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Une vedette garde-côte tunisienne coule sauvagement un bateau de migrants

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  • Une vedette garde-côte tunisienne coule sauvagement un bateau de migrants

    Le MRAP condamne avec horreur l’attaque en mer par une vedette garde-côte tunisienne d’un bateau de 120 migrants de Tunisie cherchant à rallier les côtes européennes.

    Les témoignages, apportés par huit survivants de cette intervention meurtrière du 11 février dernier, puis confirmés par sept autres, font état d’un véritable fait de guerre maritime par un bateau de quarante mètres de long de la garde côtière tunisienne. Ce dernier, après avoir fait mine de vouloir se rapprocher de l’embarcation chargée de cent-vingt passagers, a finalement décidé de foncer droit dessus, le brisant en deux en pleine mer.

    Si quatre-vingt cinq personnes ont été sauvées et cinq sont officiellement mortes, il n’y a guère de doute que les trente disparus ont également perdu la vie.

    Une telle opération s’inscrit dans la logique des politiques de l’Union européenne consistant à conférer aux pays d’origine le rôle de gendarme des mouvements migratoires. Elle constitue un véritable fait de guerre et viole de façon grave et flagrante l’ensemble des conventions internationales, notamment celles relatives au sauvetage telles que la Convention internationale de 1974 pour la sauvegarde de la vie humaine en mer (SOLAS), la Convention internationale sur la recherche et le sauvetage maritimes et la Convention Internationale sur la Recherche et le Sauvetage maritime (Convention SAR, 1979), qui sont sous le contrôle de l’Organisation Maritime Internationale (OMI).

    Cette attaque marque une escalade meurtrière dans la « Guerre aux migrants » que les Etats d’origine livrent par procuration, au profit des politiques migratoires de l’Union Européenne.

    Le MRAP condamne avec horreur cette politique de la honte et interpelle les États membres de l’Union européenne afin qu’ils prennent toutes mesures nécessaires pour faire la lumière sur les faits et identifier les responsables de cette tragédie pour que soient appliquées toutes sanctions prévues dans les accords et traités internationaux.
    Des survivants accusent des gardes côtes pour le naufrage de leur bateau causant 5 morts et 30 disparus
    Huit survivants tunisiens qui avaient tenté de rallier clandestinement l’Italie le 11 février ont accusé lundi des gardes côtes tunisiens d’avoir « délibérément foncé » sur leur embarcation, faisant 5 morts et 30 personnes portées disparues dans les eaux internationales.

    « Le bateau, tout neuf était parti d’une zone touristique El-Ogla, proche de Zarzis (500 km au sud de Tunis), et transportait 120 passagers. 85 personnes ont été sauvées, 5 sont mortes, et 30 sont toujours portées disparues », a déclaré à l’AFP un de ces survivants, Ziad Ben Abdaalah, 23 ans.

    Ces déclarations ont été confirmées par 7 autres survivants qui se trouvaient à bord de ce navire après avoir versé 2.000 dinars (environ 1.000 euros) à des passeurs.

    « Il était 15H00. Il faisait beau. Nous approchions de la côte italienne après 12 heures à bord, et nous n’étions plus environ qu’à une heure de l’Italie quand un bateau de la garde nationale nous a donné l’ordre d’arrêter les moteurs. Nous avons obéi », affirme Ziad dont les propos sont appuyés par les autres survivants et par les proches des victimes, visiblement traumatisés.

    « Puis, se souvient-il, le bateau de la garde côtière, qui faisait 40 mètres de long, s’est mis en position parallèle avec le nôtre avant de reculer de 700 mètres environ. Nous pensions que le bateau rebroussait chemin, mais soudain il a foncé sur nous ». « Nous avons entendu des gardes nous dire de ’baisser les têtes’, et ensuite ils ont foncé sur nous et ont brisé en deux notre bateau ».

    Il ajoute que ses compagnons d’infortune étaient « totalement choqués par ce qui venait de se passer« , se déclarant convaincu que ces gardes côtes étaient là pour les ramener en Tunisie.

    Et puis soudain, juste après le choc, ces survivants affirment avoir vu un hélicoptère italien juste au dessus de leurs têtes avant l’arrivée d’un autre bateau des gardes côtes tunisiens dans cette zone.

    « A ce moment, les gardes côtes ont fait semblant de vouloir nous aider. Quand j’ai réussi à monter sur leur bateau, un des gardes côtes m’a dit de retourner dans l’eau pour sauver mes amis », ajoute Ziad.

    Le rescapé a dénoncé le traitement infligé aux survivants, « en les laissant trempés sur le bateau, et en ne leur donnant qu’un bout de pain »... « et même pas pour tout le monde », a renchéri un autre survivant Fares Ben Yahyaten, 21 ans, un chômeur à la recherche d’un emploi.

    Ensuite, l’armée est intervenue et a ramené ce groupe d’hommes à la base militaire de Sfax (sud), « où ils nous ont offert de la nourriture et des couvertures mais où ils ont également pris nos empreintes (digitales), des photos et nous ont posé des questions sur des gardes côtes », déclare de son côté Aziz Bousetta, 26 ans, un autre survivant.

    Au port de Zarziz, des gardes côtes ont affirmé à l’AFP que ce naufrage avait été provoqué par la vétusté du bateau, se refusant à donner d’autres commentaires.

    « Nous voulons savoir pourquoi ce bateau tunisien a cassé en deux ce bateau. Nous voulons que les coupables soient jugés car des gens sont morts et nous voulons comprendre pourquoi ils ont fait ce qu’ils ont fait », déclare pour sa part Nabil Ragdal, frère d’une victime.

    « Nous allons aller jusqu’au bout. Les responsables doivent être jugés, pour meurtres », ajoute-t-il en montrant une autorisation d’enterrement concernant son frère Lasaad, dont le corps a été retrouvé au large de Sfax.

    Lasaad, selon son frère, voulait se rendre en France pour retrouver sa femme qu’il n’a pas vue depuis 2004. « Il n’était à bord de ce bateau qu’à cause du refus répété de l’ambassade de lui délivrer un visa, il ne voulait pas rester en Italie, il voulait aller en France », regrette Nabil.

    Cette autorisation cite le président du poste frontalier de la garde nationale de Sfax, qui écrit que Lassad « est mort noyé » et annonce l’ouverture d’une enquête pour « meurtre prémédité ».

    Onze familles des victimes et des personnes portées disparues entendent déposer mardi une plainte contre les gardes côtes du bateau « Liberté 302 ».

    Ashraf Beyahia, qui vient d’enterrer son frère, a déclaré pour sa part « qu’il y avait un adolescent de 14 ans à bord du bateau » , affirmant avec les autres survivants « qu’aucun criminel ne se trouvait à bord de leur bateau ».

    15 février 2011 - MRAP
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