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Les affaires de Ben Ali et de Moubarak évaluées à 45 milliards de dollars

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  • Les affaires de Ben Ali et de Moubarak évaluées à 45 milliards de dollars

    Les affaires de Ben Ali et de Moubarak évaluées à 45 milliards de dollars
    Le magot sera-t-il récupéré par les nouveaux régimes ?


    Les fonds de Ben Ali et de Moubarak ont bel et bien été détournés, cela ne fait aucun doute. Dans le meilleur des mondes, ils devraient être restitués aux peuples spoliés.

    La presse a fait des gros titres sur les pactoles cachés par Ben Ali et Moubarak tout autour de la planète, du Brésil aux pays du Golfe, en passant par la Suisse. Après deux décennies de corruption et d’activités financières illicites, Ben Ali posséderait 5 milliards de dollars et Moubarak entre 30 et 40 milliards, après trois décennies de rapines sous couvert de libéralisation économique, alors qu’en Égypte, 40% de la population vivrait avec moins de trois dollars par jour ! La moitié de ces montants seraient localisés à l’étranger : comptes bancaires en Suisse, au Royaume-Uni, à Dubaï ; propriétés immobilières en Europe ou encore aux États-Unis…
    Les capitales occidentales, longtemps si complaisantes avec ces deux dictateurs, affirment qu’elles mèneront des actions très fermes afin d’empêcher la fuite des avoirs déposés chez elles et qu’elles auraient gelés. L’UE a assuré qu’elle se tenait à la disposition de la justice tunisienne et égyptienne.
    Seulement voilà, il faut d’abord retrouver la trace de l’argent détourné et placé dans un dédale de sociétés offshore et autres combines inventées par la financiarisation de l’économie mondiale. Des pays africains ont vite abandonné et déchanté, car l’opération est trop chère et trop longue. Les fortunes de Bokassa et autres tyrans africains destitués ne sont pas retournées dans les pays qui les ont réclamées.
    La seule solution serait que le Conseil de sécurité adopte une résolution qui oblige la restitution des biens mal acquis par des présidents kleptomanes et qui ordonne aux pays réceptacles de ces fortunes de livrer la liste de leurs avoirs et dépôts.
    Ce qui n’est pas évident, même si Washington frappe sur la table. La Convention des Nations unies contre la corruption, adoptée en 2004 et signée par 140 États environ, dont, ironie de l’histoire, l’Égypte de Moubarak et la Tunisie de Ben Ali, stipule bien que les États doivent coopérer pour restituer les avoirs détournés par des dirigeants corrompus, mais, à ce jour, on ne connaît pas d’exemple de restitution.
    Et, de ce point de vue, les annonces de Londres, de Genève et de Paris seraient plutôt à prendre pour ce qu’elles sont, des promesses et des gages pour des populations qui ont fait tomber leur dictature. Et puis, il n’est pas encore dit que les nouvelles autorités de ces pays souhaitent organiser le procès des tyrans déchus.
    En France, ce sont les associations Sherpa et Transparency International qui ont déposé plainte devant la justice afin qu’elle se saisisse du dossier Ben Ali et puisse décider le gel des avoirs détournés et, ultérieurement, leur restitution.
    Le Conseil suprême des forces armées, l’institution qui a remplacé Moubarak, n’a pas publiquement indiqué qu'il souhaite s'emparer du dossier des biens du président déchu, pourtant largement commenté par la population et la presse. L’armée, dont Moubarak est un des siens pour en avoir été le chef, n'a pas demandé pour le moment le gel de ses avoirs à l'étranger.
    Par contre, selon des sources judiciaires citées par la presse locale, le procureur général du Caire aurait en revanche été saisi d'une demande de gel des comptes bancaires de Moubarak en Égypte. Reste que les militaires ne font pas preuve de la même mansuétude envers les hommes d'affaires qui avaient pris, ces dernières années, une place de plus en plus importante au sein du Parti national démocratique (PND) au pouvoir et du gouvernement.
    Les interdictions de sortie du territoire et les gels de comptes bancaires se sont multipliés ces derniers jours, alors que les rumeurs d'évasion de capitaux se multiplient.
    La justice a ainsi ouvert des enquêtes pour corruption et dilapidation de fonds publics à l'encontre de quatre anciens ministres (Commerce extérieur, Tourisme, Logement et Intérieur). Des sources aéroportuaires ont annoncé que 43 autres ministres ne peuvent plus quitter le pays sans autorisation. Concernant l’Égypte, c’est la Suisse qui a pris l’initiative, le jour de la chute de Moubarak, de geler ses avoirs domiciliés dans la Confédération.
    La Confédération est en avance sur ce sujet, car elle a voté une loi fédérale en ce sens, entrée en vigueur le 1er février, après la chute de Ben Ali et au pic de la révolution égyptienne. Il faut croire que depuis, le monde est en train de franchir une étape dans la lutte contre l’argent mal acquis. L’échange d’informations progresse et il devient de plus en plus risqué pour les banques d’autoriser des transactions portant sur des avoirs illicites. Avis aux dictatures encore en exercice.
    Elles savent que personne ne les pleurera lorsqu’elles tomberont. Le magot mis de côté par Ben Ali et Moubarak nous renseigne un peu plus sur la psychologie des tyrans. Les dictateurs ne quittent pas le pouvoir de leur simple fait, à cause de l’ivresse du pouvoir, et on ne peut occulter des raisons plus prosaïques pour se maintenir au pouvoir… l’argent pour soi et sa famille.
    Liberté
    Mieux vaut un cauchemar qui finit qu’un rêve inaccessible qui ne finit pas…
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