabe a changé la face du monde arabe.

    La vie d’un pauvre marchand ambulant de légumes, le Tunisien Mohamed Bouazizi, partie subrepticement tel un battement d’aile de papillon, a créé un cyclone dans tous les pays arabes. Certains objecteront que j’exagère, seules la Tunisie et l’Egypte ont été touchées. Ils oublient que tous les Etats arabes qui ont confisqué les libertés de leurs peuples sont aujourd’hui ébranlés face au déferlement des revendications. La peur a changé de camp.

    Le Roi de Jordanie a déjà limogé son gouvernement pour anticiper sur les manifestations, mais sans convaincre une opposition qui ne se contentera pas de mesures cosmétiques. L’éternel président du Yémen a réuni son parlement pour ensuite annoncer qu’il ne se représentera pas en 2013. Pas sûr que les Yéménites, parmi les plus pauvres du monde arabe, se satisfassent de ces quelques miettes.

    Le président héréditaire de Syrie, Bachar El Assad a été le premier à devancer les manifestations en déclarant qu’il entamerait de profondes réformes lors d’une interview au Wall Street Journal. Encore faut-il que cette déclaration d‘intention soit suivie d’effet. Des manifestations sont prévues dans d’autres pays comme l’Algérie où l’opposition politique y croit de nouveau.

    L’Arabie Saoudite est en panique face au bouleversement que connait la région. Elle qui croyait être venue à bout du nationalisme arabe porté par un Gamal Abdel Nasser, voit désormais son fidèle allié Hosni Moubarak parmi les nominés au jeu du maillon faible.

    Pour tous les pays arabes, l’avenir est incertain. Pour les pays occidentaux, leurs intérêts économiques sont menacés. Pour les Etats-Unis, ce remake arabe de la chute du mur de Berlin a des allures de mauvais film. Ils aimeraient réécrire le scénario, mais il n’y a plus d’encre dans leur plume. Pour Israël enfin, le cauchemar ne fait que commencer.
    Les peuples du monde entier vivent un grand moment de l’Histoire. Cette révolution arabe pourrait très bien être baptisé la Révolution du papillon en hommage à la théorie du Chaos. Bouazizi, les peuples tunisien et égyptien ont d'ores et déjà écrit quelques paragraphes de cette Histoire. Nous avons la chance de vivre en direct ces instants intenses devant nos écrans de télévision, ou d’ordinateurs et peut être pour certains dans la rue.

    La résistance au changement s’organise

    Mais nous ne partageons pas tous le même enthousiasme. Si la révolution tunisienne a rencontré un soutien chez de nombreux Marocains sur les réseaux sociaux, l’effet tâche d’huile sur l’Egypte a refroidi bon nombre d’entre eux. Ainsi s'est déchaînée une lutte acharnée entre partisans de profonds changements démocratiques au Maroc et les réfractaires qui crient leur amour pour le Roi. La panique est telle que des groupes sur Facebook en faveur de la monarchie sont crées, les photos des profils sont remplacés par celle du Roi, un mot d’ordre a été donné afin de dénoncer toute annonce de manifestation au Maroc…

    Cette panique a au moins le mérite de démontrer qu’au Maroc il y a un problème. Sinon, pourquoi contre-attaquer s’il n’y a aucune menace. Des voix s’élèvent contre ces chants de louanges envers ce Maroc carte postale. Des écrivains, tel Abdellatif Laâbi qui a publié un article dans le quotidien espagnol El Pais et repris dans l’hebdomadaire français MarianneAli Lmrabet ou Boubker Jamaï, et d’autres encore, ont également appelé à prendre en compte le nouveau paradigme international. Quelques hommes politiques, ont très timidement appelé à un réveil du pouvoir afin d’anticiper les réformes nécessaires. C’est l’exemple qu’à donné Mustapha Ramid du PJD qui souhaite la démocratisation du pays, demande en outre la dissolution du PAM qui est considéré pour la plupart des Marocains le parti du Roi. Enfin un dernier intervenant : Moulay Hicham, cousin du Roi et 3ème souligne la gestion du Maroc qui ressemble trop à une entreprise qui tourne aux seuls bénéfices de quelques actionnaires. Les avancées économiques, insuffisantes selon lui, ont laissé sur le carreau quelque chose d’encore plus important : les avancées démocratiques. Des journalistes indépendants tels que dans l’ordre de succession. Evidemment sa sortie dans la presse espagnole, abondamment relayée par les médias internationaux, dérange. Pas seulement le Palais royal, mais aussi les citoyens marocains qui ne veulent pas voir leur revendications légitimes pris en otage dans des différents familiaux.

