Tweet
Entre méfiance, refus et crainte
9 Fevrier 2011
Ils sont chômeurs, étudiants, libéraux, vendeurs ambulants, commerçants et retraités ainsi que ménagères et autres couches de la société. Leurs points de vue, par rapport à la marche prévue à Alger le 12 février, divergent.
Ils vont de la méfiance au refus catégorique. Se référant aux dernières manifestations, certains vont jusqu’à jurer de protéger, par leurs propres moyens, leurs biens et leurs quartiers. D’autres ne donnent point d’importance à cette marche et se disent certains qu’elle n’aura pas lieu. La ménagère, pour sa part, craint qu’une grève s’installe et s’approvisionne ainsi en denrées de première nécessité. Ali est un jeune agent transitaire qui vit à Bab El Oued. Son ami, Lamine, est vendeur ambulant le jour et taxi clandestin*pendant la nuit. Les deux célibataires partagent, outre la même cage d’escalier, la même opinion quant à cette marche. «*Nous allons empêcher les intrus d’entrer dans la cité (…) ils ne veulent que saccager nos voitures et voler nos biens*»*dira Lamine. «*La fois passé (dernières manifestations) ils ne se sont pas manifestés contre la cherté de la vie mais ont profité de l’occasion pour délester les gens de leurs biens*» a soutenu Ali. Par ailleurs, quelques commerçants, exerçant dans l’avenue Colonel Lotfi, se disent contraints de rester près de leurs locaux, samedi prochain, de crainte qu’ils soient pillés. «*Nous nous sommes tous mis d’accord que s’ils (manifestants) s’approchent de nos magasins, ils le regretteront*», lança un vendeur de produits cosmétiques.
Quelques chômeurs, à l’image de Hakim qui est licencié en sciences juridiques et administratives et est sans emploi, estiment que cette grève n’est pas la leur et qu’il ne font pas confiance aux politiques. «*On ne demande qu’un poste d’emploi et un logement (…) on ne cherche pas à faire comme la Tunisie ou l’Egypte*», a-t-il indiqué. «*Nous, les jeunes, nous n’aimons pas trop la politique, nos préoccupations sont d’ordre social*» lança un autre.
D’autres, plus âgés, ne semblent pas être convaincus de cette marche et considèrent qu’il s’agit de manipulation. «*Quand les inondations de 2001 ont fait des ravages, aucun parti politique n’est venu nous soutenir*et personne ne nous a apporté de l’aide*», souligne une surveillante dans un lycée.
Un quadragénaire, avocat à la Cour d’Alger, a, malgré la foule qui occupait la place des trois horloges, tenu à mettre en exergue que ce qui pourra se passer en Algérie n’a rien de commun avec les évènements en Tunisie et en Egypte. « Les Algériens savent que leur pays est riche et eux sont pauvres, ils ne cherchent autre chose que l’amélioration de leurs conditions de vie*» a-t-il estimé.
Outre ces estimations, une crainte que les commerçants baissent leurs rideaux pendant la marche et que cette dernière dure plus que prévu à l’image des ménagères qui, a-t-on constaté, se sont affolées et s’approvisionnent ainsi des produits de large consommation. «*Khalti Zohra», une sexagénaire rencontrée au lieu dit «*Basetta*» à Bab El Oued, quatre bidons d’huile à la main, nous a déclaré qu’elle s’approvisionne, depuis des jours, en légumes sec, blé et lait.
«*On ne sait jamais*» a-t-elle estimé. Mohamed, qui est un jeune technicien en Informatique a, pour sa part, fait savoir qu’il s’est approvisionné de carburant pour son véhicule et qu’il pourra circuler, pendant des jours, sans rendre visite aux stations d’essence.*«*Chaque soir, avant de rentrer chez moi, je fais le plein d’essence, quand j’arrive à la maison je vide mon réservoir. Le lendemain, rebelote*!*», a-t-il dit. De son côté, «*Ami Belkacem*», inspecteur de l’éducation à la retraite, a, tout en rappelant la décennie noire à laquelle le pays a payé un lourd tribut, souhaité, les larmes aux yeux, que nos jeunes «*soient comblés de tous les biens, et que les malheurs et les tragédies ne seront qu’un mauvais souvenir*».
