Les milliards des tyrans
Les clans Ben Ali et Moubarak ont fait fortune avec des méthodes utilisées dans tout le Moyen-Orient.
Laszlo Molnar - le 14 février 2011, 22h43
Le Matin (quotidien Suisse )
0 commentaires
Le monde arabe est en ébullition. Tous les gouvernements se demandent s'ils risquent d'être chassés par une population en colère, comme l'ont été les dirigeants d'Egypte et de Tunisie. La corruption, généralisée dans tout le Proche et le Moyen-Orient selon les spécialistes, était en effet au centre des revendications des manifestants du Caire, d'Alexandrie ou de Tunis. Et pour cause: le Tunisien Ben Ali et l'Egyptien Hosni Moubarak se sont approprié des sommes pharaoniques.
Les systèmes qu'ils ont utilisés étaient bien rodés, notent Amaney Jamal, professeur à l'Université de Princeton, en Californie, et Christopher Davidson, professeur à l'Université de Durham, en Angleterre. Dans ces pays, comme dans toute la région, les entreprises étrangères doivent trouver un partenaire local pour s'installer. Or, comme par hasard, dès que ses firmes émettent le souhait d'ouvrir une usine ou des bureaux, les autorités leur recommandent de s'associer avec des personnalités ou des sociétés proches du régime.
Nestlé piégé en Tunisie
Certaines de ces entreprises occidentales auraient certes préféré n'avoir pas à subir l'avidité des dirigeants. Nestlé, notamment, s'est lié à la Banque Nationale Agricole (BNA) et à la Société tunisienne des industries laitières pour éviter le clan Ben Ali. Mais un beau-fils du président a fait purement et simplement main basse sur les parts de ces deux partenaires tunisiens de Nestlé, sans consulter ou même informer la direction à Vevey. La multinationale suisse a d'ailleurs préféré garder le silence plutôt que de courir le risque de devoir fermer boutique en Tunisie, a raconté la TSR, à l'origine de cette information.
La banque des Moubarak
Les Moubarak ont été encore plus loin: Gamal, le fils du dictateur, s'est mis en cheville avec EFG-Hermes. Cette banque égyptienne était chargée dans les années 1990 à piloter les privatisations des entreprises nationalisées ou créées alors que le pays se voulait socialiste. EFG-Hermes était chargée par Gamal d'informer sur les privatisations prévues une firme d'investissements mise sur pied par ce même fils de Moubarak, la Meinvest Associates à Londres. Une information qui permettait à la famille et à ses alliés de racheter les fleurons de l'industrie égyptienne à vil prix avant que de véritables enchères soient organisées. «C'est une méthode d'enrichissement qui a été pratiquée par tous les dictateurs du Proche et du Moyen-Orient», explique Mme Jamal.
Ces modes de fonctionnement ne sont pas nouveaux. Le dictateur philippin Ferdinand Marcos ou l'Indonésien Suharto ont également abondamment profité de l'installation de firmes étrangères ou des privatisations. Mais le procédé est sérieusement menacé dorénavant. Non seulement les habitants des pays du tiers-monde sont moins dupes, grâce à l'information disponible sur Internet, mais l'Occident est sur ses gardes. Les noms d'emprunt utilisés pour ouvrir des comptes en Europe ou en Amérique du Nord passent d'ailleurs de moins en moins inaperçus. Preuve en est que la Suisse a mis un quart de siècle (de 1986 à 2009) pour restituer l'intégralité des fonds Marcos aux Philippines, mais n'a mis que quelques jours pour bloquer les avoirs des Ben Ali dans les banques helvétiques et moins de 24 heures pour ceux de Moubarak.
Ras-le-bol jordanien
Il existe naturellement d'autres moyens de voler de l'argent public. On se demande aussi si les dirigeants des pays exportateurs de pétrole, notamment d'Algérie ou du Yémen, profitent des exportations de bruts? On ne connaît en tout cas pas leur fortune alors qu'on connaît celle des têtes couronnées, de Jordanie ou d'Arabie saoudite.
Mais ces rois et sultans du Golfe n'ont pas eu besoin de magouiller. Ils ont toujours considéré avoir un droit sur l'or noir, les impôts et autres taxes perçus dans leur royaume. Une méthode qui n'a pas encore fâché leurs sujets. Sauf en Jordanie, où les habitants, presque tous pauvres, sont fatigués de voir leur famille royale se prélasser dans le luxe. Un ras-le-bol qui pourrait d'ailleurs bien toucher d'autres pays, dont l'Arabie saoudite.
ÉGYPTE
NOM: Moubarak
PRÉNOM: Hosni
ARRIVÉE AU POUVOIR: Le 14 octobre 1981
PROFESSION: Président
DÉPENSES PARTICULIÈRES:
La famille possède plusieurs biens immobiliers luxueux à Londres. Mme Moubarak, Suzanne, qui possède la nationalité britannique, a acheté une maison estimée à près de 13 millions de francs et l’a transmise à ses fils.
