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    Question d’époque


    Les partis de l’Alliance, FLN, RND et UGTA et l’opposition maison, comme le PT et le FNA, se sont successivement félicités de la promesse faite, jeudi dernier, par le président de la République, de lever l’embargo et d’“ouvrir équitablement les canaux” de la télévision et de la radio à “l'ensemble des partis et organisations nationales agréés”. Le MSP, toujours aussi bon dribleur, continue à “jouer des deux pieds”.
    Il aura fallu attendre que le Président soit contraint par les évènements à faire quelques accessoires concessions pour que le FLN, le RND, l’UGTA et d’autres organes du système viennent rappeler leur attachement aux libertés publiques et à l’expression pluraliste du monde politique et syndical. Que ne les aient-ils pas revendiquées plus tôt, alors !
    Ni le FLN, ni le RND, en effet, n’ont jamais rechigné devant les avantages de la fraude électorale ni devant le privilège de leur accès exclusif aux médias publics. Et l’UGTA ne s’est jamais plainte de la répression systématique des libertés syndicales et s’est toujours complue dans son monopole arbitraire de l’expression du monde du travail.
    Loin d’applaudir à une avancée démocratique — qui traduit une reculade tactique —, tout ce beau monde s’est simplement précipité pour entretenir la confusion qui, dans leur intérêt, doit toujours marquer le débat public. Arithmétiquement, ces partis et organisations du pouvoir font partie de la pluralité politique, syndicale et civile de façade. Ils font donc semblant de souhaiter la bienvenue au moindre acquis démocratique, mais comme pièces d’un même dispositif autocratique, ils restent en attente de conditions plus propices à la restauration unicité. C’est cette œuvre d’embrouillement poursuivie par ces différents appareils qui, pour une grande part, est à la base de l’échec de l’évolution démocratique devenue possible au lendemain d’Octobre 1988. La reconquête des libertés au profit du pouvoir autoritaire, enclenchée dès l’avènement du multipartisme, s’est accélérée depuis 1999. En fait, c’est même le programme du régime actuel.
    Les rares fois où les circonstances amènent une question sérieuse à se poser au pouvoir, ses commissariats politiques interviennent pour empêcher toute décantation en brouillant le débat. Ainsi, cet applaudissement concerté qui vise à faire croire que les dernières décisions, au demeurant encore à l’état de promesses, constituent un soudain bond en avant vers l’état de démocratie. L’ébahissement suggère qu’il s’agit d’un réel progrès et que, pour l’heure, on peut… s’arrêter là ! Pas besoin d’une preuve supplémentaire de conversion démocratique.
    On peut retourner à la routine autocratique.
    On se croirait dans le célèbre sketch de Francis Blanche, avec Pierre Dac. Blanche pose des questions au “Sâr Rabindranath Duval” (Dac) sur les exploits que ce visionnaire peut réaliser et, chaque fois, sans attendre sa réponse, il s’écrie, épaté: “Il peut le faire, Mesdames et Messieurs !”, voulant faire applaudir le public avant même que le “Sâr” ne montre s’il “peut le faire”.
    Sauf qu’à certains moments de l’Histoire, on ne choisit pas les questions qui se posent à nous. On les assume ou on fait semblant de ne pas entre la question de l’époque.

    M. H.

    Liberté

    " Celui qui passe devant une glace sans se reconnaitre, est capable de se calomnier sans s'en apercevoir "
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