Manœuvres politiques
le 14.02.11 | 03h00
Face au défi de la Coordination nationale pour la changement et la démocratie (CNCD) de maintenir sa décision d’organiser samedi sa marche à Alger, Bouteflika était placé devant un choix cornélien. Tolérer la manifestation quitte à faire une entorse aux dispositions légales sur l’état d’urgence toujours en vigueur ; cela pour ne pas se mettre à dos les puissances occidentales qui ont multiplié, depuis la révolution tunisienne, les appels en faveur du respect des libertés et du droit d’organiser des manifestations pacifiques. Ou bien, opter, comme cela s’est passé, pour la manière forte en réprimant la marche. Tout en jouant sur la division des rangs pour tuer dans l’œuf le mouvement et le discréditer aux yeux de l’opinion nationale et internationale en engageant avec la Coordination nationale un bras de fer autour de la bataille des chiffres et de la mobilisation sur le terrain.
Fort instruit des expériences des révolutions tunisienne et égyptienne qui ont commencé dans les mêmes conditions, le président Bouteflika s’est gardé de jouer à la roulette russe. Comme l’ont fait les présidents déchus Ben Ali et Moubarak qui ont sous-estimé les capacités de la rue à faire trembler et tomber leur régime, croyant naïvement que la menace des coups d’Etat et la rébellion ne pouvaient provenir que de l’armée. Les images de répression de la marche retransmises par les télévisions étrangères ont offert une bien triste image de l’Etat de droit que nos dirigeants s’emploient, sans convaincre, à vendre à l’étranger. Il aura suffi d’une dose de violence de l’Etat comme celle que la place du 1er Mai a vécue ce samedi pour que la vitrine démocratique du pays volât en éclats. Se pose alors la question de savoir quelles sont les motivations réelles qui se cachent derrière la manière avec laquelle les autorités ont géré la manifestation de samedi.
Une gestion manifestement plus politique que policière contrastant avec la violence effroyable opposée à la marche du RCD. Le fait que les forces antiémeute aient empêché de façon musclée la marche tout en laissant, par ailleurs, les manifestants organiser un rassemblement à la place du 1er Mai qui aura duré près de 5 heures autorise à penser qu’il y eut un ordre d’en haut pour gérer politiquement l’événement en le sous-dimensionnant et en le décrédibilisant à défaut d’écraser la manifestation. Cette dernière option passe désormais aujourd’hui d’autant mal au niveau de l’opinion internationale qu’avec le nouveau contexte créé par les révolutions tunisienne et égyptienne, les dictateurs savent, à présent, que la répression ne fait plus recette.
En réussissant, par diverses manœuvres et intimidations, à réduire la portée numérique mais pas politique de la marche, le pouvoir a voulu montrer les limites des capacités de mobilisation de la CNCD et de l’opposition, d’une manière générale, dans la perspective de négocier la suite des événements en position de force. Bien que condamné à remettre rapidement le pays sur les rails des réformes démocratiques contrariées depuis son arrivée aux affaires, le président Bouteflika ne voudrait pas laisser l’initiative à la rue au risque d’apparaître comme un président désavoué par son peuple, contraint de quitter le pouvoir par une porte dérobée. Jusqu’où pourra-t-il aller dans les réformes qu’il pourrait engager ? A-t-il aujourd’hui toutes les cartes entre les mains pour décider du contenu et de l’agenda des réformes ?
Omar Berbiche
El watan
le 14.02.11 | 03h00
Face au défi de la Coordination nationale pour la changement et la démocratie (CNCD) de maintenir sa décision d’organiser samedi sa marche à Alger, Bouteflika était placé devant un choix cornélien. Tolérer la manifestation quitte à faire une entorse aux dispositions légales sur l’état d’urgence toujours en vigueur ; cela pour ne pas se mettre à dos les puissances occidentales qui ont multiplié, depuis la révolution tunisienne, les appels en faveur du respect des libertés et du droit d’organiser des manifestations pacifiques. Ou bien, opter, comme cela s’est passé, pour la manière forte en réprimant la marche. Tout en jouant sur la division des rangs pour tuer dans l’œuf le mouvement et le discréditer aux yeux de l’opinion nationale et internationale en engageant avec la Coordination nationale un bras de fer autour de la bataille des chiffres et de la mobilisation sur le terrain.
Fort instruit des expériences des révolutions tunisienne et égyptienne qui ont commencé dans les mêmes conditions, le président Bouteflika s’est gardé de jouer à la roulette russe. Comme l’ont fait les présidents déchus Ben Ali et Moubarak qui ont sous-estimé les capacités de la rue à faire trembler et tomber leur régime, croyant naïvement que la menace des coups d’Etat et la rébellion ne pouvaient provenir que de l’armée. Les images de répression de la marche retransmises par les télévisions étrangères ont offert une bien triste image de l’Etat de droit que nos dirigeants s’emploient, sans convaincre, à vendre à l’étranger. Il aura suffi d’une dose de violence de l’Etat comme celle que la place du 1er Mai a vécue ce samedi pour que la vitrine démocratique du pays volât en éclats. Se pose alors la question de savoir quelles sont les motivations réelles qui se cachent derrière la manière avec laquelle les autorités ont géré la manifestation de samedi.
Une gestion manifestement plus politique que policière contrastant avec la violence effroyable opposée à la marche du RCD. Le fait que les forces antiémeute aient empêché de façon musclée la marche tout en laissant, par ailleurs, les manifestants organiser un rassemblement à la place du 1er Mai qui aura duré près de 5 heures autorise à penser qu’il y eut un ordre d’en haut pour gérer politiquement l’événement en le sous-dimensionnant et en le décrédibilisant à défaut d’écraser la manifestation. Cette dernière option passe désormais aujourd’hui d’autant mal au niveau de l’opinion internationale qu’avec le nouveau contexte créé par les révolutions tunisienne et égyptienne, les dictateurs savent, à présent, que la répression ne fait plus recette.
En réussissant, par diverses manœuvres et intimidations, à réduire la portée numérique mais pas politique de la marche, le pouvoir a voulu montrer les limites des capacités de mobilisation de la CNCD et de l’opposition, d’une manière générale, dans la perspective de négocier la suite des événements en position de force. Bien que condamné à remettre rapidement le pays sur les rails des réformes démocratiques contrariées depuis son arrivée aux affaires, le président Bouteflika ne voudrait pas laisser l’initiative à la rue au risque d’apparaître comme un président désavoué par son peuple, contraint de quitter le pouvoir par une porte dérobée. Jusqu’où pourra-t-il aller dans les réformes qu’il pourrait engager ? A-t-il aujourd’hui toutes les cartes entre les mains pour décider du contenu et de l’agenda des réformes ?
Omar Berbiche
El watan
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