TUNISIE
NOM: Ben Ali
PRÉNOM: Zine el-Abidine
ARRIVÉE AU POUVOIR: Le 7 novembre 1987
PROFESSION: Président
DÉPENSES PARTICULIÈRES:
Le clan était célèbre pour ses propriétés et ses voitures de luxe. Les Ben Ali avaient acheté une Porsche pour leur fils de 5 ans et l’épouse du président possédait plusieurs Ferrari, qui ont été brûlées par la population en colère après leur fuite.
JORDANIE
NOM: De Jordanie
PRÉNOM: Abdullah II
ARRIVÉE AU POUVOIR: Le 7 février 1999
PROFESSION: Roi
DÉPENSES PARTICULIÈRES:
La reine Rania est accusée de «corruption» par de grandes tribus jordaniennes, piliers du régime. Elle est accusée de dilapider les biens de l’Etat en donnant des fermes et des terres à ses proches. Le roi dément et couvre sa très belle épouse.
LIBYE
NOM: Kadhafi
PRÉNOM: Muammar
ARRIVÉE AU POUVOIR: Le 1er septembre 1969
PROFESSION: Guide de la grande révolution
DÉPENSES PARTICULIÈRES:
On ne lui connaît pas de palais somptueux achetés à l’étranger ou de collection d’œuvres d’art, mais il semble adorer s’entourer de jeunes femmes, à tel point que sa garde rapprochée est composée uniquement de belles soldates.
MAROC
NOM: Du Maroc
PRÉNOM: Mohammed VI
ARRIVÉE AU POUVOIR: Le 23 juillet 1999
PROFESSION: Roi
DÉPENSES PARTICULIÈRES:
Mohammed VI possède 600 voitures de collection. Il aime tellement ses véhicules qu’il n’hésite pas à les envoyer pour les faire réparer en Italie ou en Angleterre. On le voit d’ailleurs fréquemment conduire ses luxueuses voitures.
ARABIE SAOUDITE
NOM: Al Saoud
PRÉNOM: Abdallah ben Abdelaziz
ARRIVÉE AU POUVOIR: Le 1er août 2005
PROFESSION: Roi
DÉPENSES PARTICULIÈRES:
La famille possède des propriétés luxueuses dans plusieurs pays et naturellement des voitures également luxueuses, mais le roi a gardé un amour profond pour les chevaux de course, naturellement les pur-sang arabes.
ALGERIE ??????
Les clans Ben Ali et Moubarak ont fait fortune avec des méthodes utilisées dans tout le Moyen-Orient.
Laszlo Molnar - le 14 février 2011, 22h43
Le Matin (quotidien Suisse )
0 commentaires
Le monde arabe est en ébullition. Tous les gouvernements se demandent s'ils risquent d'être chassés par une population en colère, comme l'ont été les dirigeants d'Egypte et de Tunisie. La corruption, généralisée dans tout le Proche et le Moyen-Orient selon les spécialistes, était en effet au centre des revendications des manifestants du Caire, d'Alexandrie ou de Tunis. Et pour cause: le Tunisien Ben Ali et l'Egyptien Hosni Moubarak se sont approprié des sommes pharaoniques.
Les systèmes qu'ils ont utilisés étaient bien rodés, notent Amaney Jamal, professeur à l'Université de Princeton, en Californie, et Christopher Davidson, professeur à l'Université de Durham, en Angleterre. Dans ces pays, comme dans toute la région, les entreprises étrangères doivent trouver un partenaire local pour s'installer. Or, comme par hasard, dès que ses firmes émettent le souhait d'ouvrir une usine ou des bureaux, les autorités leur recommandent de s'associer avec des personnalités ou des sociétés proches du régime.
Nestlé piégé en Tunisie
Certaines de ces entreprises occidentales auraient certes préféré n'avoir pas à subir l'avidité des dirigeants. Nestlé, notamment, s'est lié à la Banque Nationale Agricole (BNA) et à la Société tunisienne des industries laitières pour éviter le clan Ben Ali. Mais un beau-fils du président a fait purement et simplement main basse sur les parts de ces deux partenaires tunisiens de Nestlé, sans consulter ou même informer la direction à Vevey. La multinationale suisse a d'ailleurs préféré garder le silence plutôt que de courir le risque de devoir fermer boutique en Tunisie, a raconté la TSR, à l'origine de cette information.
La banque des Moubarak
Les Moubarak ont été encore plus loin: Gamal, le fils du dictateur, s'est mis en cheville avec EFG-Hermes. Cette banque égyptienne était chargée dans les années 1990 à piloter les privatisations des entreprises nationalisées ou créées alors que le pays se voulait socialiste. EFG-Hermes était chargée par Gamal d'informer sur les privatisations prévues une firme d'investissements mise sur pied par ce même fils de Moubarak, la Meinvest Associates à Londres. Une information qui permettait à la famille et à ses alliés de racheter les fleurons de l'industrie égyptienne à vil prix avant que de véritables enchères soient organisées. «C'est une méthode d'enrichissement qui a été pratiquée par tous les dictateurs du Proche et du Moyen-Orient», explique Mme Jamal.
