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Au-dela de la morale: Gabriel Garcia Marquez

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  • Au-dela de la morale: Gabriel Garcia Marquez

    Mémoire de mes putains tristes (roman)

    «La morale aussi est une affaire de temps,
    disait-elle avec un sourire malicieux, tu verras.»


    Au lever du jour de ses 90 ans, Gabriel Garcia Marquez éprouve l’irrépressible désir de fêter son anniversaire par une ultime nuit de libertinage doublement illicite, lui qui est un habitué des maisons de filles de joie.

    Voici comme il se présente dans le roman: Inutile de le dire, car on le voit à des kilomètres: je suis laid, timide, et anachronique. Mais à force de ne pas vouloir le reconnaître, j'ai fini pas simuler tout le contraire. Jusqu'à aujourd'hui, où j'ai décidé de ma propre volonté de me livrer tel que je suis (note d'Akiles: Quelle horreurs! Mais avec de l'argent, que peut-on se refuser?), ne serait-ce que pour soulager sa conscience" (note: et ce que l'on sait aussi…) J'ai commencé par ce coup de téléphone insolite à Rosa Cabaras, parce que avec le recul je vois bien à présent qu'il a marqué le début d'une nouvelle vie, à un âge où la plupart des mortels sont morts.



    Donc, l‘année de mes quatre-vingt-dix ans, j’ai voulu m’offrir une folle nuit d’amour avec une adolescente vierge. Je me suis souvenu de Rosa Cabarcas, la patronne d’une maison close qui avait pour habitude de prévenir ses bons clients lorsqu’elle avait une nouveauté disponible. Je n’avais jamais succombé à une telle invitation ni à aucune de ses nombreuses tentations obscènes, mais elle ne croyait pas à la pureté de mes principes. La morale aussi est une affaire de temps, disait-elle avec un sourire malicieux, tu verras. Elle était un peu plus jeune que moi, et je ne savais rien d’elle depuis tant d’années qu’elle aurait pu aussi bien être morte. Pourtant, au premier allô j’ai reconnu la voix au bout du fil et j’ai déclaré sans préambule: « Aujourd’hui, oui!»

    -Ah, mon pauvre vieux, a-t-elle soupiré, tu disparais pendant vingt ans et tu ne reviens que pour demander l’impossible. Retrouvant aussitôt la maîtrise de sa profession, elle m’a fait une demi-douzaine de propositions délicieuses mais, il faut bien le dire, toutes de seconde main. Je lui ai dit non, que ce devait être une pucelle et pour le soir même. Inquiète, elle m’a demandé: Que veux-tu te prouver ? Rien, ai-je répondu, piqué au vif, je sais très bien ce que je peux et ce que je ne peux pas.

    Moi, Akiles, je disais donc qu'avec de l'argent, on ne peut rien se refuser? N'est-ce pas? Et Gabriel Garcia Marquez, même s'il déteste les régimes capitalistes, il en a de l'argent qu'il sait distribuer équitablement selon un conscience toute bienfaisante et populaire: «Je n'ai jamais couché avec une femme sans la payer, et les quelques unes qui n'étaient pas du métier, je les ai convaincues de prendre l'argent de gré ou de force, même si c'était pour le jeter à la poubelle.»

    Cela ne mérite-t-il pas que l’on s’étende un peu plus sur le sujet? Sur la culture de G. Garcia Marquez, un Prix Nobel?

    *L'extrait dont je me suis inspiré provient de LIRE Mai 2005 --Akiles
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