Alger retient son souffle
L’ombre de la marche du 12 février, initiée par plusieurs partis politiques et syndicats, commence à planer sur la capitale. A moins de trois jours de cette action de protestation, Alger retient son souffle. Les Algérois craignent des débordements, notamment après que la wilaya d’Alger ait signifié son refus catégorique à la Coordination nationale pour le changement et la démocratie (CNCD) d’organiser une telle action. Le sujet qui revient sur toutes les lèvres, ces deux derniers jours, c’est le sort de cette marche, qui s’ébranlera de la Place 1er Mai vers la Place des Martyrs.
La psychose d’un basculement dans la violence reste ancrée des les esprits. Les Algérois ont encore en mémoire les violences qui ont eu lieu au début du mois de janvier de l’année en cours. «J’ai la peur au ventre quant j’apprends qu’une marche aura lieu à Alger. Certes, il y a des gens qui veulent le faire pacifiquement, mais il y a ceux qui profitent de cette occasion pour piller les biens d’autrui et vont tout gâcher», dira, sceptique, un commerçant à la rue Hassiba Ben Bouali, dont le magasin d’équipements de photographie a été dévalisé lors des émeutes du mois dernier qui ont secoué le pays.
La prudence est de mise et de nombreux Algérois ont décidé de rester à la maison le jour «J» par crainte d’éventuels troubles. «J’ai entendu parler de cette marche et j’ai décidé de ne pas y aller.
On assez souffert de la violence. En tout cas, ceux qui iront marcher ne vont pas changer les choses», lance un fonctionnaire, qui a assisté aux événements d’un certain octobre 1988. «Ce qui s’est passé en 1988 ne se reproduira jamais. La génération d’hier n’est pas la même que celle d’aujourd’hui», enchaîne-t-il. Son collègue insiste sur le fait que «l’Algérie n’est ni la Tunisie ni l’Egypte».
«Ce qui se passe actuellement en Egypte, nous l’avons vécu en 1988. En plus, dans ce pays, la société civile a été construite malgré la dictature. L’opposition représente dignement le peuple et porte leurs aspirations, plus haut. Chez nous, si un parti politique s’agite, ce n’est que pour s’accaparer de postes dans des institutions ou au Parlement. De toutes les façons, moi je n’y crois plus !», s’emporte-t-il. Approchés, de jeunes chômeurs, adossés au mur de la Grande-Poste, affirment, pour leur part, qu’ils ne vont pas participer à cette marche en raison des slogans choisis par ses initiateurs. «Nous ne sommes pas concernés par cette marche, parce aucune de nos revendications n’ont été insérées dans leur plateforme de revendications.
D’après la presse, ils demandent la levée de l’Etat d’urgence alors que moi je ne sais même pas de quoi il s’agit !», dit l’un d’eux. Un autre renchérit : «Nous sommes apolitiques. Rana habin nakhadmou ! (Nous voulons travailler, un point c’est tout). Inchalah, la marche n’aura pas lieu». Un peu plus loin, un groupe de jeunes, discutant des événements qui ont lieu à la Place Tahrir, symbole de la protestation en Egypte, affirment ne pas être au courant de cette marche d’Alger. «Une marche ! Quelle marche ? Nous ne sommes au courant de rien», lancent-ils.
Ces derniers affirment que les gens ne sont pas suffisamment informés. «Ce n’est pas du jour au lendemain qu’on décide d’organiser une marche. Une telle action exige beaucoup de temps et de réflexion afin qu’elle aboutisse à des objectifs», commente un jeune diplômé. Dans ce cadre, la Coordination nationale pour le changement n’a pas vraiment investi dans le travail de sensibilisation. Aucun comité de quartier n’a été installé ou encadré. Les initiateurs de la marche se sont contentés de réunions dans des salles fermées et par des déclarations à la presse. Quoi qu’il en soit, la marche du 12 février sera réprimée au moyen d’un dispositif sécuritaire draconien, d’autant que les autorités ont affiché un niet catégorique à cette action. Le ton a déjà été donné hier.
Des policiers, en uniforme en en civil, commençaient à se déployer à divers points sensibles de la capitale. Les policiers postés à des barrages de contrôle, ceux de l’est de la capitale comme ceux de l’ouest, procèdent à des fouilles systématiques des automobilistes et des bus de voyageurs.