MidiLibre
9 Fevrier 2011
Ils sont chômeurs, étudiants, libéraux, vendeurs ambulants, commerçants et retraités ainsi que ménagères et autres couches de la société. Leurs points de vue, par rapport à la marche prévue à Alger le 12 février, divergent.
Ils vont de la méfiance au refus catégorique. Se référant aux dernières manifestations, certains vont jusqu’à jurer de protéger, par leurs propres moyens, leurs biens et leurs quartiers. D’autres ne donnent point d’importance à cette marche et se disent certains qu’elle n’aura pas lieu. La ménagère, pour sa part, craint qu’une grève s’installe et s’approvisionne ainsi en denrées de première nécessité. Ali est un jeune agent transitaire qui vit à Bab El Oued. Son ami, Lamine, est vendeur ambulant le jour et taxi clandestin*pendant la nuit. Les deux célibataires partagent, outre la même cage d’escalier, la même opinion quant à cette marche. «*Nous allons empêcher les intrus d’entrer dans la cité (…) ils ne veulent que saccager nos voitures et voler nos biens*»*dira Lamine. «*La fois passé (dernières manifestations) ils ne se sont pas manifestés contre la cherté de la vie mais ont profité de l’occasion pour délester les gens de leurs biens*» a soutenu Ali. Par ailleurs, quelques commerçants, exerçant dans l’avenue Colonel Lotfi, se disent contraints de rester près de leurs locaux, samedi prochain, de crainte qu’ils soient pillés. «*Nous nous sommes tous mis d’accord que s’ils (manifestants) s’approchent de nos magasins, ils le regretteront*», lança un vendeur de produits cosmétiques.
Quelques chômeurs, à l’image de Hakim qui est licencié en sciences juridiques et administratives et est sans emploi, estiment que cette grève n’est pas la leur et qu’il ne font pas confiance aux politiques. «*On ne demande qu’un poste d’emploi et un logement (…) on ne cherche pas à faire comme la Tunisie ou l’Egypte*», a-t-il indiqué. «*Nous, les jeunes, nous n’aimons pas trop la politique, nos préoccupations sont d’ordre social*» lança un autre.
D’autres, plus âgés, ne semblent pas être convaincus de cette marche et considèrent qu’il s’agit de manipulation. «*Quand les inondations de 2001 ont fait des ravages, aucun parti politique n’est venu nous soutenir*et personne ne nous a apporté de l’aide*», souligne une surveillante dans un lycée.
Un quadragénaire, avocat à la Cour d’Alger, a, malgré la foule qui occupait la place des trois horloges, tenu à mettre en exergue que ce qui pourra se passer en Algérie n’a rien de commun avec les évènements en Tunisie et en Egypte. « Les Algériens savent que leur pays est riche et eux sont pauvres, ils ne cherchent autre chose que l’amélioration de leurs conditions de vie*» a-t-il estimé.
Outre ces estimations, une crainte que les commerçants baissent leurs rideaux pendant la marche et que cette dernière dure plus que prévu à l’image des ménagères qui, a-t-on constaté, se sont affolées et s’approvisionnent ainsi des produits de large consommation. «*Khalti Zohra», une sexagénaire rencontrée au lieu dit «*Basetta*» à Bab El Oued, quatre bidons d’huile à la main, nous a déclaré qu’elle s’approvisionne, depuis des jours, en légumes sec, blé et lait.
«*On ne sait jamais*» a-t-elle estimé. Mohamed, qui est un jeune technicien en Informatique a, pour sa part, fait savoir qu’il s’est approvisionné de carburant pour son véhicule et qu’il pourra circuler, pendant des jours, sans rendre visite aux stations d’essence.*«*Chaque soir, avant de rentrer chez moi, je fais le plein d’essence, quand j’arrive à la maison je vide mon réservoir. Le lendemain, rebelote*!*», a-t-il dit. De son côté, «*Ami Belkacem*», inspecteur de l’éducation à la retraite, a, tout en rappelant la décennie noire à laquelle le pays a payé un lourd tribut, souhaité, les larmes aux yeux, que nos jeunes «*soient comblés de tous les biens, et que les malheurs et les tragédies ne seront qu’un mauvais souvenir*».
MidiLibre
Commentaire