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En Algérie, les colères bâillonnées se libèrent

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    10/02/2011 19:23 :la-croix.com
    En Algérie, les colères bâillonnées se libèrent


    L’opposition maintient l’appel à une grande marche demain, en dépit de son interdiction

    Ben Aknoun, le quartier universitaire, porte d’entrée ouest d’Alger, est en ébullition. Des dizaines de fourgons de CRS stationnent. Deux mille étudiants font un siège bruyant du ministère de l’enseignement supérieur. La marche du 12 février pour le changement démocratique, interdite par le pouvoir, est dans trois jours.

    « Nous, c’est tous les jours le 12 ! hurle Samir, un étudiant en agronomie. Nous voulons l’abrogation du décret de la honte ! », qui a posé des « conditions inacceptables » pour l’accès des diplômés des grandes écoles à l’enseignement supérieur et à la recherche.

    Revendication apolitique ? Un drapeau tunisien dans la mêlée tonitruante rappelle le contexte. Alger est à cran. À deux pas de là, l’hôpital de Ben Aknoun a droit à son quota de fourgons bleus : grève nationale des paramédicaux.

    Les infirmiers attendent un statut depuis trois ans. Un ancien ministre, Abdelaziz Rahabi, a affirmé dans une tribune de presse que les autorités « ne traitent qu’avec ceux qui développent des capacités de nuisance ». La détermination des paramédicaux est d’autant plus forte que les 180 000 fonctionnaires de la police, honnis de la population, ont, eux, bénéficié d’une augmentation de salaire de 50 %.

    Un gouvernement riche et autiste
    Le désespoir de trop nombreux Algériens a pris de court un gouvernement riche et autiste. Le 3 février dernier, un conseil des ministres « historique » a tenté de désamorcer la bombe en multipliant les mesures d’ouverture : promesse de levée de l’état d’urgence en vigueur depuis 1992, accès de l’opposition légale à la télévision et à la radio, aide au logement pour les jeunes, créations d’emplois, assouplissement de la bureaucratie administrative…

    Le climat ne s’est pas détendu pour autant. Des bureaux de l’agence pour l’emploi ont été pris d’assaut dans la semaine par des centaines de jeunes. Mais aucun dispositif précis n’était prêt. Le taux de chômage officiel de 10 % est contes té et celui des moins de 30 ans est reconnu supérieur à 25 %.

    Dimanche 6 février, un rassemblement de chômeurs diplômés a tourné au drame devant le ministre du travail : un éboueur licencié s’est immolé par le feu et a été sauvé in extremis de la mort par les manifestants. Les scènes d’immolation ont envahi l’espace public. Plus de 30 tentatives depuis le 17 décembre, date de « l’acte fondateur » de Mohamed Bouazizi, à Sidi Bouzid, dans la voisine Tunisie. Quatre sont morts.

    « Toutes les frustrations sont en train de se liguer, explique Merouane Oualache, militant des droits de l’homme et signataire d’un appel de réseaux intellectuels « Ensemble, pour un changement démocratique ». Même les parents de Harraga (lire ci-contre), qui sont repris en mer par les garde-côtes, protestent devant les tribunaux pour faire libérer les leurs. »

    « Les colères bâillonnées »
    Les Algériens ne veulent plus mettre en sourdine la moindre revendication. La Coordination nationale pour le changement démocratique (CNCD), qui appelle à la marche samedi 12 février, surfe sur « les colères bâillonnées » : syndicats de corporation attendant leurs agréments, Ligue des droits de l’homme interdite d’activité, réseau d’associations de jeunes « hors système », association de familles de disparus, collectif des clients spoliés par leur banque, députés indépendants mis au ban de l’Assemblée, anciens ministres passés à l’opposition…

    La CNCD « doit tourner la page des divisions passées pour se concentrer sur le départ pacifique de ce régime », a résumé Me Ali Yahia Abdenour, patriarche du combat pour les droits de l’homme et principale caution morale de l’initiative. Le pari n’est pas encore gagné.

    Le FFS de Hocine Ait Ahmed, qui a quitté la CNCD, réclame implicitement un débat sur les responsabilités dans la guerre civile algérienne, avant d’envisager de militer pour la démocratie avec d’« anciens soutiens de la junte militaire ».

    Une chose est sûre : le vent de fronde pourrait s’amplifier si le colossal dispositif sécuritaire – 30 000 policiers sont prévus à Alger samedi – dérapait dans la répression, rarement non sanglante en Algérie.
    Amine KADI, à Alger
    Souviens toi le jour où tu es né tout le monde riait mais toi, tu pleurais, la vie est éphémère
    alors œuvre de telle façon… à ce qu’au jour ou tu mourras, tout le monde pleurera… mais toi… tu riras
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