Par Salim F.
L’ombre de la marche du 12 février, initiée par plusieurs partis politiques et syndicats, commence à planer sur la capitale. A moins de trois jours de cette action de protestation, Alger retient son souffle. Les Algérois craignent des débordements, notamment après que la wilaya d’Alger ait signifié son refus catégorique à la Coordination nationale pour le changement et la démocratie (CNCD) d’organiser une telle action. Le sujet qui revient sur toutes les lèvres, ces deux derniers jours, c’est le sort de cette marche, qui s’ébranlera de la Place 1er Mai vers la Place des Martyrs.
La psychose d’un basculement dans la violence reste ancrée des les esprits. Les Algérois ont encore en mémoire les violences qui ont eu lieu au début du mois de janvier de l’année en cours. «J’ai la peur au ventre quant j’apprends qu’une marche aura lieu à Alger. Certes, il y a des gens qui veulent le faire pacifiquement, mais il y a ceux qui profitent de cette occasion pour piller les biens d’autrui et vont tout gâcher», dira, sceptique, un commerçant à la rue Hassiba Ben Bouali, dont le magasin d’équipements de photographie a été dévalisé lors des émeutes du mois dernier qui ont secoué le pays.
La prudence est de mise et de nombreux Algérois ont décidé de rester à la maison le jour «J» par crainte d’éventuels troubles. «J’ai entendu parler de cette marche et j’ai décidé de ne pas y aller.
On assez souffert de la violence. En tout cas, ceux qui iront marcher ne vont pas changer les choses», lance un fonctionnaire, qui a assisté aux événements d’un certain octobre 1988. «Ce qui s’est passé en 1988 ne se reproduira jamais. La génération d’hier n’est pas la même que celle d’aujourd’hui», enchaîne-t-il. Son collègue insiste sur le fait que «l’Algérie n’est ni la Tunisie ni l’Egypte».
«Ce qui se passe actuellement en Egypte, nous l’avons vécu en 1988. En plus, dans ce pays, la société civile a été construite malgré la dictature. L’opposition représente dignement le peuple et porte leurs aspirations, plus haut. Chez nous, si un parti politique s’agite, ce n’est que pour s’accaparer de postes dans des institutions ou au Parlement. De toutes les façons, moi je n’y crois plus !», s’emporte-t-il. Approchés, de jeunes chômeurs, adossés au mur de la Grande-Poste, affirment, pour leur part, qu’ils ne vont pas participer à cette marche en raison des slogans choisis par ses initiateurs. «Nous ne sommes pas concernés par cette marche, parce aucune de nos revendications n’ont été insérées dans leur plateforme de revendications.
D’après la presse, ils demandent la levée de l’Etat d’urgence alors que moi je ne sais même pas de quoi il s’agit !», dit l’un d’eux. Un autre renchérit : «Nous sommes apolitiques. Rana habin nakhadmou ! (Nous voulons travailler, un point c’est tout). Inchalah, la marche n’aura pas lieu». Un peu plus loin, un groupe de jeunes, discutant des événements qui ont lieu à la Place Tahrir, symbole de la protestation en Egypte, affirment ne pas être au courant de cette marche d’Alger. «Une marche ! Quelle marche ? Nous ne sommes au courant de rien», lancent-ils.
Ces derniers affirment que les gens ne sont pas suffisamment informés. «Ce n’est pas du jour au lendemain qu’on décide d’organiser une marche. Une telle action exige beaucoup de temps et de réflexion afin qu’elle aboutisse à des objectifs», commente un jeune diplômé. Dans ce cadre, la Coordination nationale pour le changement n’a pas vraiment investi dans le travail de sensibilisation. Aucun comité de quartier n’a été installé ou encadré. Les initiateurs de la marche se sont contentés de réunions dans des salles fermées et par des déclarations à la presse. Quoi qu’il en soit, la marche du 12 février sera réprimée au moyen d’un dispositif sécuritaire draconien, d’autant que les autorités ont affiché un niet catégorique à cette action. Le ton a déjà été donné hier.
Des policiers, en uniforme en en civil, commençaient à se déployer à divers points sensibles de la capitale. Les policiers postés à des barrages de contrôle, ceux de l’est de la capitale comme ceux de l’ouest, procèdent à des fouilles systématiques des automobilistes et des bus de voyageurs.
Par Salim F.
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