"Il faut vaincre la peur qui demeure encore dans la société. Il faut donner la priorité à la question sociale, développer la solidarité avec les plus démunis, lutter sur tous les fronts : l’emploi, le pouvoir d’achat, la protection sociale. Un courant rassembleur et unitaire, novateur et constructeur est né, il faut le consolider par un large consensus."
Deux cent cinquante à trois cent manifestants a dit la télévision algérienne qui a tordu les faits et occulté la réalité , lors de la marche empêchée par la mobilisation de trente mille policiers le 12 février 2011. Elle est celle du mépris des faits, de l’intoxication et de la manipulation de l’opinion. Elle ajoute à l’erreur d’analyse la contre vérité. C’est un domaine où le bluff psychologique fait partie de la règle de jeu. La télévision publique ne saurait être autre chose que la télévision des Algériens et des Algériennes, et non celle du pouvoir. Ce qui importe, c’est d’affirmer avec force, clarté et précision, sa mission de service public, haut lieu de la création audiovisuelle. Un espace de liberté ne peut exister qu’à travers la liberté d’expression, une presse libre et indépendante, une information de qualité pas celle où le mépris et le dénigrement côtoient les louanges des pouvoirs politiques et financiers de qualité. Personne ne croit les statistiques publiées par la télévision, c’est vrai, c’est grave, c’est justifié. Une société sans système statistique de qualité produit des statistiques fausses.
Le pouvoir qui redoute les convulsions politiques et sociales a multiplié les gestes brutaux d’un ordre fondé sur la force qui intimide et réprime, traumatise les marcheurs. La force est le seul nom de la politique du pouvoir qui est agressif et violent, utilise la violence inacceptable et intolérable contre les civils, pour des motifs politiques. Pour savoir si une marche mobilise beaucoup de gens, il faut laisser aux marcheurs le droit reconnu par la Constitution et les pactes internationaux sur les droits de l’homme de 1966 de se rassembler et de manifester pacifiquement. Le premier résultat de la marche a été de faire marcher trente mille policiers. La prochaine étape consistera à les faire marcher avec nous et non contre nous. Rien d’essentiel ne changera tant que durera le système politique en vigueur. Le système politique en fin de règne ne peut être que combattu de l’extérieur, et non transformé de l’intérieur. La libération du joug des tyrans et des despotes se fait par l’accélération de l’histoire, qui est un danger pour tous les dictateurs. Une étincelle pourrait à chaque instant déclencher l’incendie. Dans un pays où le président de la République s’installe à vie au pouvoir, l’espace de liberté régresse.
L’ambition donne le pouvoir qui étouffe la liberté. Le pouvoir qui prétend disposer des Algériens contre leur volonté ne gouverne pas l’Algérie, mais l’occupe. Il est convaincu de la nécessité pour régner, de jouer ses adversaires les uns contre les autres. Il décoche ses flèches à coup de tirs nourris, continus, cinglants et volontiers provocateurs sur l’opposition. La méthode est simple, il fait peur pour imposer le respect. Il n’a pas su renouveler son logiciel idéologique, a perdu le contact avec le peuple, s’est coupé d’une base populaire qui attend des réponses sociales. Il doit se regarder dans la glace. C’est parce qu’il refuse de le faire, qu’il a perdu la confiance du peuple. Il n’a pas pris en charge, de façon concrète, les problèmes vécus au quotidien par le peuple. Rien n’est plus dangereux que son maintien d’une pratique politique en discordance avec les attentes du peuple. La politique, c’est peser sur son temps, sur les décisions du pouvoir, sur la pensée politique. Un homme politique doit avoir des convictions et une légitimité, prendre du recul avant de décider, ne pas se laisser submerger par l’émotion, ni aveugler par l’intolérance. La vie politique nationale se dégrade au point de se réduire à un sommaire affrontement entre, d’une part le pouvoir personnel, et d’autre part les tenants d’un régime qui exclut la liberté.
A. Bouteflika est un Président en sursis, dans un régime politique en sursis. Il a du pouvoir qu’il utilise pour imposer son image, contrôler les médias et tenir à l’écart l’opposition. Il n’y a pas de démocratie vivante sans contre-pouvoirs, et le premier d’entre eux est l’opposition.
Les contre-pouvoirs empêchent les dérives prédatrices. La psychanalyse freudienne a exacerbé le culte narcissique du Moi. Le Président ne bénéficie pas de la légitimité populaire. Il n’a pas été élu par des élections libres et équitables pour se maintenir à la tête de l’Etat. Les élections préfabriquées mènent à la normalisation autoritaire du peuple. Le taux de participation est décidé en haut lieu selon la conjoncture du moment. Le pouvoir se substitue au peuple proclamé souverain par la Constitution. Les élections ne servent qu’à reproduire le système politique en place. La présidence est polluée par l’argent, l’argent sale qui corrompt. Pour de Gaulle : «Mon seul adversaire, celui de la France, n’a cessé d’être l’argent.» Certains clans du pouvoir englués dans les compromissions et l’affairisme sont des facteurs de corruption et des incarnations du mal. Ils ont pris toutes les richesses du pays et continuent d’agir en toute impunité.