Ces modes de fonctionnement ne sont pas nouveaux. Le dictateur philippin Ferdinand Marcos ou l'Indonésien Suharto ont également abondamment profité de l'installation de firmes étrangères ou des privatisations. Mais le procédé est sérieusement menacé dorénavant. Non seulement les habitants des pays du tiers-monde sont moins dupes, grâce à l'information disponible sur Internet, mais l'Occident est sur ses gardes. Les noms d'emprunt utilisés pour ouvrir des comptes en Europe ou en Amérique du Nord passent d'ailleurs de moins en moins inaperçus. Preuve en est que la Suisse a mis un quart de siècle (de 1986 à 2009) pour restituer l'intégralité des fonds Marcos aux Philippines, mais n'a mis que quelques jours pour bloquer les avoirs des Ben Ali dans les banques helvétiques et moins de 24 heures pour ceux de Moubarak.
Ras-le-bol jordanien
Il existe naturellement d'autres moyens de voler de l'argent public. On se demande aussi si les dirigeants des pays exportateurs de pétrole, notamment d'Algérie ou du Yémen, profitent des exportations de bruts? On ne connaît en tout cas pas leur fortune alors qu'on connaît celle des têtes couronnées, de Jordanie ou d'Arabie saoudite.
Mais ces rois et sultans du Golfe n'ont pas eu besoin de magouiller. Ils ont toujours considéré avoir un droit sur l'or noir, les impôts et autres taxes perçus dans leur royaume. Une méthode qui n'a pas encore fâché leurs sujets. Sauf en Jordanie, où les habitants, presque tous pauvres, sont fatigués de voir leur famille royale se prélasser dans le luxe. Un ras-le-bol qui pourrait d'ailleurs bien toucher d'autres pays, dont l'Arabie saoudite.
ÉGYPTE
NOM: Moubarak
PRÉNOM: Hosni
ARRIVÉE AU POUVOIR: Le 14 octobre 1981
PROFESSION: Président
DÉPENSES PARTICULIÈRES:
La famille possède plusieurs biens immobiliers luxueux à Londres. Mme Moubarak, Suzanne, qui possède la nationalité britannique, a acheté une maison estimée à près de 13 millions de francs et l’a transmise à ses fils.
TUNISIE
NOM: Ben Ali
PRÉNOM: Zine el-Abidine
ARRIVÉE AU POUVOIR: Le 7 novembre 1987
PROFESSION: Président
DÉPENSES PARTICULIÈRES:
Le clan était célèbre pour ses propriétés et ses voitures de luxe. Les Ben Ali avaient acheté une Porsche pour leur fils de 5 ans et l’épouse du président possédait plusieurs Ferrari, qui ont été brûlées par la population en colère après leur fuite.
JORDANIE
NOM: De Jordanie
PRÉNOM: Abdullah II
ARRIVÉE AU POUVOIR: Le 7 février 1999
PROFESSION: Roi
DÉPENSES PARTICULIÈRES:
La reine Rania est accusée de «corruption» par de grandes tribus jordaniennes, piliers du régime. Elle est accusée de dilapider les biens de l’Etat en donnant des fermes et des terres à ses proches. Le roi dément et couvre sa très belle épouse.
LIBYE
NOM: Kadhafi
PRÉNOM: Muammar
ARRIVÉE AU POUVOIR: Le 1er septembre 1969
PROFESSION: Guide de la grande révolution
DÉPENSES PARTICULIÈRES:
On ne lui connaît pas de palais somptueux achetés à l’étranger ou de collection d’œuvres d’art, mais il semble adorer s’entourer de jeunes femmes, à tel point que sa garde rapprochée est composée uniquement de belles soldates.
MAROC
NOM: Du Maroc
PRÉNOM: Mohammed VI
ARRIVÉE AU POUVOIR: Le 23 juillet 1999
PROFESSION: Roi
DÉPENSES PARTICULIÈRES:
Mohammed VI possède 600 voitures de collection. Il aime tellement ses véhicules qu’il n’hésite pas à les envoyer pour les faire réparer en Italie ou en Angleterre. On le voit d’ailleurs fréquemment conduire ses luxueuses voitures.
ARABIE SAOUDITE
NOM: Al Saoud
PRÉNOM: Abdallah ben Abdelaziz
ARRIVÉE AU POUVOIR: Le 1er août 2005
PROFESSION: Roi
DÉPENSES PARTICULIÈRES:
La famille possède des propriétés luxueuses dans plusieurs pays et naturellement des voitures également luxueuses, mais le roi a gardé un amour profond pour les chevaux de course, naturellement les pur-sang arabes.
ALGERIE ??????
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