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L'Algérie, en manque d'opposition

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  • L'Algérie, en manque d'opposition

    LEMONDE.FR

    Après les révolutions tunisienne et égyptienne, le possible "printemps des peuples arabes" fait maintenant tourner tous les regards vers l'Algérie, qui semble elle aussi connaître un mouvement de contestation : une marche de l'opposition, samedi 12 février, a rassemblé entre 2 000 et 3 000 personnes, selon le décompte des journalistes ou des organisateurs.

    Une mobilisation que l'opposition appelle à poursuivre avec une autre marche samedi 19 février. Mais selon les spécialistes, cette opposition est un mirage : sa faiblesse et son manque de crédibilité pourraient rendre difficile un changement réel en Algérie.

    "L'ALGÉRIE MANQUE CRUELLEMENT D'UNE OPPOSITION"

    Pour Selma Belaala, chercheuse spécialiste des mouvements islamistes à l'université de Warwick (Royaume-Uni), tous les partis d'opposition sont discrédités : "L'Algérie manque cruellement d'une opposition (...). La population est sans représentant, sans organisation politique capable de reprendre à son compte un message protestataire." Surtout, la population ne peut croire en des partis qui constituent une opposition qui "s'est compromise avec le pouvoir et a terriblement vieilli", ajoute la chercheuse.

    A l'origine de la marche des 12 et 19 février, la Coordination nationale pour le changement et la démocratie (CNCD), née après les émeutes de janvier qui ont fait 5 morts et plus de 800 blessés. Cette coordination exige "le changement du système" et regroupe des organisations de la société civile, des syndicats non officiels, la ligue des droits de l'homme et un parti politique, le Rassemblement pour la culture et la démocratie (RCD).

    Or, pour Selma Belaala, le dirigeant du RCD, Saïd Sadi, "n'a plus de crédibilité car il s'est associé au pouvoir" et cela "brouille donc la crédibilité de l'opposition". Lahouari Addi, professeur de sociologie spécialisé dans le Maghreb à l'Institut d'études politiques de Lyon, estime aussi que ce parti joue un rôle ambigu : "Dans [ses] revendications, [le RDC demande] surtout le départ de Bouteflika, sans insister sur le départ du système militaire. Cette position ambiguë explique pourquoi la population ne suit pas", explique-t-il.

    UNE CONTESTATION HÉTÉROCLITE ET DIVISÉE.

    Par ailleurs, tous les partis d'opposition ne se sont pas ralliés à la CNCD. Le Front des forces socialistes n'a pas participé à la marche de samedi. "Dans le cadre d'une vie politique interdite, on ne connaît pas leur impact", estime Lahouari Addi, qui note cependant que la participation à cette marche du parti socialiste algérien – qui reconnaît, lui, les islamistes – aurait pu donner plus de force au mouvement.

    Autre incertitude concernant l'écho de la mobilisation auprès de la population : le traumatisme de dix années de violences islamiques. Après un mouvement de contestation en octobre 1988, l'Algérie a connu une courte période de démocratisation, qui a vu l'émergence des islamistes et la guerre civile. "Les Algériens ont été traumatisés, torturés. Ils savent que la politique, c'est dangereux. D'où leur timidité : ils ont peur de la répression", considère Lahouari Addi. En outre, éparpillés en "forces inorganisées", les islamistes n'ont plus de parti depuis la dissolution par le pouvoir en 1992 du Front islamique du salut (FIS), qui avait dominé les élections législatives avortées de 1991. L'absence des islamistes de la CNCD la "prive d'une base populaire", selon Lahouari Addi.

    UN NOUVEL ACTEUR : LA JEUNESSE

    En revanche, pour Mansouria Mokhefi, responsable du programme Moyen-Orient et Maghreb à l'Institut français des relations internationales (IFRI), la mobilisation peut compter sur un acteur incontestable : "La jeunesse est frustrée, désabusée, elle réclame ce qu'elle ne connaît pas." En Algérie, "où les moins de 30 ans constituent 70 % de la population", souligne la chercheuse, un jeune sur cinq est au chômage. Or, ces jeunes "ne se reconnaissent dans aucun des partis", souligne Mansouria Mokhefi, qui espère que la CNCD puisse être leur "porte-voix".

    En Algérie, plus d'un jeune sur cinq est au chômage selon l'Office national des statistiques.

    Mais contrairement à la Tunisie et à l'Egypte, cette jeunesse ne pourra pas, selon Selma Belaala, s'appuyer sur Internet et ses réseaux sociaux. "Cette contestation n'a pas de relais, la communication de masse via Internet n'existe pas en Algérie : pour avoir Internet, il faut être un nanti." Sans relais ni opposition crédible, la chercheuse estime donc que la mobilisation "est dans l'impasse".

    LE PRÉSIDENT ET L'ARMÉE

    Pour d'autres spécialistes, si la mobilisation peut difficilement être incarnée par l'opposition et soutenue par la population, le changement viendra de l'intérieur.

    Face à cette exaspération et aux soulèvements tunisien et égyptien, le président Abdelaziz Bouteflika a annoncé, jeudi 3 février, des mesures en faveur de l'emploi et des libertés publiques, avec notamment la levée "dans un très proche avenir" – mais toujours attendue – de l'état d'urgence instauré en 1992 au nom de la "lutte antiterroriste" contre les islamistes. Il a également promis un meilleur accès aux médias pour les partis d'opposition. M. Bouteflika, 73 ans, a été élu président de la République en 1999, puis réélu en 2004. Après une modification en novembre 2008 de la Constitution, qui a notamment levé la limitation du nombre de mandats présidentiels, il a été réélu en 2009 pour un troisième quinquennat, qui court jusqu'en 2014.

    Mais davantage que président, c'est l'armée qui tient les rênes du pays et qui pourrait accélérer le changement. "L'armée sent qu'il faut prendre les devants car elle comprend qu'elle risque gros", analyse Yahia Zoubir, spécialiste du Maghreb et professeur de géopolitique à l'école de management Euromed, à Marseille. Et de relater les propos que lui aurait tenus un officiel : "Quand on ne veut pas de révolution, il faut faire sa propre révolution."

    Flora Genoux
    « Ça m'est égal d'être laide ou belle. Il faut seulement que je plaise aux gens qui m'intéressent. »
    Boris Vian

  • #2
    Bonjour

    Mais davantage que président, c'est l'armée qui tient les rênes du pays et qui pourrait accélérer le changement.
    Si c'était réellement le cas, Boutef aurait sauté depuis belle lurette..........

    Certains sous estiment le pouvoir du président......
    .....

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