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Pour que les choses bougent!

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    Pour que les choses bougent…




    le 09.02.11 | 03h00

    Annoncée il y a une semaine, la levée prochaine de l’état d’urgence avait laissé, un instant, croire que les leçons tunisienne et égyptienne, et particulièrement celle des violentes émeutes ayant secoué récemment notre pays, étaient retenues en haut lieu. Et que, dans la lancée, d’autres mesures allaient vite être prises dans le sens de l’ouverture démocratique. Mais il n’en fut rien, le pouvoir ayant vite cédé à ses vieux reflexes en décidant d’interdire la marche du 12 février à Alger.
    Pourtant, dans sa substance, celle-ci n’est qu’une initiative citoyenne, en rien subversive, destinée uniquement à alerter les gouvernants sur la gravité de la crise qui secoue le pays et sur l’urgence d’amorcer un processus de changement politique dans le pays. Sa programmation dans la capitale a une valeur symbolique forte, Alger et les grandes villes ne devant plus être des ghettos sécuritaires, des zones où l’expression est interdite aux habitants, à la société civile et aux partis politiques. De surcroît, les organisateurs de la marche s’étaient engagés à éviter tout débordement.

    Une grande manifestation pacifique, haute en couleur, comme on en voit tous les jours dans les pays développés, est du domaine du possible pour peu que les services de sécurité se rapprochent de la Coordination et organisent, d’un commun accord, l’encadrement. Ce choix de l’intelligence politique n’a pas été fait par le pouvoir, qui a vite brandi l’interdit et la menace, celle-ci se matérialisant par la mobilisation, plusieurs jours avant la date du 12 février, de dizaines de véhicules antiémeute. Une campagne sournoise de dénigrement a même été orchestrée par des responsables aux allures de démocrates, mais en réalité des tenants du système.

    En fait, ce n’est pas le risque d’infiltration de la marche par des casseurs qui préoccupe le pouvoir, c’est l’initiative elle-même qui le dérange car elle lui échappe totalement : elle n’est pas de son fait et de surcroît, elle est destinée à l’interpeller, voire le dénoncer dans ses dérives et ses travers. On n’est plus dans le domaine sécuritaire, mais bel et bien dans le domaine politique. Cela renseigne bien sur la volonté des dirigeants, à leur tête le président Bouteflika, de se remettre en cause et de lâcher prise sur le pays qu’ils conduisent d’une main de fer depuis plus d’une décennie sans qu’aucun bilan positif ne plaide pour eux.
    Les seules réalisations en matière d’infrastructures n’ont été permises que par une exceptionnelle embellie financière due aux exportations d’hydrocarbures. Elles ont généré dans leur sillage une énorme gabegie et une effroyable corruption. A cruellement fait défaut, fondamentalement, cette bonne gouvernance qui aurait permis au pays de se doter d’une économie productive, génératrice de richesses et d’emplois, et qui aurait libéré la société politiquement. Ont été laissés sur le carreau des millions d’Algériens, particulièrement des jeunes.
    Mais ces derniers, notamment à la faveur d’une conjoncture internationale propice, ont décidé de prendre leur destin en main et de ne plus céder à la peur et au découragement. Ils crient de plus en plus leur colère par des grèves, des sit-in, des marches, lorsque ce n’est pas par des gestes de désespoir, la harga ou l’immolation. Ils le feront le 12 février et d’autres jours encore, jusqu’à ce que les chosent bougent comme en Tunisie, en Egypte ou dans d’autres contrées.

    Ali Bahmane


    El Watan
    " Celui qui passe devant une glace sans se reconnaitre, est capable de se calomnier sans s'en apercevoir "
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