    Ce n’est pas le Roi qui est mis en équation

    Car ne nous méprenons pas, au Maroc l’urgence n’est pas dans le changement de la personne qui est à la tête de l’Etat [Voir vidéo]. Tous les Marocains ont vu les régimes républicains arabes dans lesquels certains avaient fondé beaucoup d’espoirs, se transformer en dictatures qui n’avaient rien à envier à nos tristement célèbres années de plomb. Si ce n’est pas la personne du Roi qui est visé, quel est le nœud du problème entre pro-réformes et pro-statut-quo ?

    Les Marocains ont besoin tout simplement d’un Etat de droit, d’une administration et d’une justice qui leur inspire confiance, un gouvernement plus représentatif de la diversité marocaine, la fin de la gérontocratie dans les partis politiques, la fin du népotisme qui place des incapables à des postes clés moyennant finance ou pire en fonction de leur arbre généalogique. Le Maroc a besoin de voir la fin de cette corruption devenue la règle dans notre quotidien, et enfin le respect envers tous les Marocains. Ces idées sont-elles révolutionnaires ? J’ai l’impression en écoutant mes compatriotes dans les taxis, dans les bureaux, au souk, dans les campagnes, au café, que ces aspirations sont largement partagées et n'ont rien d’extraordinaire. C’est faire insulte à l’intelligence du peuple marocain, d’affirmer que tout va bien et que le Maroc est à l’abri. Feu le Roi Hassan II l’avait compris dans les années 90 en analysant la poudrière qu’était devenu son royaume et en confiant les clés du gouvernement à l’opposition. Si des améliorations ont eu lieu, nous peinons à sauter sur la deuxième marche du développement économique, et il faut l’admettre, nous sommes resté en bas, sur le paillasson de l’ouverture démocratique.

    « Qu’un seul tienne et tous les autres suivront »

    Aujourd’hui plus que le Roi, c’est cette caste dirigeante qui ne veut pas du changement qui craint pour ses privilèges. Ceux qui sont dans le viseur d’une éventuelle manifestation, sont ces apparatchiks dans les partis politiques, les rentiers de l’économie marocaine, les corrompus dans l’administration et les différents appareils de l’Etat, les pistonnés « weldflan » ne devant leur place qu’à leur patronyme. Alors pour détourner l’attention, on allume des contre-feux en exhibant une menace contre la monarchie, un complot fomenté par l’Algérie et l’Espagne… Ils veulent renvoyer la peur qui leur a glacé le sang à tous les Marocains. Une manipulation vaine car de nombreux Marocains appauvris, humiliés, sans avenir n’ont plus rien à perdre. La peur ne leur fait plus peur ! S’ils décident un jour de crier leur colère, personne ne pourra les influencer, ni les groupes Facebook, ni Moulay Hicham, ni Ali Lmrabet. En Tunisie, Bouazizi n’a eu besoin ni d’internet, ni d’un maitre à penser pour tenir tête à une administration corrompue.

    Le risque est là, toujours là, quelle que soit l’épaisseur des multiples couches de peinture. Pour combattre la désespérance, une seule solution : les réformes. Il faut redonner goût dans l’avenir à toute cette frange de la population qui a l’impression d’être dépossédé de leur propre pays. Voilà la raison de la très faible participation aux dernières élections législatives de 2007. La transition rapide et sans douleur vers l’Etat de droit ne peut venir que d’en haut. Tous les Marocains connaissent le dicton : les escaliers se nettoient par le haut (دروج كيتسيقو من لفوق). Ca déplaira surement à une petite frange de privilégiés, mais ca réconciliera la grande majorité des exclus avec leur pays.

    Mohamed Ezzouak

  • #2
    http://www.algerie-dz.com/forums/new...te=1&p=3252024
    The truth is incontrovertible, malice may attack it, ignorance may deride it, but in the end; there it is.” Winston Churchill

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