Une crise profonde, multiforme, sévit, nourrie par les jeux d’un Président résolu à se maintenir au pouvoir, sous l’œil complice de l’Occident, aveuglé par les parcours à courte vue de la realpolitik. Les normes juridiques et les principes éthiques font partie de marchandages implicites ou explicites, au même titre que les bases militaires ou l’accession aux ressources économiques. Nos dirigeants mentent, mais le plus pénible c’est que l’Union européenne fait semblant de les croire. Le monde occidental est perçu comme l’ultime soutien des dictateurs, car il renforce le pouvoir des chefs d’Etat pour assurer la continuité des systèmes politiques et éviter leur effondrement.
L’Algérie est en crise et les Algériens et les Algériennes veulent un Président et un gouvernement de crise, pour sortir de la crise. En se retirant du pouvoir, le Président rendra un service précieux aux Algériens. Il va laisser la place au changement et à l’ouverture, même si pendant près de douze ans, il a imposé son unique et implacable volonté à tout le pays.
Il existe dans l’opinion publique une très forte volonté de changement qu’incarne la jeunesse. Le besoin de changement va avec la volonté d’agir. Pour préparer la marche du 19 février 2011, les jeunes de la capitale doivent prendre le pouls de la société pour accorder leur action et élargir la base politique.
Le peuple demeure la vigie de l’esprit et de la dignité des Algériens
Il faut témoigner d’une grande capacité d’ouverture vers les autres. Les jeunes, garçons et filles, qui sont la traduction de l’environnement politique et social de notre pays, doivent se parler entre eux, multiplier les rencontres, points de vue, débats. Ils doivent reprendre l’initiative politique, parler longuement avec les gens qui vivent en lutte à chaque instant aux réalités de la terre, de l’usine, de l’administration, de l’école, de la famille, pour se rendre compte qu’ils sont branchés sur une seule longueur d’ondes : le concret, le réel.
C’est le destin du peuple algérien qui se joue. Il faut une forte implication de la jeunesse dans la campagne déclenchée pour le changement, pour mettre fin au statu quo, qui est un danger pour le pays. Elle doit trouver en elle-même la capacité d’offrir à l’Algérie, qui est une ruche où les abeilles se laissent commander par des guêpes, le progrès scientifique et technologique, la justice et la liberté, la justice sociale et la solidarité. Le temps de la doxographie, meilleure conductrice de la volonté générale, fondée sur l’intervention de l’opinion publique dans les affaires publiques, est venu.
Deux cent cinquante à trois cent manifestants a dit la télévision algérienne qui a tordu les faits et occulté la réalité , lors de la marche empêchée par la mobilisation de trente mille policiers le 12 février 2011. Elle est celle du mépris des faits, de l’intoxication et de la manipulation de l’opinion. Elle ajoute à l’erreur d’analyse la contre vérité. C’est un domaine où le bluff psychologique fait partie de la règle de jeu. La télévision publique ne saurait être autre chose que la télévision des Algériens et des Algériennes, et non celle du pouvoir. Ce qui importe, c’est d’affirmer avec force, clarté et précision, sa mission de service public, haut lieu de la création audiovisuelle. Un espace de liberté ne peut exister qu’à travers la liberté d’expression, une presse libre et indépendante, une information de qualité pas celle où le mépris et le dénigrement côtoient les louanges des pouvoirs politiques et financiers de qualité. Personne ne croit les statistiques publiées par la télévision, c’est vrai, c’est grave, c’est justifié. Une société sans système statistique de qualité produit des statistiques fausses.
Le pouvoir qui redoute les convulsions politiques et sociales a multiplié les gestes brutaux d’un ordre fondé sur la force qui intimide et réprime, traumatise les marcheurs. La force est le seul nom de la politique du pouvoir qui est agressif et violent, utilise la violence inacceptable et intolérable contre les civils, pour des motifs politiques. Pour savoir si une marche mobilise beaucoup de gens, il faut laisser aux marcheurs le droit reconnu par la Constitution et les pactes internationaux sur les droits de l’homme de 1966 de se rassembler et de manifester pacifiquement. Le premier résultat de la marche a été de faire marcher trente mille policiers. La prochaine étape consistera à les faire marcher avec nous et non contre nous. Rien d’essentiel ne changera tant que durera le système politique en vigueur. Le système politique en fin de règne ne peut être que combattu de l’extérieur, et non transformé de l’intérieur. La libération du joug des tyrans et des despotes se fait par l’accélération de l’histoire, qui est un danger pour tous les dictateurs. Une étincelle pourrait à chaque instant déclencher l’incendie. Dans un pays où le président de la République s’installe à vie au pouvoir, l’espace de liberté régresse.
