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Quand la corruption alimente le malaise social

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  • Quand la corruption alimente le malaise social

    Le phénomène a pris de l’ampleur

    Par : A. hamma

    Corruption
    Tout le monde aura relevé que parmi les “mots d’ordre” portés par les contestations populaires qui secouent présentement le monde arabe ; la lutte contre la corruption est mise en avant.
    Outre les revendications à caractère social, politique et économique, ces manifestations révèlent aussi, au grand jour, les questions liées à la corruption des dirigeants de ces pays, qui spolient ouvertement et en toute impunité, les richesses de leurs peuples. Cette “plaie suintante”, provoquée par les régimes autocratiques et dictatoriaux dans le corps social de leur nation, est reconnue sans aucune décence par les dirigeants, en l’occurrence tunisiens et égyptiens, qui promettent désormais – pourquoi ne l’ont-ils pas fait avant ? – de combattre ce fléau.



    En Algérie, la corruption prend aussi de l’ampleur et inquiète l’opinion publique qui y est particulièrement sensible. Cette dernière oscille entre une fatalité qu’elle se résigne difficilement à accepter et une indignation qu’elle tente courageusement de dénoncer.
    Comment en est-on arrivé là ? La réponse, à l’évidence, n’est pas simple. Elle peut néanmoins être cernée à travers le cheminement historique spécifique de la société algérienne post-indépendance. De même que la nature du système politique, économique et administratif sur lequel sont fondés l’État, ses institutions et son mode de gouvernance, permet de livrer un éclairage. L’Algérie, en tant que pays en développement, particulièrement vulnérable à ce phénomène universel, est pourtant signataire de la Convention internationale de lutte contre la corruption.

    Au plan interne, elle s’est dotée de mécanismes juridique, réglementaire et institutionnel visant les mêmes objectifs. Il s’agit notamment de la loi n° 06-01 du 20 février 2006 qui prévoit la création d’un “office central de répression de la corruption”. Envertu de cette même loi, le décret présidentiel n°06-413, publié en 2010 (c’est-à-dire quatre années plus tard), institue un “organe de lutte contre la corruption en Algérie” qui a été mis en place fin décembre 2010. Quand à la volonté politique, elle semble affirmée par les plus hautes autorités du pays au niveau du discours politique du moins. Ainsi, le président de la république, à l’occasion de l’ouverture de l’année judiciaire 2009-2010, a déclaré : “Grande est notre détermination à lutter contre la corruption sous toutes ses formes et ses manifestations.”
    Lors du conseil des ministres du 3 février courant, Abelaziz Bouteflika a réaffirmé cette détermination en enjoignant la justice d’aller jusqu’au bout de l’examen et du traitement des dossiers de corruption. En dépit de ces gages – bien tardifs, il faut l’avouer –, les observateurs politiques et les experts des questions de la corruption demeurent sceptiques quant à la mise en place d’un mode transparent de gouvernance de l’État et de ses institutions, qui réponde aux exigences revendications citoyennes.
    En vérité, l’organisation de l’administration de l’État et des grands services publics, fortement centralisés, investis et gérés par des hommes, le plus souvent cooptés et pas nécessairement compétents, probes ni intègres, a favorisé, dès les années 1970, l’apparition du phénomène de la corruption à travers ce que l’on appelait à l’époque “les atteintes à l’économie nationale”. Au fur et à mesure que les programmes de développement se multipliaient, accompagnés de marchés de plus en plus importants financièrement, les tentations devenaient de plus en plus grandes et les appétits de plus en plus insatiables.
    L’économie rentière faisant le reste. Cette phase de fonctionnement monolithique des institutions et de l’économie dirigée a connu son lot d’affaires de corruption mais, somme toute, assez restreintes.
    Les réformes économiques et l’ouverture du marché national dans les années 1990, avec en premier lieu l’explosion des importations de marchandises et de produits de toute nature, ont, parfois objectivement, fait le lit du commerce informel avec l’apparition de la fraude, de l’évasion fiscale et du transfert de capitaux vers l’étranger à large échelle, au vu et au su de tout le monde.
    Certains experts ont évalué les flux commerciaux au niveau des bazars du Hamiz échappant au fisc à plus de 15 milliards de dollars dans les années 2000. L’État et ses institutions de contrôle étaient focalisés et préoccupés en priorité par la lutte antiterroriste. De fait, les terrains économiques et des affaires étaient livrés aux prédateurs de tout acabit en l’absence de tout mécanisme régulateur de la puissance publique.
    De la négociation des marchés publics à la gestion des services publics, la corruption se banalise et imprègne insidieusement la culture dominante de la “chipa” jusqu’y compris chez les jeunes. Alors ! Fatalité ou manque de volonté politique ?
    En vérité, la corruption a tellement gangrené notre pays qu’elle est devenue un risque majeur pour l’unité, la cohésion et la stabilité sociale et politique de la nation. On peut penser que les émeutes, qui ont marqué la scène politique et sociale nationale récemment, ont été aussi alimentées par le sentiment d’injustice et de frustration face à l’impunité dont semblent bénéficier les auteurs des détournements des deniers publics. Elle a fini également par ternir l’image de marque de l’Algérie auprès des partenaires étrangers avec toutes les conséquences politiques, diplomatiques et économiques, d’où le déclenchement, par les autorités, de la campagne anticorruption.
    Dans les faits, la lutte menée actuellement contre la corruption et contre toutes les pratiques frauduleuses et autres malversations n’aboutira que si les conditions de transparence dans le mode de gouvernance évoluent.
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