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Bourhane Ghalioune: "Les peuples du monde arabe se révoltent contre le joug semi-coloinial"

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    Bourhane Ghalioune: "Les peuples du monde arabe se révoltent contre le joug semi-coloinial"

    Rédaction Radionet -Samedi, 19 Février 2011 11:41




    M. Bourhane Ghalioune revient ici sur les raisons de cette colère qui pousse les peuples arabes à la révolte contre leurs gouvernants. De son avis, c’est l’avidité des élites arabes au pouvoir, alliés de puissances étrangères, la marginalisation et le mal-traitement de ces peuples sont, et restent, les détonateurs des mouvements de protestation dans le monde arabo-musulman». « Les peuples arabes souffrent parce qu’ils ne sont pas respectés par leurs dirigeants qu’ils ne choisissent pas », appuie-t-il ajoutant qu’ils refusent d’être vus comme des troupeaux de moutons. Le monde arabe constitue, explique-t-il, une aire géopolitique qui a été ma-traitée par les occidentaux qui ont peur que cette région évolue dans le sens contraire de leurs intérêts et qui a été presque contrôlée et marginalisée par les puissances occidentales. M. Ghalioune estime que les peuples arabes se révoltent parce qu’ils se rendent compte que ce n’est pas une fatalité de subir cette répression à l’infini. Ils vivent, selon lui, à l’instar des tunisiens et des égyptiens, une phase d’émancipation de la liberté et de la dignité.
    Entretien réalisé par Salah Bey


    Le monde arabe est traversé par des mouvements de protestation sans précédent, qui contre le régime qui contre les conditions de vie, à l’image de ce qui s’est passé en Tunisie et en Egypte, quelle analyse faites-vous d’emblée des deux mouvements et la différence entre les deux mouvements (s’il y a distinction) ?
    Je pense que les élites au pouvoir dans ces pays ont trop négligé les aspirations à la liberté, à la dignité et au respect de ces peuples. On est rentré dans une phase, depuis une vingtaine ou une trentaine d’années, qui donne l’autorité et le pouvoir absolu à des autocrates qui ne respectent aucune valeur et qui pensent, du moment où ils ont le pouvoir, qu’ils ont tous les droits sur les individus et sur toutes les ressources du pays. Aujourd’hui le moment est venu, je crois, d’une prise de conscience, à commencer par la Tunisie évidemment, mais aussi dans l’ensemble des territoires du monde arabe où les gens sont conscients aujourd’hui que leurs droits, leurs libertés sont violées et qu’ils ont les moyens, c’est là l’intérêt de l’exemple tunisien, de changer. Ils ont vu à la télévision une révolution évoluée, d’une façon pacifique, civique et efficace. Et même dans certains cas moins beaucoup de risques en perdant dans quatre jours plus de victimes dans les geôles des renseignements. Aujourd’hui, ils ont un modèle pour agir, pour changer les conditions dans lesquelles ils vivent et dont ils souffrent énormément. Oui, les peuples arabes souffrent parce qu’ils ne sont pas respectés par leurs dirigeants qu’ils ne choisissent pas. Ils n’ont pas le droit de les choisir, qu’ils n’ont pas le droit de s’exprimer et sont traités comme un troupeau de moutons. Maintenant, ils se révoltent parce qu’ils se rendent compte que ce n’est pas une fatalité de subir cette répression à l’infini.

    Habituellement on accuse la main de l’étranger qui est derrière des manœuvres et des manipulations, ce qui n’est pas le cas cette fois, pourtant l’occident est là, il observe et fait même des pressions. Ne voyez-vous pas une orientation de ces mouvements ?
    Ceux qui sont liés à l’étranger se sont bien les élites au pouvoir. Personne ne peux même dire le contraire. Ce sont les peuples qui n’ont aucun soutien ni à l’intérieur ni à l’extérieur. Ils sont complètement marginalisés et dominés par des services de renseignement, par les militaires, etc. Je pense que ce qu’ont essayé les américains de faire, au début de ce siècle, en Irak, avait justement, pour but d’avorter ce mouvement populaire auquel nous assistons aujourd’hui. C'est-à-dire de court-circuiter une véritable révolution démocratique dans le monde arabe. Mais ils se sont intoxiqués eux-mêmes par une idéologie qui occultait cette volonté en se disant que les peuples arabes n’en sont pas capables, ils n’ont pas les valeurs de la démocratie, de la liberté de la personne et de l’expression. Donc ils sont aujourd’hui dans une situation d’incompréhension totale. Parce que toutes ses illusions, toutes les idéologies qu’ils ont cultivées pendant plusieurs décennies tombent dans l’eau et ils voient maintenant des peuples qui sortir, manifester, revendiquer leurs droits à l’existence et à la liberté. Ces étrangers, alliés des élites au pouvoir, et sont dans l’incompréhension totale ont intérêt à ce qu’il y ait toujours dans ces pays des autocrates pour traiter plus facilement afin de préserver leurs intérêts vitaux. Ces européens et ces occidentaux qui ont une grande influence dans ces pays, ils ont peur de la prise du pouvoir par ces peuples dont ils doutent assurément la loyauté et savent que les arabes ne sont jamais pro-occidentaux. Or, les arabes sont aujourd’hui matures, ils veulent traiter avec les occidentaux comme ils traitent avec le reste du monde sur le même pied d’égalité et non comme peuples dominés ou semi colonisés et contrôlés par des élites soutenues par l’occident.
    Je pense que les occidentaux ne comprennent pas ce qui se passe mais il n’y a pas de raison pour qu’ils n’acceptent pas aujourd’hui les données fondamentales aujourd’hui que ces aspirations des peuples arabes à la liberté et à la démocratie qui va nous rapprocher, plus tard, arabes, européens et autres.

