Moi, Farouk K. observateur pas très regardant
du musellement des libertés !
Par Hakim Laâlam
Le 12, à quoi reconnaîtra-t-on Alger sur Google Earth ?
Je vais me comporter comme un goujat en déclassant tata Louisa. Je lui avais décerné ces derniers jours la palme de «l’originalité à l’algérienne » après son soutien au programme ultralibéral du gouvernement et à sa prise de fonction non officielle en tant que porte-parole d’Abdekka. Je pensais très sincèrement qu’elle ne serait pas délogée de cette première place avant longtemps. Je me trompais ! Désolé tata Louisa, mais un homme vient de te doubler et de prendre le haut de l’affiche des bizarreries en terre d’Algérie. Cet homme, c’est Ksentini. Farouk Ksentini. Le patron désigné de l’observatoire barreaudé des droits de l’homme vient tout simplement d’affirmer que le régime a raison d’interdire la marche pacifique du 12 février. Là, vraiment, je dois mettre mon chapeau bas, très bas devant Si Farouk. Il a réussi une performance qui le scotchera longtemps en tête du hitparade des coups tordus. Le préposé à l’observation de nos droits qui acquiesce et applaudit à l’interdiction pure et simple d’un des droits fondamentaux de tout citoyen, celui de marcher librement, de mettre un pas devant l’autre, c’est fort de café ! Déjà qu’avant, je n’étais pas très rassuré sur la manière dont le respect de nos droits était observé par Si Farouk. Aujourd’hui, je suis carrément paniqué devant cet observateur des droits humains qui se fait le champion, le porte-voix et le héraut du musellement de nos jambes, de nos guibolles et de leur envie de battre librement et pacifiquement l’asphalte. Je pense qu’il y a quelque part, là, une confusion mortelle. Si le rôle de Ksentini est d’applaudir l’interdiction d’une marche citoyenne, ce n’était donc pas à la tête de cet observatoire des droits de l’homme qu’il fallait le placer, mais bien plutôt dans un bureau du ministère de l’Intérieur ou dans les sous-sols d’un commissariat. A partir de ces lieux, Si Farouk n’aurait choqué personne en criant à tue-tête son accord avec l’interdiction d’une marche. Mais, s’extasier devant la fermeture musclée d’un cadre d’expression, à partir des locaux d’un observatoire des droits humains ? C’est incongru. C’est «tristement cocasse». C’est incestueux. C’est contre nature. C’est glauque. C’est zarbi. C’est humainement inquiétant. Je ne sais pas ce qu’ils vont lui faire faire la prochaine fois. Exiger de lui qu’il apporte son soutien claironnant au tabassage des manifestants qui tenteront de marcher malgré tout le 12 ? Justifier les électrodes lors des interrogatoires des marcheurs qui auront été arrêtés ? Ecrire dans une contribution publique qu’il est tout à fait normal que les autorités établissent un apartheid aux portes de la Kabylie pour empêcher toute sortie suspecte de citoyens de cette région un jour de manif’ nationale ? Ne rions de rien aujourd’hui. Car demain, il le fera. A cette allure, il le fera, je vous l’assure ! Je fume du thé et je reste éveillé, le cauchemar continue.
H. L.
Le Soir d'Algérie
du musellement des libertés !
Par Hakim Laâlam
Le 12, à quoi reconnaîtra-t-on Alger sur Google Earth ?
A la grosse tache bleue !
Je vais me comporter comme un goujat en déclassant tata Louisa. Je lui avais décerné ces derniers jours la palme de «l’originalité à l’algérienne » après son soutien au programme ultralibéral du gouvernement et à sa prise de fonction non officielle en tant que porte-parole d’Abdekka. Je pensais très sincèrement qu’elle ne serait pas délogée de cette première place avant longtemps. Je me trompais ! Désolé tata Louisa, mais un homme vient de te doubler et de prendre le haut de l’affiche des bizarreries en terre d’Algérie. Cet homme, c’est Ksentini. Farouk Ksentini. Le patron désigné de l’observatoire barreaudé des droits de l’homme vient tout simplement d’affirmer que le régime a raison d’interdire la marche pacifique du 12 février. Là, vraiment, je dois mettre mon chapeau bas, très bas devant Si Farouk. Il a réussi une performance qui le scotchera longtemps en tête du hitparade des coups tordus. Le préposé à l’observation de nos droits qui acquiesce et applaudit à l’interdiction pure et simple d’un des droits fondamentaux de tout citoyen, celui de marcher librement, de mettre un pas devant l’autre, c’est fort de café ! Déjà qu’avant, je n’étais pas très rassuré sur la manière dont le respect de nos droits était observé par Si Farouk. Aujourd’hui, je suis carrément paniqué devant cet observateur des droits humains qui se fait le champion, le porte-voix et le héraut du musellement de nos jambes, de nos guibolles et de leur envie de battre librement et pacifiquement l’asphalte. Je pense qu’il y a quelque part, là, une confusion mortelle. Si le rôle de Ksentini est d’applaudir l’interdiction d’une marche citoyenne, ce n’était donc pas à la tête de cet observatoire des droits de l’homme qu’il fallait le placer, mais bien plutôt dans un bureau du ministère de l’Intérieur ou dans les sous-sols d’un commissariat. A partir de ces lieux, Si Farouk n’aurait choqué personne en criant à tue-tête son accord avec l’interdiction d’une marche. Mais, s’extasier devant la fermeture musclée d’un cadre d’expression, à partir des locaux d’un observatoire des droits humains ? C’est incongru. C’est «tristement cocasse». C’est incestueux. C’est contre nature. C’est glauque. C’est zarbi. C’est humainement inquiétant. Je ne sais pas ce qu’ils vont lui faire faire la prochaine fois. Exiger de lui qu’il apporte son soutien claironnant au tabassage des manifestants qui tenteront de marcher malgré tout le 12 ? Justifier les électrodes lors des interrogatoires des marcheurs qui auront été arrêtés ? Ecrire dans une contribution publique qu’il est tout à fait normal que les autorités établissent un apartheid aux portes de la Kabylie pour empêcher toute sortie suspecte de citoyens de cette région un jour de manif’ nationale ? Ne rions de rien aujourd’hui. Car demain, il le fera. A cette allure, il le fera, je vous l’assure ! Je fume du thé et je reste éveillé, le cauchemar continue.
H. L.
Le Soir d'Algérie
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