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Pic pétrolier : quelles propositions politiques en 2012 ?

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  • Pic pétrolier : quelles propositions politiques en 2012 ?

    A la tribune de ce colloque, organisé par le pôle écologique du Parti Socialiste à l’Assemblée Nationale, des personnalités qui travaillent et communiquent sur le pic pétrolier depuis plusieurs années. J’étais le petit nouveau parmi les têtes d’affiche que l’on ne présente plus.

    La diversité des intervenants était intéressante : journaliste, experts, ingénieurs, politiques. Chacun a joué son rôle malgré la durée très réduite des interventions (10 minutes par personne).



    Après une introduction de Michel Sourrouille et une présentation de Géraud Guibert, c’est le journaliste Matthieu Auzanneau (Oil Man) qui a pris la parole pour présenter trois scénarios concernant le pic pétrolier : Optimiste, Médian et Pessimiste.

    Cette mise au point était très utile, mais je souhaiterais apporter une précision personnelle sur le scénario optimiste. Celui-ci ne montre pas de baisse de la production avant 2050 et pour cause, la compensation du déclin se fera grâce à des gisements que nous n'avons pas encore découverts ! Je pense qu’il faut donc relativiser ces courbes rassurantes. Quoi qu’il en soit, il est important d’être transparent et de transmettre toutes les informations issues de sources crédibles, le journaliste à bien rempli son rôle !

    Pour Bernard Durand, expert en géologie et géochimie pétrolière, l’heure est plutôt au pessimisme. Non seulement la production ne pourra plus suivre, mais la distribution est en train de se modifier en profondeur. D’une part, les pays émergents (Chine et Inde principalement) importent toujours plus de pétrole pour leur développement et, d’autre part, les pays producteurs consomment de plus en plus de pétrole pour leur propre développement et diminuent considérablement les exportations.

    Par conséquent, la France doit réduire rapidement sa consommation, notamment au niveau des transports et de l’habitat, car elle dépend à plus de 98% des importations. Des solutions sont alors évoquées allant du parc de véhicules aux limitations de vitesse en passant par la réhabilitation rapide du parc de logements anciens.

    Jean-Marc Jancovici entame son intervention en demandant combien il y avait de parlementaires dans la salle. Le constat est sans appel, ils ne sont que sept et c’est bien là le problème. Comment est-il possible de penser changer les choses tant que les décideurs politiques ne s’intéresseront pas à ce problème ? Jean-Marc Jancovici aborde ensuite les ordres de grandeur, qu’ils soient énergétiques ou financiers afin de démontrer que si l’on supprime les énergies fossiles et le nucléaire, cela signifie une division par 10 du pouvoir d’achat des français. Une manière de faire passer le message que nous ne pourrons pas nous passer des deux en même temps !

    Il évoque également le problème des carburants alternatifs comme le CTL (Coal to Liquid) en précisant que les coûts d’investissement pour produire un baril/jour de CTL sont 100 fois supérieurs à ceux du pétrole brut. Ce qui remet les choses à leur place en termes de potentiel de développement. L’idée de la taxe carbone (Bien expliquée dans l’ouvrage « Le plein s’il vous plaît ! ») est donc remise sur la table avec le reproche fait aux politiques de ne pas avoir osé l’appliquer.



    Puis c’est à mon tour d’intervenir afin de faire part de mes propositions. Je comptais beaucoup sur le débat qui devait suivre (mais qui n’a pas eu lieu) pour développer mes idées, notamment sur la résilience locale. En effet, expliquer cette logique en dix minutes est loin d'être simple.


    Je n’ai qu’un seul regret concernant ma conclusion et l’interprétation qui en a été faite. En effet, j’indique qu’il existe déjà des solutions, sous entendu "pour se préparer au choc et à la crise que nous allons vivre". Or, Yves Cochet, qui a repris la parole après moi, a interprété cela comme une politique « continuiste », comme si je parlais de solutions pour continuer à vivre comme aujourd’hui. Ce qui n’est pas le cas, bien entendu.

    Il n’est plus question de politique « continuiste » mais bien d’une transition profonde et indispensable de notre société.

    Yves Cochet prend ensuite la parole pour tenir un discours fidèle au ton de son livre « Pétrole Apocalypse ». Ce discours pessimiste et anxiogène est pourtant très réaliste. Il reflète probablement les pensées de nombreuses personnes qui imaginent les conséquences de la déplétion pétrolière sur le fonctionnement de nos sociétés. Pour Yves Cochet, il n’est plus temps de faire de la petite politique, il faut limiter le nombre de morts ! Ce défi ne pourra être relevé qu’avec une organisation de type "économie de guerre", avec la mobilisation de tous les citoyens, de toutes les industries, de toute l’économie.



    Il fait également des propositions politiques, essentiellement basées sur la décentralisation du pouvoir, la relocalisation des activités essentielles (alimentation, énergie …), la mise en place de quotas et il utilise par ailleurs le terme de résilience.

    Je valide ces propositions et un peu moins la gravité du discours. Même si nous sommes d’accord sur les conséquences potentielles, je préfère les suggérer que parler de désastres et de morts, ce qui fait rarement bouger les foules. Il me semble que les citoyens sont capables de beaucoup d’imagination si le tableau est bien dressé.

    Philippe Tourtelier a mis le texte de son intervention en ligne. Beaucoup moins pessimiste, il compte beaucoup sur la technologie pour faire une bonne transition … mais en douceur. Il souligne l’effet rebond de l’efficacité énergétique et l’intérêt de faire des réglementations pour empêcher l’augmentation globale de la consommation d’énergie. Philippe Tourtelier est certainement le seul à la tribune à ne pas percevoir de choc aussi imminent et brutal.


    Ce colloque était, je l’espère, une première étape qui sera suivie d’autres évènements de sensibilisation et de réflexion. Il est important que tout le monde prenne conscience de l’ampleur de ce qui nous attend, battons le fer tant qu'il est chaud !
    The truth is incontrovertible, malice may attack it, ignorance may deride it, but in the end; there it is.” Winston Churchill
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