    Pour une fois la dynamique populaire, entre le Machrek et au Maghreb, converge vers le même idéal, alors qu’on qualifie le soulèvement en Tunisie de « révolution » et en Egypte on parle de « révolte » ?
    Non, on dit la « révolution égyptienne ». C’est le terme consacré même, je pense on a, tous, vu ce qui se passait à la télévision : une révolution massive, voire même radicale, en ce sens que le président a refusé de quitter rapidement le pouvoir. Je crois qu’il y a deux révolutions aujourd’hui et à mon avis il n’y en a qu’une seule révolution démocratique arabe à plusieurs foyers. Après la Tunisie et l’Egypte, aujourd’hui c’est au Yémen, aux émirats aussi il y a eu des manifestations, en Algérie, en Irak et demain, éventuellement, ça sera en Arabie Saoudite. On est bien en face d’un mouvement qui n’est pas limité à un pays. On voit bien qu’il y a une forte communication sentimentale et politique entre pays arabes pour la simple raison c’est qu’entre eux ils constituent une aire géopolitique qui a été mal traitée par les occidentaux qui ont peur que cette région évolue dans le sens contraire à leurs intérêts et a été presque contrôlée et marginalisée par les puissances occidentales. Vivant dans les mêmes conditions, les peuples de cette région réagissent donc de la même façon contre ce joug semi colonial dans lequel ils étaient obligés de vivre pendant des décennies dans un système d’oppression.

    En Tunisie la peur s’installe de nouveau et les tunisiens, de crainte que les choses se retournent contre eux fuient en masse le pays comme il est constaté. Ne craigniez-vous pas un retournement de situation ?
    Je viens d’arriver hier soir de Tunis, il n’y a pas de peur du tout, il y a de la joie de tout le monde comme en Egypte. Ce n’est pas vrai, ce sont des idées faites car ce n’est pas la peur qui pousse les tunisiens à émigrer. De toute façon les gens ne sont pas stupides parce que les tunisiens savent même qu’avec la révolution ils ne vont pas trouver de l’emploi demain et il faut attendre. Ils croient que les conditions en occident sont très favorables surtout avec moins de contrôle à cause des événements, ils ont plus de moyens de traverser les frontières. Ça n’a rien à voir avec la situation. En Tunisie tout est calme, il n’y a pas d’anarchie, pas de violence. Toutefois les manifestations continuent ça et là et donnent aux tunisiens le sentiment qu’il faut satisfaire ses revendications. Tout le monde est entrain de dire sa souffrance des dernières décennies et son espoir de voir ses revendications réalisés. C’est normal sauf que même le pouvoir actuel ne peut pas répondre à toutes ces revendications dans l’immédiat. Il faut du dialogue et beaucoup de travail pour que les gens acceptent des compromis en attendant que la situation change et que le développement démarre.

    Le peuple iranien retourne à la charge, il envahit la rue. Les iraniens expriment leurs revendications, non loin de celles des arabes, comment voyez-vous l’évolution des évènements sur la scène iranienne, sachant que ce n’est pas la première fois que le peuple iranien qui remet ça. Voyez-vous une réponse à leurs revendications ?
    C'est-à-dire les aspirations des peuples arabes à la liberté, à la démocratie et à la dignité ont été trahies par leurs élites et par les puissances occidentales au nom de la lutte contre ce qu’on a appelé le terrorisme et on les a mis donc dans cette situation. Et les aspirations du peuple iranien ont été trahies par un pouvoir clérical qui n’accepte pas la liberté et la dignité de l’individu. Là aussi, ont est dans une situation de lutte pour l’émancipation de la dignité humaine et de la liberté des individus et je pense que les iraniens, ce n’est pas la première fois, ont commencé à se battre pour récupérer leur liberté et sortir du carcan de ce pouvoir cléricale depuis longtemps et ils vont continuer. Nous sommes aujourd’hui portés par la même vague d’aspirations que j’appelle d’abord à la dignité humaine, puisque les individus traités, aujourd’hui, comme des moutons, comme le dicte leur comportement, leur idées et leur valeurs. Ce n’est plus valable et ça ne marche plus. C’est indigne et les gens se révoltent contre cette façon de gouverner et cette façon de traiter les individus. Nous sommes donc portés par cette vague de lutte pour l’émancipation et pour la dignité humaine, c'est-à-dire la liberté et l’égalité entre les individus. L’on se demande pourquoi certains dictent aux autres leur façon de penser et d’agir ? Là aussi il y a source de l’indignité qu’on impose aux gens, mais aujourd’hui nous sommes dans une phase, de cette région vraiment bloquée, pour des raisons différentes, pendant longtemps et qui est aussi entrée dans des conflits internes très difficiles et très violents. Nous vivons alors une phase d’émancipation de la dignité et de la liberté.
    S.B
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