L’ambition donne le pouvoir qui étouffe la liberté. Le pouvoir qui prétend disposer des Algériens contre leur volonté ne gouverne pas l’Algérie, mais l’occupe. Il est convaincu de la nécessité pour régner, de jouer ses adversaires les uns contre les autres. Il décoche ses flèches à coup de tirs nourris, continus, cinglants et volontiers provocateurs sur l’opposition. La méthode est simple, il fait peur pour imposer le respect. Il n’a pas su renouveler son logiciel idéologique, a perdu le contact avec le peuple, s’est coupé d’une base populaire qui attend des réponses sociales. Il doit se regarder dans la glace. C’est parce qu’il refuse de le faire, qu’il a perdu la confiance du peuple. Il n’a pas pris en charge, de façon concrète, les problèmes vécus au quotidien par le peuple. Rien n’est plus dangereux que son maintien d’une pratique politique en discordance avec les attentes du peuple. La politique, c’est peser sur son temps, sur les décisions du pouvoir, sur la pensée politique. Un homme politique doit avoir des convictions et une légitimité, prendre du recul avant de décider, ne pas se laisser submerger par l’émotion, ni aveugler par l’intolérance. La vie politique nationale se dégrade au point de se réduire à un sommaire affrontement entre, d’une part le pouvoir personnel, et d’autre part les tenants d’un régime qui exclut la liberté.
A. Bouteflika est un Président en sursis, dans un régime politique en sursis. Il a du pouvoir qu’il utilise pour imposer son image, contrôler les médias et tenir à l’écart l’opposition. Il n’y a pas de démocratie vivante sans contre-pouvoirs, et le premier d’entre eux est l’opposition.
Les contre-pouvoirs empêchent les dérives prédatrices. La psychanalyse freudienne a exacerbé le culte narcissique du Moi. Le Président ne bénéficie pas de la légitimité populaire. Il n’a pas été élu par des élections libres et équitables pour se maintenir à la tête de l’Etat. Les élections préfabriquées mènent à la normalisation autoritaire du peuple. Le taux de participation est décidé en haut lieu selon la conjoncture du moment. Le pouvoir se substitue au peuple proclamé souverain par la Constitution. Les élections ne servent qu’à reproduire le système politique en place. La présidence est polluée par l’argent, l’argent sale qui corrompt. Pour de Gaulle : «Mon seul adversaire, celui de la France, n’a cessé d’être l’argent.» Certains clans du pouvoir englués dans les compromissions et l’affairisme sont des facteurs de corruption et des incarnations du mal. Ils ont pris toutes les richesses du pays et continuent d’agir en toute impunité.
Une crise profonde, multiforme, sévit, nourrie par les jeux d’un Président résolu à se maintenir au pouvoir, sous l’œil complice de l’Occident, aveuglé par les parcours à courte vue de la realpolitik. Les normes juridiques et les principes éthiques font partie de marchandages implicites ou explicites, au même titre que les bases militaires ou l’accession aux ressources économiques. Nos dirigeants mentent, mais le plus pénible c’est que l’Union européenne fait semblant de les croire. Le monde occidental est perçu comme l’ultime soutien des dictateurs, car il renforce le pouvoir des chefs d’Etat pour assurer la continuité des systèmes politiques et éviter leur effondrement.
L’Algérie est en crise et les Algériens et les Algériennes veulent un Président et un gouvernement de crise, pour sortir de la crise. En se retirant du pouvoir, le Président rendra un service précieux aux Algériens. Il va laisser la place au changement et à l’ouverture, même si pendant près de douze ans, il a imposé son unique et implacable volonté à tout le pays.
Il existe dans l’opinion publique une très forte volonté de changement qu’incarne la jeunesse. Le besoin de changement va avec la volonté d’agir. Pour préparer la marche du 19 février 2011, les jeunes de la capitale doivent prendre le pouls de la société pour accorder leur action et élargir la base politique.
Le peuple demeure la vigie de l’esprit et de la dignité des Algériens
Il faut témoigner d’une grande capacité d’ouverture vers les autres. Les jeunes, garçons et filles, qui sont la traduction de l’environnement politique et social de notre pays, doivent se parler entre eux, multiplier les rencontres, points de vue, débats. Ils doivent reprendre l’initiative politique, parler longuement avec les gens qui vivent en lutte à chaque instant aux réalités de la terre, de l’usine, de l’administration, de l’école, de la famille, pour se rendre compte qu’ils sont branchés sur une seule longueur d’ondes : le concret, le réel.
C’est le destin du peuple algérien qui se joue. Il faut une forte implication de la jeunesse dans la campagne déclenchée pour le changement, pour mettre fin au statu quo, qui est un danger pour le pays. Elle doit trouver en elle-même la capacité d’offrir à l’Algérie, qui est une ruche où les abeilles se laissent commander par des guêpes, le progrès scientifique et technologique, la justice et la liberté, la justice sociale et la solidarité. Le temps de la doxographie, meilleure conductrice de la volonté générale, fondée sur l’intervention de l’opinion publique dans les affaires publiques, est venu.
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