La Chine court comme un lièvre, mais n’est pas vraiment riche. Avec un PIB par habitant de 7500 dollars, le pays fait à peine partie du top 100 mondial.
Ça y est, la Chine est devenue cette semaine la deuxième économie du monde. Bonne année du lapin! La voici installée derrière les États-Unis. Loin derrière quand même, puisque le PIB chinois pèse moitié moins que celui des États-Unis (5880 milliards de dollars, contre 14600 milliards). Mais l’ancien «pays émergent» est passé devant le Japon. L’information, officialisée lundi par le gouvernement nippon lui-même, frappe les esprits, fascine en même temps qu’elle inquiète. Cela faisait quarante-deux ans que l’archipel occupait la place de numéro deux. Décidément, l’histoire économique s’accélère. En 2005, la Chine avait doublé la France. En 2007, elle grillait la politesse à l’Allemagne. Trois ans plus tard, elle coiffe le Japon au poteau. Voici donc le nouveau quinté gagnant : États-Unis, Chine, Japon, Allemagne et France. Il faudra s’y habituer.
La Chine impressionne par sa vitesse de déplacement. Avec une croissance supérieure à 10% l’an dernier, elle tient plus du lièvre que du lapin. Elle court vite, mais attention: elle n’est pas vraiment riche. Rapporté à sa population, son produit intérieur perd de sa superbe. Avec un PIB par habitant de 7500 dollars, la Chine fait à peine partie du top 100 mondial. Elle produit une richesse par tête proche de celle… de l’Algérie !
Un peu plus que l’Égypte (6400 dollars), un peu moins que la Tunisie (9500 dollars). La comparaison statistique entre l’empire chinois et ces pays qui, ces dernières semaines, ont pris leur destin en main peut faire sourire ou choquer. Pourtant les chiffres sont là. Les inégalités aussi. La République populaire peine à partager équitablement les fruits de la croissance. Sur place, le sujet n’est pas tabou. Le directeur adjoint de l’Institut des études sociologiques à l’Académie chinoise des sciences sociales vient d’y consacrer une étude audacieuse, qui contredit d’ailleurs la pensée dominante. Jusqu’ici, les intellectuels chinois expliquaient l’écart entre riches et pauvres par la corruption et par l’économie souterraine. Selon ce sociologue, au contraire, «les facteurs de marché» seraient la première cause de la mauvaise répartition des revenus, la deuxième étant liée à l’intervention de l’État et à la fiscalité. Plus encore que le marché noir ou gris, le système lui-même serait le premier fautif. Pour les dirigeants chinois, qui suivent avec attention les révolutions du nord de l’Afrique, il s’agit là d’un sacré défi.
Laurent Guez, directeur de la rédaction Usine Nouelle
Ça y est, la Chine est devenue cette semaine la deuxième économie du monde. Bonne année du lapin! La voici installée derrière les États-Unis. Loin derrière quand même, puisque le PIB chinois pèse moitié moins que celui des États-Unis (5880 milliards de dollars, contre 14600 milliards). Mais l’ancien «pays émergent» est passé devant le Japon. L’information, officialisée lundi par le gouvernement nippon lui-même, frappe les esprits, fascine en même temps qu’elle inquiète. Cela faisait quarante-deux ans que l’archipel occupait la place de numéro deux. Décidément, l’histoire économique s’accélère. En 2005, la Chine avait doublé la France. En 2007, elle grillait la politesse à l’Allemagne. Trois ans plus tard, elle coiffe le Japon au poteau. Voici donc le nouveau quinté gagnant : États-Unis, Chine, Japon, Allemagne et France. Il faudra s’y habituer.
La Chine impressionne par sa vitesse de déplacement. Avec une croissance supérieure à 10% l’an dernier, elle tient plus du lièvre que du lapin. Elle court vite, mais attention: elle n’est pas vraiment riche. Rapporté à sa population, son produit intérieur perd de sa superbe. Avec un PIB par habitant de 7500 dollars, la Chine fait à peine partie du top 100 mondial. Elle produit une richesse par tête proche de celle… de l’Algérie !
Un peu plus que l’Égypte (6400 dollars), un peu moins que la Tunisie (9500 dollars). La comparaison statistique entre l’empire chinois et ces pays qui, ces dernières semaines, ont pris leur destin en main peut faire sourire ou choquer. Pourtant les chiffres sont là. Les inégalités aussi. La République populaire peine à partager équitablement les fruits de la croissance. Sur place, le sujet n’est pas tabou. Le directeur adjoint de l’Institut des études sociologiques à l’Académie chinoise des sciences sociales vient d’y consacrer une étude audacieuse, qui contredit d’ailleurs la pensée dominante. Jusqu’ici, les intellectuels chinois expliquaient l’écart entre riches et pauvres par la corruption et par l’économie souterraine. Selon ce sociologue, au contraire, «les facteurs de marché» seraient la première cause de la mauvaise répartition des revenus, la deuxième étant liée à l’intervention de l’État et à la fiscalité. Plus encore que le marché noir ou gris, le système lui-même serait le premier fautif. Pour les dirigeants chinois, qui suivent avec attention les révolutions du nord de l’Afrique, il s’agit là d’un sacré défi.
Laurent Guez, directeur de la rédaction Usine Nouelle
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