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La situation intérieure de l'Algérie est-elle vraiment comparable avec celle de la Tunisie et l'Egyp

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  • La situation intérieure de l'Algérie est-elle vraiment comparable avec celle de la Tunisie et l'Egyp

    Après la Tunisie et l'Egypte, des révoltes en Algérie : "L'armée joue un rôle très différent"
    14/02/11 à 16:41 | Hélène*Decommer de La*rédaction*du*Post
    Après la Tunisie et l'Egypte, l'Algérie ? Alors que les présidents*Zine el-Abidine Ben Ali et Hosni Moubarak ont tous deux été déchus ces dernières semaines, à la suite de manifestations massives dans leurs pays respectifs, l'Algérie connaît elle-aussi des mouvements de protestation. Samedi, entre 2 et 3.000 manifestants se sont réunis à Alger pour protester contre le pouvoir algérien.

    La tentation est grande de dresser un parallèle avec la Tunisie et l'Egypte. Mais la situation intérieure de l'Algérie est-elle vraiment comparable avec celle de ces deux pays ? Peut-elle conduire à la même issue ?

    Contactée par Le Post, Mansouria Mokhefi, responsable du programme Moyen-Orient/Maghreb à l'Institut français des relations internationales (IFRI), nous apporte son éclairage.

    Peut-on faire un lien entre le mouvement de protestation en Algérie et ceux qu'il y a eu en Tunisie et en Egypte ?
    "En janvier, l'Algérie avait déjà bougé en même temps que la Tunisie. Il y a eu des révoltes contre l'augmentation des prix des produits de première nécessité, qui portaient en elles quelque chose de plus vaste : une inquiétude face au chômage élevé, face au peu de débouchés, dans ce pays où 70% de la population a moins de 30 ans. Le gouvernement a vite calmé les choses. Enfin, je dis 'vite' mais il y a tout de même eu 5 morts et des centaines de blessés. Le gouvernement a répondu aux demandes d'assouplissement de l'exercice du pouvoir par du saupoudrage de mesures."

    Peut-on dire "aux mêmes causes les mêmes effets", imaginer d'ores et déjà un départ de Bouteflika ?
    "Deux éléments sont semblables : le poids de la jeunesse et l'absence d'islamistes dans les manifestations. Néanmoins, la situation en Algérie n'est pas la même qu'en Tunisie ou en Egypte sur différents points, et pas des moindres. Pour commencer, il n'y a pas la même chape de plomb sur les libertés : la presse est plus libre, la liberté d'expression très utilisée par les Algériens. Et le pays est riche. Les interrogations sont plutôt celles-ci : 'Comment est utilisée la rente pétrolière ? Où passent toutes ces richesses ?'.
    Ensuite, l'armée joue un rôle très différent. En Tunisie, elle est faible, quasiment impuissante, négligée, mal équipée. En Egypte elle est puissante, bien équipée, bien nourrie, bien financée. En Algérie l'armée est non seulement très puissante et riche, mais aussi très présente et détentrice de pouvoirs politiques et économiques. Elle a aussi aider le pays à sortir de la guerre civile (dans les années 1990, ndlr) et cela est très important."

    Que réclament les manifestants algériens ?
    "En Tunisie et en Egypte, les slogans étaient 'Ben Ali dégage' ou 'Moubarak dégage'. En Algérie, il ne me semble pas que les manifestants disent 'Bouteflika dégage'. Ce qu'ils réclament, c'est un changement de système. Le mouvement de protestation est porté par la jeunesse, qui est éduquée et qui fonctionne avec Internet. Elle veut connaître autre chose que le système actuel".

    Qui est la Coordination nationale pour le changement et la démocratie (CNCD), qui appelle aux manifestations ?
    "Il s'agit d'un mouvement très récent, créé il y a moins d'un mois. Cette coordination regroupe le Rassemblement pour la culture et la démocratie - une mouvance politique menée par le député berbère Saïd*Sadi, laïque et anti-FLN - différents petits partis d'opposition, mais pas le Front des forces socialistes (leader national de la guerre d'indépendance), plusieurs associations de quartier ou estudiantines, des mouvements de défense de la femme et quelques syndicats, mais pas tous."

    Lundi matin, le ministre algérien des Affaires étrangères utilisait l'expression "mouvements minoritaires" pour qualifier les manifestations. Qu'en pensez-vous ?
    "C'est à la fois exact et inexact. La CNCD espérait que le mouvement de samedi serait beaucoup plus important. Mais réunir 2 à 3.000 personnes n'est pas rien non plus, dans un pays fatigué des manifestations et traumatisé par des années de guerre civile. Je pense que le gouvernement algérien ne pourra pas ne pas prendre en compte cette coordination, qui appelle désormais à manifester chaque samedi. Le pays ne sera pas paralysé comme en Egypte, pas affamé comme en Tunisie, mais il me semble qu'on est entré dans un affrontement de longue durée."

    L'armée, très puissante, a déjà fait une démonstration de force samedi. Doit-on craindre une répression sanglante si le mouvement de protestation se poursuit ?
    "Je ne peux pas vous le dire. L'armée n'a jamais lésiné de ce côté et elle perdrait trop à laisser poindre un changement de système. Pour autant, nous venons d'assister à deux révolutions, que personne ne pouvait prédire. Il faut donc se garder de faire des prédictions. Ce qui est certain, c'est que l'armée est très forte et actrice de la société."

    Le Post
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